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UNFP FC : chômeur un jour, joueur toujours
Mercredi, les joueurs sans contrat de l'UNFP FC clôturaient leur stage de six semaines par une rencontre de gala contre le Paris FC à Meudon. L'occasion de se montrer une dernière fois aux yeux des recruteurs afin d'enfin trouver un club pour la saison 2025-2026.

Ah les vacances d’été, ses plages paradisiaques, ses sites touristiques et ses soirées où certains vivent la folie des grandeurs. Pour les footballeurs, le summer break est un moment à part. Après 72 matchs d’une saison à rallonge, la pression s’évapore sous le soleil cuisant de l’été. Enfin, ça c’est pour ceux qui peuvent se la couler douce et qui n’ont pas à s’en faire pour leur avenir. Pour les autres, ceux qui se trouvent à un carrefour entre un promu de Ligue 1, Sunderland ou l’Arabie saoudite, ça peut ressembler à un petit casse-tête. Et puis il y a ceux qui n’ont rien. Pas de projet, plus de club, peu de négociations. Des joueurs libres, au chômage, dans la peur de ne pas trouver un terrain où rebondir pour la saison prochaine. Mais pas de quoi se plaindre quand on peut déguster la douceur d’un soleil couchant sur le complexe sportif Marcel-Bec de Meudon.
Ce mercredi, dix-sept joueurs ont joué un match de foot pas comme les autres contre le Paris FC avec la crainte au bout des pieds. Le casting était composé de plusieurs coqueluches bien connues du football français : Opa Nguette, Jordan Tell, Marcus Coco, Brice Dja Djedje, James Lea-Siliki ou encore Bryan Nokoue. Certains sont jeunes, d’autres plus expérimentés, mais tous vivent la même galère : ils cherchent un club à moins d’un mois de la fin du mercato. Liés par le même destin, ces joueurs se sont rassemblés autour du projet de l’UNFP FC. Une institution sans stade, sans centre de formation, sans propriétaire, sans supporters, mais avec beaucoup de cœur.
Quand on cherche un club, on a parfois du mal à se tourner vers l’UNFP, donc j’avais beaucoup d’appréhension au départ, mais au fil des semaines mes craintes avaient disparu.
Créé par René Charrier en 1990, ce stage estival, renommé UFNP FC en 2015, s’adresse à une classe des footballeurs rarement sous le feu des projecteurs : les chômeurs. Pendant six semaines, ces joueurs sans contrat, qui ont sollicité l’Union nationale des footballeurs professionnels, s’entraînent en groupe avec un staff de qualité, des infrastructures modernes et surtout, ils disputent des matchs face à des équipes professionnelles. « Quand on cherche un club, on a parfois du mal à se tourner vers l’UNFP . Moi, j’avais beaucoup d’appréhension au départ, mais au fil des semaines mes craintes avaient disparu », déclare avec le sourire James Lea-Siliki. L’ancien joyau du milieu de terrain du Stade rennais, sans club depuis mai dernier après son passage en Roumanie, assume de vive voix avoir vécu « une des plus belles aventures de sa carrière » au cœur d’un groupe pas comme les autres.
Une préparation digne des meilleurs clubs
Cette année, le stage de l’UNFP a accueilli plus de 45 joueurs sous la houlette de Laurent Peyrelade puis de Landry Chauvin, eux aussi sans club. Avec leurs staffs, ces deux entraîneurs expérimentés ont planifié une préparation pour réhabiliter physiquement et tactiquement des joueurs en manque de rythme. « Grâce aux séances collectives, je suis monté en puissance et je suis prêt à commencer la saison avec un club », indique l’ancien bison du Stade lavallois, Edson Seidou, capitaine de l’équipe face au Paris FC. « Le groupe était tellement dans de bonnes conditions que c’est comme si je m’étais préparé avec un club. Je dirais même que certains clubs français n’ont pas les conditions que nous a offert l’UNFP. »
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Outre les entraînements, le cru de l’année 2025 a disputé sept matchs amicaux depuis début juillet. Après une victoire en ouverture contre Orléans, quatre défaites contre Le Mans, Rouen, Nancy et Laval et un nul contre Fleury, l’UNFP a accroché le Paris FC 2-2 ce mercredi pour le dernier match du stage. Bien que l’entraîneur du PFC, Stéphane Gilli, ait remanié son équipe, la nouvelle attraction de la Ligue 1 a montré ses limites face à la belle adversité de l’UNFP FC. Une satisfaction pour l’attaquant de l’équipe Jordan Tell, en discussion avec un proche dès le coup de sifflet final. « On conclut le stage sur un match nul donc ça se termine avec une satisfaction. Il fallait montrer un beau visage contre une équipe de Ligue 1 pour se montrer.»
