Ligue des Champions : Retour sur les 8èmes
Fin des huitièmes de finale aller et premier constat : Lyon a joué pour ne pas perdre, Lyon a bloqué les côtés pour éviter de se faire manger par ces Diables de Mancuniens...et Perrin de préférer titulariser le laborieux Clerc au milieu que le déroutant Ben Arfa ! Tout est encore jouable pour les Gones, une nouvelle fois sauvés par Karim Benzema. Ce mec est définitivement un génie !
Lyon – Manchester United : 1-1
La faute à qui ? Pas à Grosso, tête de Turc trop facile des observateurs paresseux, prompts à dézinguer du Rital (mêmes attaques exagérées sur Cannavaro à Madrid). Pas à Coupet, quasiment revenu à son meilleur niveau : un duel gagné contre Rooney, et deux coups francs dangereux de Ronaldo bien repoussés. Pas à Fred, devenu coéquipier loyal et qui, rentré tard, négocie mal ce ballon pourri qui pisse devant la ligne de but. Pas à Boumsong, auteur d’un match solide, impecc’ dans le jeu aérien.
Alors ? La faute à Manchester, bien sûr, son jeu emballant et sa profondeur de banc. MU qui peut se permettre de faire entrer un Nani et un Tevez (le nouveau Gerd Müller ?) pour maximiser la pression dans la dernière demi-heure.
C’est à ce moment là que les Red Devils ont logiquement fait reculer les Lyonnais, qui menaient 1-0 (Benzéma, 54ème). C’est aussi à ce moment là qu’on a basculé dans un vrai match de niveau Premiership : engagement total, vitesse, harcèlement du but adverse.
A part espérer quelques contres de Ben Arfa (entré plus – trop ? – tard à la 78ème), l’OL n’avait plus qu’à jouer contre la montre. En un mot : tenir. A la 87ème minute, sur l’égalisation de Tevez, le match monta encore d’un cran : le niveau Ligue des Champions. Le vrai niveau C1, tout simplement. Remember Lyon qui craque à San Siro en quarts dans le money time (1-3 en 2006)…
C’est cette capacité des grandes équipes à atteindre patiemment leur objectif et scorer au bon moment. Hier soir, c’est encore arrivé logiquement dans ce money time, en fin de match, à force d’acculer la défense lyonnaise, bien forcée de subir. Néanmoins, la frilosité d’Alain Perrin a surpris. L’option Clerc au milieu de terrain pour contenir les assauts de Giggs, Ronaldo ou encore Nani, est justifiable mais relativement surprenante. Lyon jouait quand même chez lui, nom d’un ptit cheval ! Perrin avait aussi choisi de faire jouer Govou à gauche. Et de ne pas titulariser Ben Arfa, qui aurait pu dynamiter la défense des Reds, un peu lourde parfois.
Voilà. On l’aura compris, ce match nul compromettant, c’est aussi la faute à la L1. Une L1 qui n’offre pas à l’OL des matches d’une intensité régulière avec des adversaires aussi coriaces que ceux que MU (et les autres cadors anglais) doit se farcir tous les week-ends, en plus du mano a mano sans pitié qu’il livre contre Arsenal, voire Chelsea.
Avec déjà 6 défaites, Lyon est leader de L1 et toujours favori raisonnable pour un 7ème titre d’affilée. Situation impensable en Italie, Espagne, Angleterre et Allemagne où les leaders de ces championnats ne totalisent pas autant de revers. OK, ce n’est pas une preuve mais c’est plus qu’un indice, qui aboutit à ce constat : le N°1 français ne semble toujours pas taillé pour la C1.
Tout n’est donc pas foutu, mais c’est mal barré. Disons qu’avant le match aller, Lyon ne possédait QUE 40 % de chances de se qualifier et qu’avant d’aller à Old Trafford, l’OL possède TOUJOURS 40 % de chances de passer. C’est déjà ça…
Mention spéciale à Benzéma, évidemment. Et si le génie de tout footballeur moderne, c’était tout simplement sa prise de balle ? Celles de Karim annoncent toujours des petits chefs d’œuvre. Comme pour Ronaldo. Karim est sur le bon chemin.
