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OM-PSG face au Ballon d’or : le terrain d’abord
Les conditions climatiques ont poussé la Ligue à reporter le Classique entre l’OM et le PSG à lundi soir, à 20 heures, en même temps que la cérémonie du Ballon d’or. Et alors ?

La nuit est tombée ce dimanche sans la perspective de vivre une soirée enflammée au fond du canapé (avec tout notre respect pour Le Prestige, Casino Royale ou Barça-Getafe), mais avec la promesse de connaître un lundi inédit. Le premier jour de la semaine est souvent le plus calme en matière de foot, celui qui permet de souffler ou de se faire un ciné, ce ne sera pas le cas de ce 22 septembre. La météo dans les Bouches-du-Rhône a eu raison du Classique OM-PSG, qui se jouera donc en même temps que la cérémonie du Ballon d’or (coup d’envoi à 20 heures pour l’un et à 19h30 pour l’autre), où Ousmane Dembélé et d’autres Parisiens pourraient être sacrés après leur saison 2024-2025 mémorable.
La Ligue a suivi l’article 548 de son règlement, qui pose que si « le match n’a pas pu débuter en raison d’intempéries, il est remis, ou lorsqu’il a été définitivement interrompu, il reprend à compter de la minute à laquelle il a été interrompu, le lendemain (hors conditions extrêmes), à un horaire fixé par les services de la LFP ». Un camp est content, l’autre moins, et un dilemme qui n’en est pas un se présente : une distinction individuelle, aussi suprême et spéciale soit-elle, devait-elle prendre le dessus sur un match de foot ? La question ne devrait même pas se poser.
L’essence du foot
Le Ballon d’or s’est imposé, par la force des choses et de ce qu’il est devenu depuis sa création par France Football en 1956, comme un moment marquant d’une saison, encore plus peut-être depuis qu’il n’appartient plus seulement à Lionel Messi et Cristiano Ronaldo (13 sacres à eux deux entre 2008 et 2020). Il suffit d’écouter les joueurs en parler comme d’un rêve de gosse inatteignable, d’un « Graal » pour reprendre les mots de Dembélé dans Le Monde récemment, quelque chose qui serait parfois plus fort qu’une Coupe du monde ou une Ligue des champions, parce qu’il n’appartient littéralement qu’à soi. Il suffit de voir les médias en parler à longueur d’année (So Foot compris, parfois), en octobre comme en mars, comme si l’intérêt d’un match résidait parfois dans la conséquence qu’il pourrait avoir dans la course au Ballon d’or, qui ne devrait pas passionner autant dans un monde qui tourne ballon rond.
Le Classique @OM_Officiel - @PSG_inside reporté au lundi 22 septembre à 20h00. En raison des fortes intempéries prévues sur la région marseillaise, la rencontre Olympique de Marseille-Paris Saint-Germain, comptant pour la 5e journée de @Ligue1 et prévue ce soir, a été reportée…
— Ligue de Football Professionnel (@LFPfr) September 21, 2025
La base de ce sport et ce qui l’anime, c’est bien le jeu. Ce sont les matchs, les gestes, les renversements, les erreurs et tout ce qui peut se raconter pendant un peu plus de 90 minutes sur un rectangle vert. Jusqu’à preuve du contraire, un petit ou un grand n’est jamais soudainement tombé dans la marmite du foot en assistant à la remise d’un Ballon d’or, comme personne ne se met à aimer le cinéma en somnolant pendant trois heures devant les Césars. Il y a quelque chose de triste à se dire qu’un OM-PSG – un Classique né d’une rivalité montée de toutes pièces, mais une affiche incontournable quand même – devrait revêtir moins d’importance que la remise d’un trophée individuel, même à un Français, même à un joueur qu’on a adoré voir grandir, sous prétexte que le monde entier aura les yeux rivés sur le résultat final. Ce même monde entier qui n’avait sans doute pas prévu de passer son dimanche soir devant la Ligue 1, ce qui n’est au fond pas un si grand drame.
Le foot français a d’autres problèmes à régler
Quand le plus grand problème du football français sera d’avoir programmé son grand match le soir du Ballon d’or, ce sera plutôt une bonne nouvelle. La Ligue s’est peut-être tiré une balle dans le pied en faisant le choix de cette programmation, pour une affiche placée dès la cinquième journée pour continuer d’attirer le chaland sur Ligue 1+, quelques semaines après le lancement de la plateforme de la dernière chance. Elle a aussi, en quelque sorte, placé son produit au-dessus du reste : ce championnat qui doit redevenir le feuilleton le plus suivi de l’Hexagone n’est pas moins important que le Ballon d’or. Un OM-PSG aurait-il changé la face des droits internationaux ? Les Allemands, les Espagnols, les Italiens et tous les autres pays pleurent-ils vraiment cette décision ce dimanche soir ? Conquérir les marchés étrangers, un besoin évident pour les caisses, n’est pas la priorité : comment vendre un championnat qui n’intéresse pas autant qu’on le souhaiterait dans son propre pays ?
Il serait absurde de placer cette affaire comme le scandale de notre foot, à une heure où des clubs disparaissent et d’autres comptent leurs sous après avoir vu les dirigeants de nos instances et les présidents faire n’importe quoi, en oubliant l’intérêt général au profit de leurs petits nombrils. Il est plus urgent de retrouver un système vertueux et un championnat compétitif, de s’inquiéter de l’expansion grandissante de la multipropriété ou de se demander pourquoi la France est toujours incapable d’organiser le déplacement d’un millier de supporters de Rennes à Nantes. Repousser ce Marseille-PSG à une soirée d’hiver pour l’éloigner de la cérémonie du Ballon d’or n’aurait rien changé à tout cela. Rien du tout. Les tiraillés pourront toujours opter pour le double écran, lundi soir, quand Dembélé, Désiré Doué ou encore João Neves, tous blessés, pourront fièrement représenter la délégation parisienne pendant que leurs copains feront ce qu’ils préfèrent, au Vélodrome : jouer un match de foot.
Le match OM-PSG reporté à lundi en même temps que le Ballon d’orPar Clément Gavard