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L’UNFP FC, le club des sans-contrat

Propos recueillis par Régis Delanoë
L’UNFP FC, le club des sans-contrat

Aujourd'hui, l'AS Nancy Lorraine débute sa campagne de matchs de préparation par un affrontement contre l'UNFP FC : une équipe de joueurs en attente d'un nouveau contrat, qui fonctionne comme un vrai club professionnel. Explications avec un de ses responsables, Philippe Lafon.

Depuis combien de temps existe l’UNFP FC ?

On va dire qu’il s’agit de la première année d’existence de ce club – car c’est ainsi qu’il faut le considérer. Il remplace ce qui existait auparavant, à savoir les stages UNFP qui avaient été mis en place par le syndicat depuis 1990. La population visée est la même : les joueurs affiliés à l’UNFP – ce qui représente 95% des joueurs pros en France – qui se retrouvent en fin de contrat au 30 juin. C’est une situation provisoire durant laquelle on leur met à disposition cet UNFP FC, qui fonctionne comme un club professionnel, avec un entraîneur DEPF, un préparateur physique, un entraîneur des gardiens, un ostéopathe, un masseur… Toute la configuration nécessaire pour réaliser un vrai stage de préparation d’avant-saison, similaire à celui d’une formation de L1 ou L2, avec également des matchs de préparation contre Nancy, Clermont, Valenciennes, le Red Star, Guingamp, Dijon, Strasbourg, ainsi qu’un stage à Malte. On a fait en sorte d’organiser des rencontres aux quatre coins de la France pour exposer les joueurs et permettre à un maximum de recruteurs de venir les observer en condition réelle.

L’objectif est donc double : permettre à la fois aux joueurs de se montrer et de se préparer à la saison en gardant son niveau ?

C’est ça. On leur offre une exposition, mais aussi un moyen de ne pas avoir de retard dans la préparation au moment où ils vont signer un contrat. On récupère aussi certains joueurs blessés, de retour de blessure ou en manque de rythme, et notre préparateur physique est là pour leur faire un planning personnalisé. C’est comme une plateforme d’assistance adaptable selon les cas de figure.

Mais ce n’était pas déjà le cas avec les stages ?

Oui, mais c’est aujourd’hui plus structuré, avec en plus un vrai esprit d’identification. On est comme un club, avec un blason. Le club de tous les footballeurs, celui qui peut vous accueillir à tout moment dans votre carrière si vous en avez besoin.

L’effectif va bouger pendant l’été ?

Oui bien sûr, en fonction des signatures des joueurs. Par exemple, ces derniers jours, deux membres de l’effectif nous ont quittés : un qui a signé au Red Star, l’autre au Poiré-sur-Vie. Certains sont aussi partis en essai, parmi eux il y en a qui ne reviendront pas, d’autres si… On fonctionne avec une base de 22 à 26 joueurs environ, sur une soixantaine d’inscrits. Dès qu’un joueur part, on en rappelle un autre à un poste similaire. Au total, tous les inscrits devraient avoir leur chance de s’exprimer avec nous cet été.

Et ça joue seulement au football à l’UNFP FC ou ça bosse aussi l’aspect psychologique, la reconversion, etc ?

La partie accompagnement du joueur est très importante. C’est surtout Pascal Bollini qui s’en charge, en tant qu’encadrant. Tous les membres du staff sont très à l’écoute. Le masseur de l’UNFP FC, Philippe Durpès, est un ancien joueur pro qui s’est reconverti dans le bien-être, il est très au fait de l’aspect psychologique. On est d’ailleurs tous dans le réconfort, le positif… Concrètement, on a également mis en place des réunions d’information, par exemple concernant l’inscription à Pôle emploi. On a aussi un service juridique pour apporter soutien et conseils s’agissant des contrats pro en France et à l’étranger, les contrats fédéraux, etc.

Vous devez forcément être confrontés à des joueurs qui tombent de haut, qui sont touchés moralement…

C’est pas le cas de tous, mais oui, il y en a. Pascal Bollini et moi-même, comme l’ensemble des membres du staff d’ailleurs, on a été des joueurs pros et on a tous connu ces moments difficiles dans une carrière. On sait ce que c’est. On ne cache rien aux joueurs de la difficulté à laquelle ils font face. On n’a rien à gagner, on n’est pas du tout dans l’aspect financier. L’idée, c’est de se mettre à l’écoute des joueurs et de leur redonner dynamisme, réconfort et/ou confiance si besoin. Les cas sont multiples. « J’ai ces deux propositions, pour laquelle je devrais opter ? » « On m’a fait cette offre, mais ma femme n’a pas tellement envie d’aller dans cette région… » C’est du concret. Chaque question posée doit apporter un éclairage, sachant que c’est ensuite au joueur seul de faire son choix. On ne peut pas se mettre à sa place, de même qu’on ne peut pas jouer au foot à sa place.

