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Luis Henrique, histoire d’un come-back
Le maillot de l’OM semblait trop lourd pour Luis Henrique, voué à s’en aller par la petite porte l’été dernier. Roberto De Zerbi a cependant transformé le Brésilien. Personne n’y croyait, mais le mulet est devenu cheval de course, titulaire indiscutable et décisif dans les grands matchs, comme dimanche face à l’Olympique lyonnais.

C’est un retour en force que l’on n’avait pas vu venir. Celui d’un joueur que l’on donnait pour mort après 2 petits buts en 73 apparitions avec l’OM. Celui d’un joueur qui, dès son arrivée en 2020, avait été catalogué comme une erreur de casting par son propre entraîneur. André Villas-Boas attendait alors un avant-centre, mais avait déchanté : « On a manqué un 9 de référence (au mercato). On s’est raté, car Luis Henrique ne va pas être ce joueur que l’on avait imaginé pour jouer dans cette position. On a fait une erreur. » Le mariage semblait tellement contre-nature que le Brésilien est rentré au pays pendant un an et demi, à Botafogo – oui oui, l’autre club de John Textor. Tout ça pour claquer un come-back tonitruant et s’imposer comme un titulaire indiscutable dans le onze de Roberto De Zerbi.
Coupeur de têtes
Dimanche soir, le numéro 44 est sorti de sa boîte à la 85e minute pour s’offrir le moment le plus mémorable de son histoire marseillaise. La galette brossée par un autre revenant, Pol Lirola, et son sens du but ont fait basculer le Vélodrome dans l’ivresse, alors que la frustration commençait à pointer. Résultat : une troisième victoire consécutive au Vél’ dans l’Olympico et un grand pas en avant dans la quête d’une qualification en Ligue des champions. Débarrassé de sa timidité, désinhibé, Luis Henrique a fêté ça en passant sa main devant sa gorge pour répondre à la célébration « coup de froid » d’Alexandre Lacazette. « Ici, ils doivent nous respecter. On est à la maison », a-t-il affirmé en zone mixte, déterminé à marquer son territoire. Âgé de 23 ans, le garçon a bien changé.
💥 | Luis Henrique offre la victoire à l'OM dans le choc des Olympiques ! 🔥🇧🇷 #OMOL pic.twitter.com/gMhSCX9Erw
— DAZN France (@DAZN_FR) February 3, 2025
Renvoyé à Botafogo en 2022, le Brésilien a retrouvé Marseille en janvier 2024. Sans faire de bruit, dans la lignée de son premier passage au club, volontaire mais bien trop tendre (24 matchs, un but contre Clermont, aucune passe décisive). Il ne pensait pas rester cet été, et beaucoup auraient vu son départ comme une bénédiction. Pas Roberto De Zerbi. « Quand le coach est arrivé, il a dit aux dirigeants qu’il comptait sur moi, expliquait le revenant dans les colonnes de L’Équipe. Lorsqu’un coach compte sur vous, ça vous donne plus de motivation. Alors, dès les premiers entraînements, je me suis défoncé, j’ai donné le meilleur et j’ai eu du temps de jeu. C’est une belle revanche. »
Du chaton au tueur froid
Henrique a commencé la saison dans la peau d’un titulaire à Francis-Le Blé. Il ne s’est pas raté en claquant un doublé. En toute logique, RDZ lui a donc apporté confiance et continuité. Dans un rôle d’ailier ou de piston, il a pris part à tous les matchs de l’OM cette saison, en Ligue 1 comme en Coupe de France, et n’a été remplaçant que deux fois. Le chaton est devenu un tueur. En 22 apparitions cette saison, le Brésilien est directement impliqué sur 15 buts (9 réalisations, 6 passes décisives). Parmi ses victimes, Nice, Lens, Monaco, Lille ou encore Lyon. Qui dit mieux ? Personne, sauf Mason Greenwood. Et encore, Henrique chatouille l’influence de l’Anglais, qui facture 14 buts et 3 passes dé. Incontournable au point que personne ne lui reprochera son tir au but manqué face au LOSC.
Sorti grandi « comme joueur et comme homme » de son second passage à Botafogo, où il était sous la coupe de vieux briscards comme Diego Costa, le gaucher a pris en maturité. Le temps lui a aussi permis de se familiariser avec le rôle de piston, qu’il avait eu du mal à appréhender lors de son premier passage au club. Pas illogique, avec le recul, compte tenu de son âge à l’époque (il est arrivé à 18 ans) et des changements d’entraîneur répétés. « Je sais que personne ne croyait en moi. Mais je savais que j’étais capable de devenir un joueur important, confiait le joueur en janvier. J’attendais une opportunité pour prouver mes qualités. » Henrique porte aujourd’hui une bonne partie des espoirs de l’OM et de ses supporters, désormais convaincus. L’attaquant a su saisir ce qui était probablement sa dernière chance. Un bel éloge de la patience.
Roberto De Zerbi totalement fan de l’OM et du VélodromePar Quentin Ballue