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Amir Abdou, le faiseur de miracles

Par Tristan Pubert

Après les Comores, c’est avec la Mauritanie qu’Amir Abdou est parvenu à réaliser un exploit historique, avec une première qualification en huitièmes de finale. Mais quel est son secret ? 

Amir Abdou, le faiseur de miracles

Il y a ceux qui parlent, ceux qui agissent et ceux qui font les deux, comme Amir Abdou. « Demandez à Djamel Belmadi », c’est une punchline devenue iconique que le tacticien franco-comorien avait lâchée avant le décisif Mauritanie-Algérie. « En disant ça, il a été très bon. Il a réussi à inverser la pression en la faisant passer du côté algérien », explique Salim Ben Boina, qui connaît bien le personnage, puisqu’il a été son sélectionneur aux Comores pendant plus de sept ans. La suite, on la connaît : une victoire inattendue de la Mauritanie – la première de son histoire à la CAN – synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. Une surprise ? Pas vraiment, selon Youssouf M’Changama. « Amir et ses joueurs n’avaient pas de pression, ils avaient tout à gagner et rien à perdre », souligne son ancien trequartista comorien. Un exploit retentissant, mais le bourreau de Belmadi n’en est pas à son coup d’essai.

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Des Comores à la Mauritanie, un air de déjà-vu

Amir Abdou avait déjà réalisé pareil exploit deux ans plus tôt, avec son pays, les Comores. « C’est un véritable bosseur qui est parvenu à professionnaliser notre sélection », explique M’Changama. International comorien depuis 2010, l’actuel milieu de terrain de Troyes a donc connu l’avant et l’après-Abdou. « Humainement, c’est quelqu’un de zen. Quand il est arrivé, il venait du monde amateur, mais il a réussi à séduire et à faire adhérer l’ensemble des joueurs à ses idées, alors que certains évoluaient dans des top clubs, comme Abdallah (Marseille) ou Alhadhur (Nantes). Il a réussi à avoir le beau discours pour convaincre tout le monde et créer une émulation », argumente l’homme aux 57 capes.

La pression n’était pas sur nos épaules. On avait notre première victoire à aller chercher à la CAN, on n’avait plus rien à perdre et tout à gagner, il nous a motivés comme ça.

Salim Ben Boina

Un travail de longue haleine ponctué par de nombreuses péripéties, notamment ce déplacement au Lesotho lors des qualifications à la Coupe du monde 2018. « C’était complètement dingue. On part de l’Afrique du Sud pour rejoindre le Lesotho en bus, on traverse la brousse, on ne sait même plus où on est. On demande au chauffeur, et lui-même ne savait pas. Il y avait de la terre qui rentrait dans le bus, se marre M’Changama. Amir, malgré le contexte, a tout fait pour qu’on reste concentrés. » Des moments qui ont soudé et forgé tout un groupe. « Ces péripéties nous ont tous marqués et nous ont véritablement soudés. Ce qui était fou, c’est qu’au retour, nous avons pris l’autoroute », ironise Salim Ben Boina. L’actuel portier d’Épinal (National 1) est arrivé en sélection en même temps qu’Amir Abdou et assure que « son travail s’est perfectionné avec le temps, jusqu’à atteindre les huitièmes de finale de la CAN. En sept ans à la tête de la sélection, c’est remarquable. »

L’aventure camerounaise débute pourtant de manière délicate avec deux défaites lors des deux premiers matchs, contre le Gabon (1-0) et le Maroc (2-0). Un scénario qui rappelle celui de la Mauritanie cette année, d’ailleurs. À chaque fois, il fallait une victoire, un miracle même, pour s’en sortir. Avec les Comores, c’était face au Ghana ; avec la Mauritanie, c’était contre l’Algérie. Ben Boina : « La pression n’était pas sur nos épaules. On avait notre première victoire à aller chercher à la CAN, on n’avait plus rien à perdre et tout à gagner, il nous a motivés comme ça. » Résultat : deux succès et deux qualifications portant le sceau d’Abdou.

Parce qu’il vient de loin

Un faiseur de miracles, mais surtout « un bosseur acharné », insiste Youssouf M’Changama. Une force de travail qui s’explique par son parcours. À la différence de nombreux sélectionneurs, l’ancien attaquant a débuté en bas, au niveau amateur. C’est après une blessure aux ligaments qu’Abdou décide de lâcher sa paire de crampons pour le tableau tactique et les Velleda. Une première aventure au SU Agen (CFA2), puis à l’Entente Golfech-Saint-Paul-d’Espis, pensionnaire de DH (l’ancêtre de Régional 1), avec lequel il parvient notamment à éliminer le Luzenac de Christophe Pélissier en Coupe de France.

Dans son bureau, il y a des papiers partout, sur le plafond, les murs, la porte. Il note tout sur l’adversaire, franchement, je n’ai jamais vu ça.

Youssouf M’Changama

C’est en janvier 2014 qu’il devient le sélectionneur des Comores. Très vite, le technicien parvient à convaincre tout le monde, malgré un maigre CV. « Quand il débarque, on avait énormément de carences défensives. Il s’est énormément focalisé sur ce problème. On bossait sur de la transition rapide et la rigueur défensive. Et puis peu à peu, on a gommé nos défauts défensifs, ce qui nous a permis de développer plus de jeu et l’aspect offensif », explique Ben Boina. Pour le portier comorien, cette force vient du chemin emprunté : « C’est un entraîneur déterminé qui vient du monde amateur. Il part de plus loin que les autres et il a envie de se faire un nom. Il est aussi entouré par de grands professionnels. »

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Outre le côté meneur d’hommes, Amir Abdou est surtout un véritable tacticien – « plus Mourinho que Guardiola », précise Ben Boina – qui connaît chaque adversaire sur le bout des doigts. Son bureau en est apparemment une belle illustration. « Il y a des papiers partout, sur le plafond, les murs, la porte, se rappelle M’Changama. Il note tout sur l’adversaire, franchement, je n’ai jamais vu ça. Sa grande force, c’est sa détermination et aussi qu’il sait s’entourer. Il a eu plusieurs adjoints, mais il s’adaptait et on continuait à bien travailler. » Il a fallu gagner une légitimité au fil du temps et des performances, précise l’ancien Guingampais : « Au départ, il n’avait pas beaucoup d’expérience, donc il était aussi dans une posture d’observateur. Mais plus on s’est imposés, plus il s’est affirmé lui aussi. Peu à peu, Amir a imposé ses idées. Il croit en ses idées et fait tout pour les mettre en place. » À 51 ans, l’enfant de Marseille s’est fait un nom, au moins sur le continent africain, et peut continuer de rêver en grand dans cette Coupe d’Afrique des nations. Salim Ben Boina a déjà imaginé le programme idéal pour son ancien coach : « Il remporte la CAN avec la Mauritanie et ensuite, il prend les commandes de l’OM ! »

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Par Tristan Pubert

Propos de Ben Boina et de M'Changama recueillis par TP.

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