Combien de joueurs trouvent un contrat grâce à vous ?

Sur les dix dernières années, on est sur une moyenne d’un joueur sur deux ayant réussi à trouver un contrat à l’issue du stage, avec un record à 60% l’été dernier. Quand je parle de contrat, il s’agit d’un contrat pro en France ou à l’étranger, ou encore un contrat fédéral. La mise en place de l’UNFP FC ne devrait pas changer fondamentalement la donne de ce point de vue. On verra comment ça va évoluer, sachant qu’on observe un temps de recrutement plus étalé sur l’été qu’à une certaine époque, donc il n’y a pas encore urgence. On n’a pas le même discours avec les joueurs aujourd’hui qu’au moment de la reprise début août ou à la fin du mercato en septembre.

Pour les 40 ou 50% qui restent sur le carreau, il se passe quoi ?

Déjà, certains signent un contrat au niveau amateur, le plus souvent couplé à un emploi. On a un service spécialement dédié aux projets de reconversion animé par Joël Delpierre et Jacques Glassmann. Leur rôle est d’accompagner les joueurs dans la relation avec les clubs amateurs et de commencer aussi à envisager avec eux un plan de carrière futur, post-joueur. Faut savoir que certains joueurs ont encore le niveau, mais ne sont pas prêts à tous les sacrifices pour continuer à évoluer dans ce milieu. Certains ont une famille, des enfants scolarisés…

L’UNFP FC, c’est donc un club éphémère amené à se mettre en sommeil à la fin de l’été et à reprendre l’été suivant, c’est ça ?

On va essayer de le faire durer au moins jusque septembre, car il y a encore à ce moment des joueurs sans contrat qui espèrent encore en récupérer un. On peut aussi envisager de se reconstituer ponctuellement lors des semaines internationales, comme on l’a fait par le passé, profitant de ces trêves pour jouer des matchs amicaux face à des L1 ou des L2 en recherche d’adversaires.

Globalement, vous observez une précarisation dans le foot pro ou pas du tout ?

Les chiffres qu’on a sont à peu près stables d’année en année, avec tout de même un peu plus de joueurs en recherche d’un contrat ces deux dernières années. En juin, en gros, on retrouve un peu plus de 300 joueurs affiliés à l’UNFP qui se retrouvent sans ou en fin de contrat. Parmi eux, certains vont vite en signer un autre ou prolonger. Pour d’autres… Disons que chaque année, on a une centaine de joueurs pros qui arrêtent leur carrière et à peu près autant de jeunes qui arrivent sur le circuit. Comme on est sur des effectifs de clubs pros à peu près constants de 25 à 30 joueurs en moyenne par club, le facteur qui fait varier la donne, c’est le flux des joueurs étrangers dans nos championnats.

Des études récentes montrent que les joueurs français sont parmi ceux qui s’exportent le plus à l’étranger. Vous observez cette tendance ?

La saison dernière, on était même le premier exportateur de joueurs en Europe (113 joueurs, devant les Argentins et les Brésiliens, 112 joueurs chacun dans les cinq grandes ligues du continent d’après des données du CIES, ndlr). Certains sont tentés par l’aventure étrangère, d’autres moins, avec la famille à prendre en compte… Certains aussi en reviennent vite. C’est un choix à faire. Là aussi, on est à leur écoute pour leur dire ce qu’il en est des contrats étrangers, des salaires, des garanties à avoir. Notre service juridique est parfois amené à vérifier la légitimité de certains contrats, même si on n’est pas là non plus pour se substituer aux agents, mais pour apporter un soutien et un avis complémentaire.

Se retrouver en fin de contrat, ça arrive à tous les âges ?

Oui, actuellement le plus jeune membre de l’UNFP FC a 21 ans et le plus âgé a 34 ans. L’accompagnement est différent, avec l’expérience, on relative, alors que pour un jeune qui n’a connu jusque-là que le contrat pro et qui se retrouve tout de suite en difficulté, ce n’est pas facile à vivre… C’est là aussi que le côté équipe joue : on s’entraide, on s’encourage. Quand l’un d’eux signe un contrat, il est félicité par les autres, qui savent que le prochain, c’est peut-être eux. On se rassure, on se réconforte quand il y a une baisse de moral. Ça apprend l’humilité aussi, c’est bien pour leur futur. Ils peuvent voir qu’un Barbosa, qui est passé chez nous, a su rebondir superbement. Signorino aussi. Des cas comme ça, il y en a plein.

Propos recueillis par Régis Delanoë

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