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À l'OL, le groupe vit cher bien
L’OL a un match pour rêver d’une nouvelle demi-finale européenne. À Old Trafford, les Lyonnais pourront compter sur une dynamique positive qui dure depuis plusieurs mois et qui s’est bâtie autour d’un sentiment d’injustice après la suspension de Paulo Fonseca.

Le 9 mars dernier, Paulo Fonseca avait tout fait comme d’habitude. Assis à l’avant du car de l’Olympique lyonnais, il endossait le rôle de guide jusqu’à l’Allianz Riviera de Nice. Une fois arrivé sur place, toute sa routine a changé : interdit de se rendre aux vestiaires une semaine après avoir disjoncté contre le corps arbitral, il a offert une accolade à chaque joueur et membre de son staff avant de grimper en tribunes. La mise en scène semblait vraiment surjouée, mais elle a eu le mérite de marcher, puisque les Gones se sont imposés sur la Côte d’Azur et ont remporté six de leurs huit matchs depuis la suspension de neuf mois infligée à leur entraîneur.
Seul contre tous
Trois jours plus tôt, le Portugais avait fondu en larmes quand ses joueurs étaient venus l’enlacer après un but face au FCSB. Le collectif est au cœur de son plan de jeu, mais Paulo Fonseca a réussi à créer une osmose unique sur la base de la solidarité autour de sa personne. « Ma suspension a fortifié le groupe et sa volonté de se battre. Elle a uni le vestiaire. Et les gens du club sont plus unis aussi. Ce n’est pas seulement en raison de cette suspension, que j’estime injuste, c’est aussi en raison de la situation du club, de notre président… On sent qu’on a besoin d’être plus ensemble que jamais pour gagner », a expliqué l’entraîneur dans les colonnes de L’Équipe, ce jeudi. Seuls contre tous, les Rhodaniens avancent avec un goût d’amertume et la volonté de faire tomber tous ceux qui leur mettent des bâtons dans les roues, à savoir tout le monde selon eux. John Textor est en guerre ouverte avec Nasser al-Khelaïfi, la majorité des clubs de Ligue 1 posent une réserve pour Thiago Almada et voilà que l’OL se retrouve sans entraîneur pour la fin de saison. « Tout ça nous a renforcés en tant qu’équipe », avouait Clinton Mata après le succès à Bucarest.
Le bus de l'OL arrive à l'Allianz Riviera. C'est le moment des derniers encouragements à ses troupes pour Paulo Fonseca avant de s'isoler pic.twitter.com/h2MTUYNrer
— Le Progrès OL (@LeProgresOL) March 9, 2025
« On prend cette sanction et on essaie d’en tirer du positif. […] On va affronter cette sanction ensemble, car elle sera longue. C’est notre histoire, parce qu’à la fin, on se doit d’être en Ligue des champions et de gagner quelque chose en Europe pour le football français », a expliqué Moussa Niakhaté au micro de L’Équipe du soir, après la victoire contre le LOSC, fondatrice dans la deuxième partie de saison lyonnaise. Le défenseur central, comme Corentin Tolisso, Alexandre Lacazette ou Nemanja Matić, en tant que joueurs d’expérience, doivent se muer en leaders.
Cherki en jeune patron
Autour d’eux, l’aspect collectif se fait davantage ressentir à chaque match. Rayan Cherki, que certains ont taxé d’individualiste pour des dribbles ratés, prouve que ceux-ci n’étaient dus qu’à des péchés de jeunesse et à un excès de fantaisie. Cette saison, il brille de mille feux, avec déjà 18 passes décisives, auxquelles il faut ajouter 11 buts, toutes compétitions confondues. Quinze joueurs différents ont marqué, plaçant d’ailleurs Lacazette co-meilleur buteur avec Georges Mikautadze malgré un rendement moins bon que par le passé, dans une équipe qui trouve le chemin des filets 2,7 fois par match depuis l’arrivée de Paulo Fonseca, en février (contre 1,7 sous Pierre Sage cette saison, pour un taux de possession quasi égal, 58% actuellement contre 56%).
On va y aller pour jouer offensivement et pour prouver qu’on a un très bon football et avoir une seule idée en tête : la victoire !
Contre Manchester United, lors du match aller, les Lyonnais n’ont pas eu peur de tenir le ballon, en témoignent les 485 passes réussies, légèrement en deçà de leur moyenne sous les ordres du coach lusitanien (511). Au retour, une victoire au raccroc suffira au bonheur des supporters, mais Rayan Cherki a d’ores et déjà annoncé : « On va y aller pour jouer offensivement et pour prouver qu’on a un très bon football et avoir une seule idée en tête : la victoire ! »
En août prochain, quand il soufflera sa 22e bougie, l’international Espoirs français ne sera peut-être plus un joueur de l’OL. Alors, il profite de cette saison à fond et s’impose comme chef de file d’une équipe enthousiasmante sur et en dehors du rectangle vert. Même s’il est une des dernières figures de proue du centre de formation, il ne se limite pas au fameux gang des Lyonnais et intègre parfaitement les nouveaux venus au moment de multiplier les facéties avant, pendant ou après les matchs, en marge des entraînements, face aux caméras, dans le vestiaire… Quelques minutes après la victoire contre Auxerre, il est notamment venu interrompre l’interview de Georges Mikautadze pour lui proposer un barbecue lors de leur retour sur Lyon.
L’échauffement avant la dernière séance … 💥 Ce groupe, vraiment 🤩❤️💙 pic.twitter.com/cItGSDcs2H
— Olympique Lyonnais (@OL) April 16, 2025
Le départ de neuf joueurs l’hiver dernier a ainsi enlevé une épine du pied de Paulo Fonseca, alors que Pierre Sage s’arrachait les cheveux au moment de faire tourner son effectif en première partie de saison, autant qu’il a permis à ce groupe réduit de se souder encore un peu plus. L’émulation ne décline pas pour autant, puisque Nemanja Matić ou Alexandre Lacazette peuvent légitimement s’asseoir sur le banc, pendant que Paul Akouokou ou Saël Kumbedi sont en capacité de bousculer la hiérarchie. Qu’ils profitent de cette dynamique positive pour rallier le dernier carré de la Ligue Europa et une place sur le podium de la Ligue 1, car tout pourrait bien se terminer dès le premier jour du prochain mercato.
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