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Habib Beye, Pierre Sage : c’est qui le patron ?
Le Stade rennais d’Habib Beye affronte le RC Lens de Pierre Sage pour la première fois dans le monde professionnel, après leur aventure commune à la tête du Red Star. Le second était, entre janvier 2022 et juin 2023, l’adjoint du premier. Depuis, l’élève a-t-il dépassé le maître ?

→ Le plus pointu tactiquement ?
Ailier du Red Star lors des deux années en National, Thibault Vialla réfléchit longuement avant de donner son verdict à chaque question. « Ils se complètent très bien, ils sont vraiment alignés sur la façon de voir le foot », préfère-t-il avancer, pour ne froisser aucun des deux coachs. Après six mois un peu laborieux marqués par le licenciement de Vincent Bordot, remplacé par Habib Beye, ce dernier cherche un adjoint spécialisé dans la périodisation tactique et tombe rapidement sous le charme de Pierre Sage. Édouard Daillet, défenseur central lors de la première saison, se souvient d’une « pointure sur l’aspect théorique qui calcule tout », tandis que Thibault Vialla souligne qu’il « fait des métaphores et théorise beaucoup, c’est un littéraire ». Mais de l’université au terrain, il n’y a qu’un pas que le Jurassien franchit sans problème avec quelques innovations. Dont les séances vidéo régulières ou les aires de jeu parfaitement délimitées à l’entraînement – échauffement, situation et jeu –, pour éviter au maximum les coupures. « Tactiquement, Pierre est exceptionnel. Il dirigeait les séances, Habib s’effaçait un peu. Il nous a fait énormément progresser, tout en prenant du plaisir », estime l’ailier.
Verdict : Pep Sage.
→ Le meilleur manager ?
Quand Sage devient adjoint de Beye, hormis quelques dingues de la région lyonnaise ayant suivi de près son travail au centre de formation de l’OL ou ses piges dans plusieurs clubs semi-pros, son nom ne parle à personne et même pas aux joueurs audoniens. À côté se dresse surtout le consultant phare de Canal+, passé par l’OM et la Premier League durant sa carrière de joueur. La logique voudrait donc que le coach principal – qui confiait volontiers au Club des 5 sa volonté de s’inspirer du calme de Carlo Ancelotti en bord de touche – tienne les rênes sur cet aspect-là, mais Vialla assure que le « côté humain extraordinaire » de l’actuel entraîneur de Lens lui fait gagner des points. « Habib, lui, a vraiment réussi à amener son expérience de joueur pro. Ça nous a permis de comprendre les exigences de ce niveau-là, c’était vraiment un plaisir de l’écouter. Mais Pierre a réussi à gagner le respect sans être un ancien joueur, c’est fort », salue-t-il. « Habib est très fort dans la communication, il a toujours le bon mot », rapporte de son côté Daillet, pas rancunier de sa rétrogradation dans la hiérarchie au fil de la saison.
Verdict : Pierre Sage, d’une courte tête.
Habib Beye est ambitieux à tous les niveaux et même dans le jeu, l’équipe doit être à son image : confiante.
→ Le plus intense ?
« Je n’ai que de bonnes choses à dire sur Pierre, nous avons vécu ensemble une année et demie très intense », confiait Habib Beye en conférence de presse, avant la réception de Lens. Cette fois, Thibault Vialla n’hésite pas une seconde et vote pour l’ancien international sénégalais : « Pendant les séances d’entraînement, il a fait monter le niveau d’intensité de plusieurs curseurs et c’était la première fois que je voyais ça, remet celui qui évolue maintenant au SC Toulon. Je pense qu’il a révolutionné le National parce que maintenant, l’intensité s’est généralisée. » Lui et ses coéquipiers rompus à la troisième division découvrent la rigueur de tous les instants, les données GPS durant l’intégralité de la semaine et le pressing constant. « Il a vraiment ramené son vécu d’ancien joueur professionnel, il nous parlait toujours de l’intensité : il y avait très peu d’arrêts pendant les entraînements, ça envoyait tout le temps du jeu », rejoue Édouard Daillet. L’actuel entraîneur de Lens n’était pas étranger à ces séances rythmées puisqu’il chronométrait le temps de jeu effectif « parce qu’il voulait que sur 1h30 de présence sur le terrain, on soit au maximum en action », d’après le défenseur.
Verdict : Habib Beye, de loin.
« 𝑃𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑚'𝑎 𝑏𝑒𝑎𝑢𝑐𝑜𝑢𝑝 𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒́ » 🗨 Dimanche, le duel opposant Lensois et Rennais sera l'occasion de retrouvailles pour Pierre Sage et Habib Beye, dans le même staff entre 2021 et 2023. 🎙️ #SRFCRCL pic.twitter.com/up1n6b8j8t
— Stade Rennais F.C. (@staderennais) September 27, 2025
→ Le plus ambitieux ?
Il suffit de demander aux habitués de FFFtv du vendredi soir, qui trouvaient son nom trop clinquant pour leur championnat, pour se rendre compte qu’Habib Beye n’était pas destiné à rester longtemps à cet échelon. « Pour lui, il n’y avait pas d’autre option que d’aller en haut », estime Daillet. Vialla abonde dans le même sens : « Il a été clair avec nous dès le début, il nous avait dit : “Les gars, je n’ai aucun problème à vous dire que mon objectif n’est pas de rester en National. Je veux monter avec le club, aller plus haut et gravir les échelons. Si je dois aller en Ligue 1, j’irai sans scrupule car c’est mon objectif.” Mais Habib est ambitieux à tous les niveaux et même dans le jeu, l’équipe doit être à son image : confiante. » Avec son CV et son statut, l’ancien joueur de l’OM n’a pas mis longtemps à recevoir des sollicitations de club de l’élite. Ensemble, Beye et Sage ont échoué à monter en Ligue 2 de deux petits points, mais n’ont pas raté leur virage vers le haut niveau.
Verdict : Habib Beye, qui est arrivé à ses fins.
→ Le prono
Si les deux joueurs clament que les entraîneurs « sont à leur place » en Ligue 1, seul le terrain compte désormais et l’un d’eux pourrait prendre l’avantage sur son ancien allié. « C’est dur de jouer face à quelqu’un qu’on connaît parfaitement et de manière générale, ils analysent énormément les adversaires. Mais là, ça va être encore plus », avance Thibault Vialla. « Je ne suis pas un très bon pronostiqueur, j’ai mis 1-3 pour Lens sur le MPP avec mes cousins », lance Édouard Daillet. L’ailier, lui, voit un « match serré avec beaucoup d’intensité », mais ne veut vraiment pas se fâcher avec ses anciens coachs : « Allez, je vais dire match nul. 1-1, tout le monde sera content ! »
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Tous propos recueillis par EL, sauf mention.