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Le jour où Andy Delort s'est bastonné avec les joueurs du FC Nantes

Par Jérémie Baron, à Nantes
Andy Delort et Christian Kinkela, avec l'ACA lors de la saison 2010-2011
Andy Delort et Christian Kinkela, avec l'ACA lors de la saison 2010-2011

En mars 2011, douze ans avant de signer à Nantes, Andy Delort se retrouvait au cœur d'une castagne mémorable lors d'un match à la Beaujoire, avec l'AC Ajaccio. Et personne n'a oublié.

« Mince ! Si je l’avais su avant, il ne serait pas venu, il fallait me le dire ! » Lundi midi, dans le cadre de la présentation d’Andy Delort, Antoine Kombouaré a ironisé au moment où on lui a appris un drôle d’épisode de la carrière de son nouvel attaquant. Car à la Beaujoire, le buteur n’a pas seulement failli envoyer les Canaris en Ligue 2, en mai 2021 avec Montpellier : tout jeune, il a aussi participé à une baston d’anthologie, au milieu de l’exercice 2010-2011, quand il portait le maillot de l’AC Ajaccio et que le club jaune et vert pataugeait dans le ventre mou de Ligue 2.

Poignée de main, crochet et manchette

Ce 11 mars 2011, l’équipe insulaire, quatrième de l’antichambre et en pleine bataille pour la montée qu’elle décrochera deux mois plus tard, se déplace en Loire-Atlantique avec le mauvais souvenir du match aller à François-Coty, terminé dans le tumulte après le succès des Jaunes (2-3) : « Ils n’avaient pas apprécié qu’on gagne chez eux alors qu’ils étaient candidats au podium, pose Guy Roland Ndy Assembé, qui gardait alors la cage jaune. On avait marqué sur la fin, ça avait libéré tout le monde et ça avait pas mal crié. » Son ex-coéquipier brésilien Matheus Vivian détaille : « On rentrait au vestiaire pour fêter la victoire et quelqu’un avait eu la bonne idée de hurler “On est chez nous !” Dès qu’il avait terminé sa phrase, la porte s’était ouverte, la lumière s’était plus ou moins éteinte et ça avait bien chauffé à l’intérieur, la sécurité était rentrée… Ça n’avait pas mal fini, mais c’était toujours des ambiances un peu particulières contre eux. » Résultat, pour cette 27e journée avec un Philippe Anziani tout fraîchement intronisé sur le banc nantais (pour prendre la suite d’un Baptiste Gentili mis à la porte), « le match n’avait même pas commencé qu’on sentait une tension », précise Ndy Assembé.

Je me souviens de l’histoire comme si c’était hier. Cavalli était malmené, et c’est parti… Voilà, je suis comme ça. J’avais 19 ans, j’étais foufou. Quand on est dans une équipe, on aime bien avoir des joueurs comme ça.

Andy Delort

Ainsi, le ton est donné avant même le coup d’envoi. « L’aller s’était très mal passé, et sur le protocole d’avant-match, (Aurélien) Capoue décide de ne pas serrer la main d’Anthony Lippini, assure Jean-Baptiste Pierazzi, aligné dans l’entrejeu ajaccien ce jour-là. C’est parti de là, et c’est pour ça que c’était très électrique. » Malgré leur début d’année 2011 sans victoire en championnat, la première période tourne à l’avantage des locaux, qui marquent deux fois en deux minutes autour de la demi-heure de jeu, d’un petit bijou de Ronny Rodelin puis d’une reprise de Papy Djilobodji. Et c’est sur la célébration du break nantais que tout va s’envenimer. « Ça part presque de moi, continue Pierazzi. Après le but, Capoue passe devant nous, et surtout devant moi, et nous chambre énormément, un peu trop, en disant des choses que je n’ai pas envie de redire. Je n’ai pas accepté ce qu’il nous a dit, et je lui cours après. Le problème, c’est que j’arrive seul sur le groupe des Nantais qui sont en train de célébrer leur but. Mes coéquipiers sont venus de suite à ma rescousse et ça a créé une grosse échauffourée. C’était un autre football, on était un peu plus chauds à l’époque. » Sur le banc, Andy Delort, qui dispute sa première saison pleine chez les pros, ne se fait pas prier. « Comme tout le monde est venu, à un moment donné, il y a deux ou trois Nantais qui sont sur Johan (Cavalli) et Andy y va pour le protéger », poursuit Pierazzi.

