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Harry Maguire, ou la revanche du vilain d’Old Trafford
Il était le bouc émissaire, celui qu’on conspuait à chaque erreur. Mais dans le marasme que traverse Manchester United, Harry Maguire endosse un autre rôle : celui de la bouée, en atteste son but contre Liverpool le week-end dernier. Tout ce qu’il faut pour prouver qu’après une chute peut se trouver un tremplin.
Quand Harry Maguire débarque à Manchester United le 5 août 2019, les projecteurs brillent presque autant que le chèque. 87 millions d’euros, un record absolu pour un défenseur. Dans les bureaux des Red Devils, on imagine un nouveau Vidić, un futur capitaine modèle, un pilier pour dix ans. Mais très vite, la réalité s’installe : l’Anglais traîne des pieds et le club aussi. En janvier 2020, il reçoit le brassard de capitaine après le départ d’Ashley Young. Le costume est trop large, la lumière trop forte, et très vite, les erreurs s’enchaînent, en même temps que les moqueries. Les chants « Harry, your defence is terrifying » (Harry ta défense est terrifiante, en VF) résonnent autant que ses tacles manqués.
Dans le numéro 202 de So Foot, son cas était déjà abordé : Maguire, c’est le mec qui porte le poids de tout un club, des ratés d’Ole Gunnar Solskjær à l’impuissance d’Erik ten Hag, sans avoir demandé à devenir un symbole. Quand Bruno Fernandes récupère le brassard à l’été 2023, Maguire avouera à travers une interview avec Rio Ferdinand publié en août dernier à quel point il avait été touché. « Erik ten Hag a décidé de changer de capitaine parce que je ne jouais pas. Je ne me sentais tout simplement pas aussi important pour le club que quand je jouais sous Ole Gunnar Solskjear », a-t-il confié.
Le boulet devenu bouée
Et puis, il s’est passé quelque chose. Pas un déclic, mais une lente obstination. Maguire a continué à bosser, à encaisser, à s’excuser de ne pas être Virgil van Dijk. Ses têtes, elles, ont commencé à peser. En juin 2020, l’Anglais qualifie United en demi-finales de FA Cup face à Norwich. En 2024, il arrache le match nul à Porto en Ligue Europa. Cette année, il est le bouquet final de la remontada des Red Devils contre Lyon et il s’est mué en bourreau d’Anfield le week-end dernier. L’ironie est totale, l’homme moqué pour ses bourdes devient celui qui rapporte les points. À chaque fois, la même image : le grand malabar qui monte, ferme les yeux et délivre un club qui s’écroule.
MAIS QU'EST-CE QU'IL VIENT DE SE PASSER ?? 😱😱 L'OL menait 4-2 en prolongations et Manchester United vient de remonter et mène maintenant 5-4 🤯#MUFCOL | #UEL pic.twitter.com/vIsHb5fsBi
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) April 17, 2025
Sous Rúben Amorim arrivé fin 2024, ce rôle devient une fonction. L’entraîneur portugais, fidèle à son système à trois défenseurs centraux, lui redonne de l’air et de la confiance. « Maguire a été vraiment important pour nous aujourd’hui. Il est un excellent exemple, notamment pour les enfants avec tout ce qu’il a traversé », lâchait Rúben Amorim après la victoire face à Liverpool (1-2). En janvier dernier, le club a prolongé son contrat d’une année, un geste presque sentimental aux yeux de Maguire.
Tout ce que j’ai entendu, c’est que je fais partie de l’avenir de Manchester United.
Après des saisons où tout semblait lui glisser entre les doigts, Maguire semble avoir trouvé un nouveau souffle. On ne parle plus seulement de ses erreurs, mais de sa capacité à rester debout quand tout vacille autour de lui. « Tout ce que j’ai entendu, c’est que je fais partie de l’avenir de Manchester United », affirmait-il à Sky Sports juste avant le renouvellement de son bail. Dans un club en reconstruction, ses têtes tardives et ses interventions décisives deviennent un symbole : lui l’ogre moqué rappelle qu’on peut toujours se relever.
Le pilier retrouvé
Désormais, Harry Maguire n’est plus seulement un défenseur, il est devenu un point de repère dans un vestiaire souvent instable et un club encore malade (9e de Premier League). Il ne porte plus le poids du brassard, mais sa présence impose un cadre, rassure ses partenaires et structure la défense à trois lorsqu’il joue. Les responsabilités qu’il a assumées par nécessité lui donnent un nouveau rôle de leader silencieux. Le vilain n’a pas changé : sa tête est toujours cubique, son corps un peu raide et ses interventions parfois maladroites. Mais il a trouvé sa mission : marquer quand il le faut, tenir quand il le faut, rappeler que les héros peuvent surgir là où on ne les attend pas. Les mauvaises langues diront qu’il est peut-être seulement à son niveau dans un effectif moyen. Mais dans un club qui a souvent cru devoir chercher des héros, le vilain est finalement celui qui fait tenir une baraque fragilisée.
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