Open to work
Face à une telle adversité, les matchs amicaux permettent aussi aux sans contrats de taper dans l’œil des recruteurs, incognitos au milieu des centaines de spectateurs présents autour de la pelouse meudonnaise. « Le lendemain de nos derniers matchs, des joueurs ont quitté le groupe parce qu’ils avaient trouvé un club. Le staff était tellement content pour eux », se souvient le cœur serré Landry Chauvin, aussi à la recherche d’un projet. Cette semaine, l’ancien chômeur Florentin Pogba a par exemple signé au Stade poitevin en National 2 juste avant la fin du stage. Un destin qu’espère vivre le musculeux Jeffrey Quarshie, auteur d’un doublé contre le PFC : « L’équipe a réussi à revenir deux fois au score et ça illustre bien notre état d’esprit. Je croise les doigts pour que cette performance m’aide à trouver un nouveau club. Je suis prêt à repartir au combat ».
⚔️ Accrochés, mais jamais résignés. L’UNFP FC a livré une prestation solide ce soir face au Paris FC, accrochant le nul (2-2) au terme d’un match engagé. 🔥 Jeffrey Quarshie s’est illustré avec un doublé décisif (42’, 87’) pour permettre au groupe de revenir deux fois au score… pic.twitter.com/JomobuupRv
— UNFP (@UNFP) August 6, 2025
Personnellement, m’entraîner seul, ça ne m’intéresse pas.
Filmé par un drone, ce match nul contre le Paris FC clôturait le stage des dix-sept joueurs encore présents dans les rangs de l’UNFP FC. Pour eux, le plus dur commence. Un retour solitaire à la maison où la procrastination pourrait rapidement envahir leur quotidien. Surtout, ils risquent de perdre le rythme acquis pendant cette préparation collective. « Dans les prochains jours, je vais essayer de retrouver une structure au moins en National 3 pour ne pas perdre le bénéfice de la préparation », indique Edson Seidou. « Personnellement, m’entraîner seul, ça ne m’intéresse pas. Alors en attendant le bon projet pour la suite de ma carrière, je vais essayer de chercher un club d’accueil », ajoute quant à lui Marcus Coco. Ces derniers jours, le droitier, capable de jouer latéral ou ailier, pensait avoir enfin trouver une porte de sortie en Russie à l’Akron Tolyatti. Coco avait donné son accord mais au moment de signer son contrat, ses parents ont mis un véto en raison de la situation géopolitique. Résultat : l’ex-Canari se retrouve dans la même situation précaire que ses copains. À la fin du match, Moses Simon, présent sur le banc du Paris FC avec son nouveau style capillaire, a d’ailleurs souhaité bonne chance à son ancien coéquipier au FC Nantes.
À l’instar du feuilleton Coco, la majorité des joueurs de l’UNFP ne se focalise pas seulement sur le marché français. À la recherche du bon projet dans l’Hexagone comme à l’étranger, Edson Seidou, visiblement inquiet par sa situation, commence à examiner plusieurs propositions : « Le contexte financier est assez compliqué en France donc je suis ouvert à toutes les offres. J’attends une ou deux propositions à l’étranger. Je n’ai jamais joué en dehors de la France, donc pourquoi pas tenter maintenant. » Si le mercato se ferme dans trois semaines, tout peut encore arriver. Dans les prochains jours, les championnats vont reprendre et les coachs chercheront à combler les trous au sein de leur effectif. Aux anciens joueurs de l’UNFP FC de les boucher.
Pogba file dans l’équipe UNFP !Par Mathis Blineau-Choëmet, à Meudon
Tous propos recueillis par MBC.