Celtic Glasgow – FC Barcelone : 2-3
Mine de rien, l’association des 4 Fantastiques (sauf Eto’o, rentré à la 73ème) a l’air de commencer à bien tourner. Ronaldinho, un peu profil bas pour se faire pardonner un paquet de péchés, s’est appliqué, côté gauche, avec Abidal lancé comme un hors-bord dans son dos.
Henry a ressorti la « spéciale Titi » : frappe enroulée du côté gauche dans le petit filet opposé. Messi a perforé sous la barre (un but en une-deux typique made in Barça grâce à Super Deco) et joué de la balayette à ras de terre (un but made in Renard from Argentina).
De retour post-CAN, Eto’o l’a jouée sérieux et collectif en remplaçant Ronaldinho à la 73ème. Petite déception, Valdes sur le deuxième but de la tête signé Robson : le genre de faiblesse qui l’empêche encore de figurer dans le gotha mondial des gardiens. What else ?
Côté écossais, ambiance de feu,“You’ll never walk alone” et lose sympa. On a du mal à imaginer que les Bhoys vont nous refaire le coup de San Siro de l’an dernier où ils avaient poussé les Rossoneri dans leurs derniers retranchements (héroïquement éliminés 0-0 puis 0-1 au retour sur un but pas possible de Kaka dans les prolongations).
Arsenal – Milan AC : 0-0
La querelle des Anciens contre les Nouveaux, les jeunes glands contre les vieux chênes, etc…Grosso modo, ça c’est vérifié. Les Rossoneri sont rentrés tranquilles à Milan en déclarant juste un bon petit 0-0 détaxé dans leurs bagages à la douane d’Heathrow.
Quant aux Gunners, ils ont encore démontré que l’Ajax d’Amsterdam est aujourd’hui un club londonien qui joue à l’Emirates Stadium (rappel historique : le maillot d’Ajax est une « copie » assumée de celui d’Arsenal).
Joli tourbillon offensif des Wenger Boys qui ont enfoncé le milieu milanais grâce à leur trident Flamini, Fabregas et surtout Hleb, magnifique hier soir. Pirlo, bien neutralisé, n’a pas pu rayonner vers l’avant comme il sait si bien le faire. Dommage que Adebayor n’ait pas concrétisé un paquet d’occases intéressantes.
Ça devient un peu problématique pour Emmanuel, qui n’a toujours pas planté en Ligue des Champions : faire le beau en Premiership, OK, mais marquer en C1, c’est autre chose (rengaine connue).
Bon, allez : jolie tête sur la barre extérieure du Togolais en fin de match, quand même…Reste l’impression que les jeunes Gunners se sont fait une montagne des Milanais, à l’image des gentils tirs cadrés plein axe sur un Kalac heureux comme aux entraînements de Milanello. Et puis détail qui ne trompe pas : les « vieux » Rossoneri ont plutôt bien tenu, sans commettre l’irréparable, à savoir un carton rouge ou concéder un penalty en voulant stopper irrégulièrement la fougue des jeunes Gunners dans leur propre surface. Les p’tits Red-white auront l’occasion de grandir vraiment au match retour, qui s’annonce passionnant. Mais gare à Inzaghi.
Fenerbahce – FC Séville : 3-2
Le match des outsiders de cette C1. Avantage pour les Turcs qui ont pris une petite avance à l’aller. A l’envie (Kezman, 17ème), au talent (Lugano de la tête, encore, 57ème) et au moral (Sentürk donne la victoire aux siens à la 87ème).
Attention à Fenerbahce, le club qui monte : les Jaune et Noir sont passés leaders du championnat turc le week-end dernier et ils visent toujours les quarts de Ligue des Champions, un objectif qu’on ne les soupçonnait pas capables d’atteindre au début de cette édition 2007-08.
Reste à confirmer au retour, en Espagne. Dans le stade le plus chaud d’Europe (en fait, Fenerbahce est sur la rive asiatique d’Istanbul…), les Sévillans ont déçu, moins à l’aise qu’en C3.
Un peu à l’image de leur parcours en dents de scie en championnat (6ème, avec 10 défaites). Rendez-vous donc en Andalousie dans 15 jours pour le match pas forcément le moins intéressant de ces 8èmes…
Par Chucho Carlucci
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