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« On avait une équipe de jeunes joueurs comme Rodelin, Djilobodji, William Vainqueur ou Adrien Trébel, et Ajaccio aussi, explique Vivian. Leur mécontentement lié au résultat s’est exprimé comme ça. C’est parti de pas grand-chose, en fait. Avec cette équipe d’Ajaccio, il suffisait d’une étincelle pour que ça déclenche un feu. » Dans la mêlée, Delort lâche une masterclass qui ferait presque penser qu’en dehors des pelouses, il aurait pu avoir une carrière dans un octogone ou sur un ring. « J’avais mis un crochet à Rodelin. Une manchette à Djilobodji », racontera-t-il à Ouest-France en 2014. Sur les images, filmées depuis la tribune Océane, on le voit effectivement envoyer à terre le défenseur sénégalais d’1,93m avant d’offrir une salade de phalanges au grand attaquant réunionnais, puis de la jouer tactique en battant en retraite en laissant l’affrontement se poursuivre sans lui. Lundi, le puncheur fou est une nouvelle fois revenu sur l’incident : « Je me souviens de l’histoire comme si c’était hier. Cavalli était malmené, et c’est parti… Voilà, je suis comme ça. Djilobodji, il est costaud le type ! J’avais 19 ans, j’étais foufou. Quand on est dans une équipe, on aime bien avoir des joueurs comme ça. » Pierazzi confirme : « Andy, c’est une personne de tempérament, mais c’est quelqu’un d’adorable et très attachant. On le prenait sous notre aile, c’était un petit gamin. C’est quelqu’un de tellement entier… Quand quelqu’un le cherchait, il savait répondre présent. En plus c’est un beau bébé. »

Il n’y avait pas de VAR, donc pas moyen de contrôler quand ça partait en échauffourée, car il y avait plusieurs petits groupes : ça a commencé au niveau du banc, ça a presque fini au point de corner.

Jean-Baptiste Pierazzi

Résultat des courses après cet inattendu interlude d’une dizaine de minutes : deux rouges nantais (le sanguin Filip Djordjevic et le protagoniste Capoue) et autant côté corse (Carl Medjani, Anthony Lippini), l’arbitre William Lavis ayant visiblement fait ce qu’il pouvait. Delort, lui, passe entre les gouttes. « Il n’y avait pas de VAR, donc pas moyen de contrôler quand ça partait en échauffourée, car il y avait plusieurs petits groupes : ça a commencé au niveau du banc, ça a presque fini au point de corner, rappelle Pierazzi. C’était sur tout le terrain, les arbitres ne pouvaient pas tout gérer, c’était impossible. » Antoine, treize ans à l’époque et abonné en tribune Erdre en 2010-2011, n’a toujours pas digéré : « Ça avait duré longtemps ! Après les quatre cartons rouges, on était scandalisés. C’était les Ajacciens qui foutaient la merde. Ensuite, il y avait une bronca… Ça faisait plusieurs années qu’on était en Ligue 2, le stade était toujours aux trois quarts vides (moins de 10 000 personnes pour ce Nantes-Ajaccio, NDLR), mais tout le monde sifflait. C’est un bon résumé du FC Nantes de cette période : on se les gelait, il y avait une ambiance de merde, il fallait être motivé pour aller au stade à ce moment-là. Mon père ne siffle jamais et m’avait toujours interdit de siffler mon équipe ; mais là, même lui était en train de siffler les Ajacciens et l’arbitre. »

Le plus cocasse arrive lors du deuxième acte : après avoir vu Richard Socrier rater deux fois un penalty ajaccien donné à retirer, Delort tombe la doudoune et remplace le Guadeloupéen comme si de rien n’était, à la 68e, lui qui distribuait les patates une heure plus tôt. Le score n’évoluera pas (2-0) et, rattrapé par les images quelques jours plus tard, le natif de Sète prendra quatre matchs de suspension, tout comme son partenaire Medjani, les autres n’écopant que d’une rencontre loin des terrains (Lippini, Djordjevic), ou deux matchs dont un avec sursis (Pierazzi, Capoue, Rodelin). « Aujourd’hui, tu ne peux plus faire ça, sinon tu prends trois années de prison, estime Delort. Je rejoue quatre ans après avec Ronny à Caen, et on était les meilleurs amis du monde. » Au regard de l’ovation de la Beaujoire à laquelle il a eu droit lors de sa première entrée en jeu mercredi soir face à l’OM, l’attaquant a visiblement été pardonné sur les bords de Loire. « Désolé pour ce que j’ai fait à l’époque, mais au moins les Nantais savent que s’il y a quelque chose, je suis là. Je suis avec vous ! », sourit-il. Le hasard a voulu qu’un Ajaccio-Nantes soit placé six jours après l’arrivée de l’international algérien à la Jonelière : il faut reconnaître que le calendrier frappe juste. Presque aussi bien qu’Andy Delort ce 11 mars 2011.

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Par Jérémie Baron, à Nantes

Tous propos recueillis par JB

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