Les Ailes du Désir
Mathieu Flamini vient de fêter en mars ses vingt-trois ans. Sur le banc des remplaçants. Depuis près de deux mois, Arsène Wenger ne l’aligne plus dans le onze type des Gunners. L’ancien minot marseillais gamberge. Il songe à faire jouer sa clause de stabilité à la prochaine intersaison, une réglementation qui permet à un joueur, après trois années de suite dans le même club, de racheter son contrat.
L’an dernier, les Gunners atteignaient la finale de la Ligue des champions avec une escouade de Marie-Louise et un Flamini reconverti arrière gauche pour les besoins de la cause (une cascade de blessures). Cette année, la saison d’Arsenal est pratiquement achevée depuis deux semaines. Largués en championnat par le duo Manchester-Chelsea, les (jeunes) hommes de Wenger se sont fait éliminer de toutes les coupes et de la Ligue des champions en quinze jours. Ne reste plus à l’ex-coach de Monaco qu’à peaufiner les automatismes de son équipe de bambins. Un collectif que toute l’Europe s’apprête à redouter. Chelsea et sa constellation de stars avait dû ferrailler dur, il y a une paire de mois, pour s’imposer d’extrême justesse en finale de la Coupe de la Ligue anglaise contre la deuxième équipe d’Arsenal (21 ans de moyenne d’âge). Un collectif que Mathieu Flamini redoute déjà…
Finalement, c’est l’année de tous les paradoxes… En effet, j’ai été blessé en début de saison. Ensuite, entre novembre et février, j’ai multiplié les apparitions pour les Gunners. Après le France-Argentine du mois dernier, ma première convocation chez les Bleus, le coach a décidé de ne plus m’aligner. C’était d’autant plus frustrant que l’équipe a commencé à connaître quelques difficultés avec les diverses éliminations en coupes nationales et en Ligue des champions.
Vous en êtes-vous ouvert à votre entraîneur ? Arsène Wenger est un très grand coach et je respecte ses choix. Je ne les conteste pas mais j’en prends acte. Il m’a fait progresser à tous les niveaux. Je suis devenu un footballeur beaucoup plus complet. S’entraîner au quotidien avec des pointures comme Bergkamp ou Henry m’a permis d’acquérir une énorme confiance en moi.
En août, vous avez demandé à Arsène Wenger de ne plus jouer arrière latéral ? A la base, je suis demi défensif de formation. De décembre 2005 à juin 2006, j’ai accepté de dépanner comme arrière gauche. J’ai prouvé que je pouvais être polyvalent. Comme j’ai des objectifs précis pour mon avenir, je voulais travailler cette saison pour améliorer mes statistiques et mes performances. Je devais me rapprocher du but pour marquer davantage et retrouver ma place initiale.
Vous envisagez un départ… A la fin de la saison, je pourrai bénéficier de la clause de la stabilité. J’arriverai à la fin de ma troisième saison au club et je pourrai donc éventuellement racheter ma dernière année de contrat. Ainsi, je serai libre sur le marché des transferts. Arsenal m’a proposé de prolonger il y a quelque temps mais je me pose des questions.
Lesquelles ? Je vais rentrer dans une période, entre vingt-trois et vingt-six ans, cruciale dans la carrière d’un joueur. Je dois franchir un palier et augmenter mon temps de jeu. Je cherche un projet sportif adapté à mes ambitions et à mes qualités. Je veux mettre en pratique ce que j’ai appris durant ces trois saisons à Arsenal.
Vous avez une idée de votre future destination ? Comme je serai libre en juin, ma situation est, il faut le reconnaître, avantageuse. Un autre club anglais peut constituer une possibilité mais j’ai un faible pour le championnat italien. Une partie de ma famille vient de la région de Rome et je parle souvent avec Patrick Vieira, que j’ai connu à Arsenal, de l’Inter et de la Juventus, ses deux derniers clubs.
Et l’équipe de France ? Vous avez raté de peu la Coupe du monde finalement… A cette époque, je n’y pensais pas trop. On vient de m’appeler contre l’Argentine, les choses se mettent en place petit à petit. Pour l’instant, mon objectif principal, c’est la Ligue des champions. A vingt-trois ans, avoir déjà perdu deux finales de Coupe d’Europe agit comme une source de motivation supplémentaire.
Un mot sur l’OM, le club de votre enfance ? Au départ, je n’avais pas dans l’idée de partir. J’ai commencé à jouer à l’OM à l’âge de cinq ans avec les débutants et j’étais particulièrement fier de jouer une finale de Coupe de l’UEFA avec mon club. Il y a eu un blocage des dirigeants de l’époque. Maintenant, la page est tournée. Quand un coach comme Mr Wenger vous propose de le rejoindre, on y va sans trop se poser de questions. Depuis, je ne regrette vraiment pas mon choix, mes stats le prouvent…
Propos recueillis par Rico Rizzitelli
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