L’OL s’est cru éliminé, puis qualifié, puis de nouveau éliminé ce jeudi soir à Old Trafford (5-4, AP). Alors qu’ils ont été menés de deux buts, puis après avoir eu deux longueurs d’avance dans la prolongation, les Gones ont craqué trois fois en toute fin de partie et disent adieu à leur rêve de Ligue Europa.
Manchester United 5-4 (AP) OL
Buts : Ugarte (10e), Dalot (45e+1), Fernandes (114e, SP), Mainoo (120e) et Maguire (120e+1) pour les Red Devils // Tolisso (71e) et Tagliafico (78e), Cherki (105e) et Lacazette (108e, SP) pour les Gones.
Expulsion : Tolisso (89e) chez les Lyonnais.
«Le rêve impossible devenu possible.» Voilà le message qui trône en grand entre les tribunes supérieure et inférieure de la Sir Alex Ferguson Stand. Ce jeudi soir à Old Trafford, Manchester United a peut-être bien réalisé l’impossible : éliminer l’Olympique lyonnais alors qu’il était encore mené de deux buts à la 114e minute de jeu. Ce sont pourtant les Lyonnais qui semblaient avoir pris le rôle du bourreau revenu des enfers, alors qu’ils ont passé plus d’une heure à être menés de deux buts, avant d’égaliser et de prendre le large dans la prolongation, malgré l’expulsion de Corentin Tolisso. Au terme d’un match aux rebondissements fantastiques, et crucifiés par un coup de tête de Harry Maguire, les Gones sont bien ceux qui pleurent ce soir.
Douche écossaise en Angleterre
Ce que le tiers du parcage lyonnais, déboulé à la demi-heure de jeu (on ne conseille pas de faire le déplacement le jour même, notamment en empruntant une compagnie bien connue de l’aéroport de Beauvais), n’a pas vu, c’est l’ouverture du score rapide des Red Devils. Régulièrement prise dans son dos lors de la première période, la défense lyonnaise a laissé un boulevard à Bruno Fernandes côté droit, qui n’en demandait pas plus pour centrer en retrait vers Alejandro Garnacho. D’un joli contrôle orienté, l’Argentin fan de CR7 a effacé Jordan Veretout et Moussa Niakhaté, avant de donner vers l’arrière à son tour où Manuel Ugarte, lâché par Thiago Almada, n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filets (1-0, 10e). La fumée de l’animation pyrotechnique d’avant-match était encore un peu suspendue dans l’air mancunien que les locaux allumaient la mèche.
Le scénario est catastrophique pour les hommes de Paulo Fonseca, bouleversés par cette ouverture du score, à l’image de la perte de balle inhabituelle de Corentin Tolisso, qui aurait pu être fatale si Lucas Perri ne s’était pas montré décisif devant Casemiro. Capitaine ce jeudi soir, l’ancien du Bayern a eu du mal à rentrer dans sa partie. Tout comme Rayan Cherki, raillé par les travées pour une tentative de dribble bien ratée. Ces moqueries ont peut-être remobilisé le Gone, qui s’est réveillé en faisant tourner en bourrique Patrick Dorgu, avant de feinter la défense et de se présenter dans la surface, puis de voir sa frappe du gauche être repoussée par Andre Onana (32e). Un numéro magnifique auquel Bruno Fernandes a rapidement répondu d’une reprise acrobatique sur la barre (35e).
Prolonger le plaisir
Les Red Devils n’ont pas eu de mal à défendre, ni à créer du danger. En profitant de son avantage physique sur Nicolás Tagliafico, Diogo Dalot a pu doubler la mise d’une frappe croisée du droit, juste avant la pause (2-0, 45e+1). Onana a pu chambrer le parcage lyonnais une deuxième fois, alors qu’Almada et Tagliafico, les meilleurs Lyonnais lors de ce premier acte, ont tous les deux été impliqués sur les buts mancuniens. Dès le retour des vestiaires, Jordan Veretout aurait lui aussi pu être responsable d’un but, en ratant une remise et en déclenchant un contre éclair que Garnacho, seul, aurait dû conclure, même si l’arrêt de Perri est beau (50e). Aussi beau que celui d’Onana devant une frappe soudaine de Tolisso (54e). Pas dans un grand soir, c’est pourtant bien lui qui a redonné espoir aux siens en réduisant la marque de la tête, après que le ballon a été dévié par les fronts de Niakhaté puis Alexandre Lacazette (2-1, 71e). Manchester United a flanché et dès lors a laissé les vagues lyonnaises déferler. Rapidement, Tagliafico a conclu l’une d’entre elles en reprenant un centre-reprise ratée d’Ainsley Maitland-Niles (2-2, 78e).
Tandis que la prolongation pointait le bout de son nez, l’arbitre a sanctionné Tolisso d’un second carton jaune, pour un croche-patte involontaire sur Leny Yoro, et a compliqué la tâche à des Lyonnais qui tiraient déjà bien la langue (89e). Mais il a aussi peut-être rendu la mission plus belle à accomplir, à dix contre onze. Profitant de l’explosivité de Malick Fofana, les Gones n’ont pas lésiné sur les contres, et ça a fini par payer, après un énième déboulé du Belge. C’est le moment choisi par le ballon pour se retrouver dans les pieds de Cherki à l’entrée de la surface, qui s’est fait un plaisir de l’envoyer au fond des filets d’une frappe sèche, glaçant un stade déjà bien froid (2-3, 105e). Et la température a baissé encore un peu plus lorsque Fofana a gagné un penalty, poussant des supporters à quitter les travées, avant même que Lacazette ne le transforme (2-4, 108e).
Et c’est sûrement la pire décision de leur vie, puisque Bruno Fernandes, en convertissant lui aussi son penalty (3-4, 114e), a enfin mis un peu d’âme dans cette enceinte mythique. Enivrés par la possibilité d’un immense retour, les Mancuniens se sont déchaînés sur la cage de Perri, avec un premier coup de massue signé Kobbie Mainoo (4-4, 120e). Et pour crucifier l’OL, c’est Harry Maguire, numéro 9 pendant toute la prolongation, qui a transformé le théâtre des rêves en un insupportable cauchemar pour les Gones (5-4, 120e+1). Une tête qui restera gravée dans la mémoire de ces deux clubs, qui se sont offert une soirée de légende.