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Salah à Liverpool : le poids du Mo

Par Victor Marie
4 minutes

Pas titulaire lors des trois derniers matchs de Liverpool et resté sur le banc lors du nul contre Leeds ce week-end, Mohamed Salah a vidé son sac devant la presse. Est-ce que l’on reverra le Pharaon sous le maillot red ? Il a en tout cas été écarté du groupe pour le choc face à l’Inter, comme si une fin de règne avait débuté.

Salah à Liverpool : le poids du Mo

Se mettre à dos son board, son coach, ses supporters et les médias de son championnat en une conférence de presse : à défaut de briller sur les prés cette saison, Mohamed Salah aura au moins réussi un exploit médiatique d’envergure. Une performance d’autant plus remarquable que l’homme aux 473 matchs, 282 buts et 130 passes décisives pour Liverpool n’a pas seulement quasi acté un point de non-retour avec Arne Slot (pourtant magnanime avec son joueur jusque-là) en une prise de parole : il a pris le risque de salement ternir son image d’idole auprès des amoureux des Reds, façonnée pendant près de 10 ans à grands coups de faits d’armes légendaires.

S’il était clair pour sa fanbase que les prestations de « Mo », depuis le début de la saison, étaient mauvaises, elle pouvait jusqu’à ce week-end se raccrocher au souvenir finalement pas si lointain du Super Salah 2024-2025 (37 buts et 24 passes dé TCC). Une comparaison qui fait mal avec la saison actuelle du joueur, qui ne facture que 5 buts en 18 matchs toutes compétitions confondues, mais qui se montre surtout indigent dans le jeu de son équipe. Les supporters les plus complaisants pouvaient fermer les yeux sur sa mauvaise passe, en valorisant plutôt l’héritage globalement exceptionnel de l’Égyptien du côté de la Mersey depuis son arrivée en 2017.

Le reste de l’Angleterre contre Salah

Malheureusement pour le Pharaon, c’est précisément cet « héritage » qu’il « est en train de détruire » selon Wayne Rooney, qui ne l’a pas épargné dans son dernier podcast. Même s’il est peut-être radical, l’ancien Mancunien n’est pas en tort sur le fond du propos : le désormais tristement fameux « je n’ai pas à aller me battre tous les jours pour mon statut, je l’ai mérité » de Salah ne pouvait que très mal passer auprès des fans de Liverpool, qui sont maintenant en droit d’interroger le rapport douteux du joueur à ses accomplissements passés. Ex-joueur majeur des Reds, Danny Murphy est allé dans le sens du meilleur buteur de l’histoire de Manchester United sur la BBC : « Tout le monde doit continuer à se battre pour sa place et maintenir un certain niveau », pose celui qui, s’il comprend la tristesse de Salah, déplore la manière dont il a géré sa frustration.

De leur côté, les médias anglophones traditionnels se sont montrés encore plus durs (mais justes ?) envers un homme « égoïste et irrespectueux », coupable d’avoir déclenché « une guerre civile » à Liverpool, qui n’avait pourtant pas besoin de ça pour vivre une saison galère (The Athletic). Autre aspect fustigé de la déclaration de l’ailier droit : le prétendu « manque de respect » du club à son égard. Là encore, la pilule n’est pas passée pour le Telegraph, qui a ironisé sur ce soi-disant manque de considération en allant sur le terrain pécuniaire : « Il s’agit d’un club qui a renouvelé son contrat cette année avec un salaire largement supérieur à celui qu’il avait jamais versé à aucun autre joueur. »

Des légendes comme Kenny, Rush et d’autres encore ne se seraient jamais comportées de cette manière.

Jamie Carragher

Le Time, lui, a vu dans les propos de Salah « une décision calculée de l’Égyptien de saper l’autorité d’Arne Slot en pleine crise », et encourage le board de Liverpool à sauter sur l’occasion de ce scandale pour le vendre, rappelant « son efficacité déclinante devant le but ». Enfin, le Liverpool Echo est allé jusqu’à prédire une fin de mandat anticipée de la légende égyptienne à la suite de cette prise de parole coupable : « Il se peut qu’il ait déjà disputé son dernier match avec Liverpool. »

Par ici la sortie ?

Voir un joueur aussi légendaire que Mohamed Salah ne l’a été avec Liverpool observer l’opinion majoritaire se retourner aussi rapidement et violemment contre lui est peu commun. Certes, la saison de trop est un grand classique en foot et dans le sport. Les exemples de joueurs pourtant majeurs dans cette situation, pas plus loin que chez les Reds, sont légion : Fabinho, Pepe Reina, voire le grand Steven Gerrard, dans une certaine mesure, étaient tous partis après un dernier exercice loin de leur lustre d’antan, mais sans rancune de la part des supporters.

Se faisant, personne à Liverpool n’aurait légitimement pu à ce point et aussi vite clouer l’Égyptien au pilori… sans sa désastreuse sortie médiatique. Jamie Carragher est une autre ancienne gloire du club loin d’être partie à son meilleur niveau. Ironiquement, c’est peut-être le consultant star de CBS qui, en une phrase parmi d’autres critiques, a eu les mots les plus impitoyables contre le Pharaon : « Des légendes comme Kenny, Rush et d’autres encore ne se seraient jamais comportées de cette manière. » Mardi soir, il ne sera pas sur le terrain ni dans le groupe, dont il a été écarté, pour le choc contre l’Inter en Ligue des champions, à quelques jours de rejoindre sa sélection pour la CAN. Ce n’est pas ainsi que l’on imagine la fin d’une idole à Liverpool.

Mohamed Salah ne sera pas dans le groupe de Liverpool en Ligue des champions

Par Victor Marie

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