- France
- Paris Saint-Germain
Le Parc des Princes, au centre du jeu politique
Les candidats et candidates à la mairie de Paris - dernièrement Emmanuel Grégoire (PS) - se sentent obligés de sortir leur petit couplet sur l’avenir du Parc des Princes, qui risque donc bel et bien d’être vendu à QSI. Sans débat démocratique ?
Tout le monde le sait, QSI a les yeux rivés sur les élections municipales à Paris en mars 2026, surtout étant donné ses relations exécrables avec Anne Hidalgo. Son rêve : pouvoir racheter le Parc des Princes, à ses conditions. Si elle n’ose pas l’avouer, la direction du PSG porterait certainement son choix sur Rachida Dati. La candidate de la droite dans la capitale est la plus encline à régler le dossier de la vente du Parc des Princes dans les plus brefs délais si elle venait à s’installer à l’hôtel de ville.
Un enjeu politique
Il demeure un petit problème : l’information judiciaire menée depuis 2023 au sujet du lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane, arrêté au Qatar en 2020 – apparemment pour avoir été en possession d’informations sur Nasser al-Khelaïfi. Or, dans cette affaire, la ministre de la Culture serait alors intervenue auprès des autorités de l’émirat, dans un rôle qui reste à déterminer. Si ce volet judiciaire se prolonge, il s’avérerait compliqué pour elle d’être partie prenante dans les négociations avec ses amis qataris. Et dans les rangs de LR, tout le monde ne partage d’ailleurs pas son enthousiasme pour le principe d’une cession. En outre, l’un des inconvénients de la démocratie reste que ce ne sont pas forcément ceux ou celles que l’on souhaite qui l’emportent, surtout dans une ville qui, durant les dernières échéances, a plutôt voté à gauche. Les déclarations du candidat du PS, Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo, ont donc dû légèrement rassurer du côté de la Factory.
Donc oui, maire, la vente est une option que je proposerai au Conseil de Paris.
Dans une interview auprès de L’Équipe, il a certes multiplié les précautions, notamment concernant les contraintes légales et autres problématiques d’évaluation économiques (1 milliard d’euros au prix actuel du marché parisien selon lui), sans oublier quelques petites exigences (pas de naming). Mais il a concédé sur l’essentiel, levant le tabou de la vente : « Je souhaite proposer deux options au vote du Conseil de Paris, qui constituerait notre mandat de négociation avec le PSG : une option de location fiducie avec un contrat longue durée – je connais les réserves formulées par l’actionnaire du PSG sur cette hypothèse – et un scénario de vente. Donc oui, maire, la vente est une option que je proposerai au Conseil de Paris. »
Le PSG a publié dans la foulée un communiqué. Il maintient certes la pression, avec un chantage implicite au départ vers Massy notamment. « Ces études se poursuivent avec rigueur et elles restent notre priorité », écrit le PSG. On peut néanmoins s’interroger sur ses réelles intentions d’aller jusqu’au bout, tant sur le fond – l’identité parisienne du club et la plus-value qu’elle représente – que sur la forme – le coût, la durée de construction, l’attractivité pour les partenaires. D’ailleurs, en conclusion, et en guise de portes ouvertes, « le club est toutefois attentif aux différentes déclarations qui émergent dans le cadre de la campagne des municipales. Ces prises de parole témoignent d’une dynamique réelle autour de notre projet et traduisent également un intérêt fort pour l’avenir du Paris Saint-Germain. » Emmanuel Grégoire aura-t-il des places dans la corbeille VIP ?
À chaque programme, sa solution
Et maintenant ? Au-delà de la traditionnelle invocation « Le PSG, c’est le Parc des Princes et le Parc des Princes, c’est le PSG », résumée par exemple par Pierre-Yves Bournazel (Horizons) dans les colonnes du Monde, quelles sont les alternatives proposées ? À gauche, Sophia Chikirou (LFI) se contente d’affirmer que les joueurs de Luis Enrique doivent continuer de marquer devant le virage Auteuil. D’autres, à l’instar de ce qu’écrit Pablo Pillaud-Vivien dans Regards (média proche de Clémentine Autain), partage l’inquiétude que « comme d’autres bâtiments emblématiques avant lui comme la Bourse de commerce devenue salle d’exposition pour Pinault, le Parc des Princes sortirait du domaine public ». David Belliard (écologiste) réclame une consultation citoyenne autour de plusieurs options, dont le prolongement du statut actuel ou une gouvernance partagée avec supporters et club (hautement improbable). Le communiste Ian Brossat suggère lui aussi de pousser vers un actionnariat populaire type « socios ». Derrière toutes ces belles utopies se cache déjà l’ombre du refus catégorique du PSG. Le prochain ou la prochaine maire de la Ville Lumière aurait-il le courage de laisser s’en aller l’actuel champion d’Europe en titre par force de conviction ? Imaginer que le Parc des Princes puisse rester le bien commun des Parisiens et des Parisiennes paraît de plus en plus un vœu pieux.
Luis Enrique a une préférence pour la finale de la Coupe intercontinentalePar Nicolas Kssis-Martov























