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Dønnum-Le Havre : une histoire nauséabonde

Par Quentin Ballue
4 minutes

Le sujet du racisme est de retour en Ligue 1. Ce dimanche, l’incident entre Simon Ebonog et Aron Dønnum a mis Havrais et Toulousains sur le pied de guerre. L’affaire demande des éclaircissements, en attendant de potentielles sanctions.

Dønnum-Le Havre : une histoire nauséabonde

À l’heure où la Ligue 1 tente de se renouveler, c’est un épisode dont le football français se serait bien passé. Ce dimanche, dans le temps additionnel de la rencontre opposant Toulouse au Havre, Aron Dønnum passe sa main devant son nez après un duel avec Simon Ebonog. Le banc normand interpelle le quatrième arbitre, dénonçant un acte raciste. Depuis, les deux clubs font front derrière leur joueur respectif. En attendant que la commission de discipline se saisisse du dossier.

« Il y a des gestes qui ne sont pas pardonnables »

Devant les journalistes, Didier Digard n’était pas vraiment d’humeur à parler du troisième match sans défaite de ses hommes. « C’est au-dessus du football. Je ne peux pas interpréter à la place de quelqu’un ce qu’il pense. Mais au minium, c’est une insulte à mon joueur. Si on dit que ce n’est pas pour du racisme, c’est quoi ? C’est juste dire à mon joueur qu’il pue ? Peut-être qu’il a pété les plombs, peut-être qu’il ne s’est pas rendu compte, je ne suis pas dans sa tête. Moi, ma question, c’est comment on laisse passer cet événement, comment on le tolère, à l’heure où on utilise la VAR pour un but. »

Le capitaine Abdoulaye Touré, le gardien Mory Diaw et le directeur sportif Mathieu Bodmer ont tour à tour condamné le geste du Norvégien. « Il y a des gestes qui ne sont pas pardonnables », écrit le portier sur Instagram. Le HAC n’a pas parlé ouvertement de racisme dans le communiqué publié dans la soirée, mais il parle d’un « geste évoquant des relents… mais qui en est lui-même empreint ». Le club « espère vivement que tout sera entrepris pour que ce geste soit sanctionné pour ce qu’il est : un geste qui ternit les valeurs de respect, de savoir-être, de vivre-ensemble. Un geste qui ternit donc le football. »

Le précédent Milan Baroš

Aron Dønnum a répondu aux accusations en zone mixte, en justifiant son geste par l’odeur de l’haleine du Havrais. « C’est fou de dire que je suis raciste. Il s’approche de moi, il veut se battre. Il est très proche, je sens son haleine, et elle sent mauvais. Ça n’a rien à voir avec du racisme », assure-t-il. Le Norvégien a laissé de bons souvenirs dans tous les vestiaires où il est passé, en prenant l’habitude de couper les cheveux de ses coéquipiers. Aucun incident à caractère raciste à signaler jusqu’à présent. Plusieurs coéquipiers, actuels ou passés, lui ont témoigné leur soutien sur les réseaux sociaux, dont Warren Kamanzi, Yann Gboho, Rafik Messali et Moussa Diarra. Le Téfécé a quant à lui condamné « avec la plus grande fermeté les accusations infondées et particulièrement graves portées à l’encontre d’Aron Dønnum, ainsi que l’instrumentalisation du geste en question ».

Au printemps 2007, pour un geste similaire devant Stéphane M’Bia, le Lyonnais Milan Baroš avait écopé de trois matchs de suspension. La commission de discipline avait jugé son attitude « inqualifiable et inadmissible », mais sans considérer son geste comme raciste. « Nous avons conclu que le geste n’était pas un geste à connotation raciste ou xénophobe », commentait alors le président de la commission, Jacques Riolacci. Dix-huit années ont passé et la société a évolué. « En 2025, ce n’est pas possible », martèle Mathieu Bodmer dans L’Équipe. Le geste de Dønnum pourrait être interprété de manière différente… ou pas. Le comportement déplacé ne fait pas vraiment débat, mais le caractère raciste de la scène est sujet à interprétation – et il sera difficile à vérifier en l’état.

Un cas pas tout à fait clair, qui ne saurait éclipser le combat contre un racisme plus systémique et plus massif. Au printemps prochain, le foot français s’unira contre le racisme, comme chaque année, avec un badge spécial sur les maillots, des annonces de la part des speakers et des affichages. En 2024, dans le documentaire Des cris dans le stade, Demba Ba était interrogé sur une supposée atténuation du racisme dans les stades. « Ça dépend où, quand, comment, répondait-il. Sur les réseaux, on le voit beaucoup plus qu’avant. » Et là, il n’y aura pas forcément de sanctions.

Le Havre ne portera pas plainte dans l’affaire Dønnum

Par Quentin Ballue

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