- Coupe de France
- 32es
- Fontenay-PSG
Fontenay : coucou, c’est Renou
Tombeur de Châteauroux au tour précédent, le Vendée Fontenay Football s’apprête à défier le Paris Saint-Germain samedi soir, au stade de la Beaujoire de Nantes. Mais derrière l’histoire du club de National 3 se cachent des destins croisés : ceux de deux frangins, Enzo et Noah Renou, qui, 24 ans après leur père Willy, ont permis à leur équipe de se hisser jusqu’aux 32es de finale de la Coupe de France.
29 novembre 2025, stade Emmanuel-Murzeau de Fontenay-le-Comte. 85e minute. Entré une quinzaine de minutes plus tôt, Enzo Renou crucifie Moussa Ba, le portier castelroussin, et parachève un festival offensif. Pensionnaire de National 3, le Vendée Fontenay Football vient de passer quatre buts à Châteauroux (National 1), pourtant grandissime favori de la rencontre. Les secondes s’égrènent, l’arbitre siffle la fin du match. La Vendée exulte. Douze ans après, Fontenay-le-Comte retrouve les joies d’une qualification pour les 32es de finale de la Coupe de France. Et s’offre le luxe d’accueillir le PSG à la Beaujoire de Nantes, samedi soir en prime time. « Nous serons le premier club amateur à affronter Paris depuis son titre de champion d’Europe. C’est exceptionnel », sourit Enzo Renou, qui rêve à 24 ans d’évoluer dans un stade « avec 35 000 personnes », aux côtés de son frère cadet Noah, gardien de but du VFF.
Les sensations sont décuplées quand vous avez deux de vos gamins sur le terrain.
Dans la ville, il flotte pourtant un parfum de déjà-vu. Vingt-quatre ans plus tôt, à une trentaine de kilomètres plus au sud, au stade René-Gaillard de Niort (Deux-Sèvres), un autre Renou avait offert la qualification : Willy. Le père d’Enzo et de Noah, aujourd’hui vice-président du club, avait inscrit le but décisif contre Sedan, alors troisième de Ligue 1, lors des 32es de finale. À la clé, un ticket pour défier l’Olympique lyonnais, qui sera sacré champion de France quelques mois plus tard. Deux épopées. Vingt-quatre ans d’écart. Et un même ciment familial autour de la Coupe de tous les possibles.
« Vingt-quatre ans après, pouvoir revivre ces émotions, c’est juste énorme »
Willy Renou se souvient parfaitement de l’année 2001. « On venait de frôler la catastrophe au tour précédent contre Concarneau », alors en National 3, une division en dessous de Fontenay. « On est passés par un trou de souris pour se qualifier. Ce n’était franchement pas glorifiant. » Mais les épopées naissent souvent dans la difficulté. Au tour suivant, Fontenay renvoie Sedan à la maison. « C’était un an après le grand parcours de Calais en Coupe de France (qui s’était incliné 1-2 en finale contre Nantes au Stade de France, après avoir notamment éliminé Bordeaux et Strasbourg, NDLR), rappelle-t-il. On a réussi l’exploit de sortir une équipe évoluant à plus de deux divisions au-dessus de nous. Ce n’était jamais arrivé dans l’histoire du club. »
<iframe loading="lazy" title="Coupe de France : La Vendée derrière Fontenay !" width="500" height="281" src="https://www.youtube.com/embed/z8Ov1uG5pfg?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" allowfullscreen></iframe>
Derrière, la célèbre émission Téléfoot de TF1 invite les Fontenaisiens sur son plateau. « On avait pris le train à 4 heures du matin pour monter à Paris, c’était la folie », se souvient Willy. S’ensuit une défaite aux tirs au but contre l’OL, « qui venait de claquer 3-0 au Bayern Munich ». Dans la famille Renou, l’histoire se raconte comme une légende. « On en a toujours parlé », reconnaît Noah, 22 ans, lui qui, comme son frère, n’était pas encore né à l’époque. Alors forcément, pour Willy, « revivre ces émotions 24 ans après, c’est incroyable ». D’autant que le cru 2025 s’est déjà offert son moment mythique. « Au 6e tour, on se qualifie contre Cholet (Régional 2) au bout du 40e tir au but. On aurait dû finir ce match bien plus tôt, pour s’éviter la peur de la mort subite. On a eu très, très chaud, grimace Noah, dans les cages ce soir-là. Contre les équipes inférieures, on n’a pas l’habitude de célébrer. Mais là, on a laissé éclater la pression. On est rentrés dans l’histoire. » Comme un air de déjà-vu.
La fierté de toute une famille
Willy Renou l’admet sans détour : « Les sensations sont décuplées quand vous avez deux de vos gamins sur le terrain ». Dans la famille, on est footballeur de père en fils. Même le petit dernier, Maël, garde les cages des U15. « À la maison, on parle beaucoup de foot, au grand dam de Delphine, ma femme », souffle Willy. Elle aussi aide au club : « Elle est présente sur les terrains le dimanche. » À Fontenay-le-Comte, depuis la qualification, on ne parle que des Renou. « Ça rappelle des souvenirs à tout le monde, même si ce n’est pas que notre histoire, c’est surtout celle du club », glisse Enzo, reconnaissant que cette aventure familiale fait « le bonheur des grands-parents et des cousins-cousines. Jouer la Coupe de France avec mon frère, 24 ans après notre père, c’est incroyable. »
La génération 2001 a éliminé une Ligue 1. Il faudra jouer les coups à fond, comme il y a 24 ans.
Mais entre 2001 et 2025, le contexte a bien changé. « Même si l’OL allait débuter sa série de titres, Paris est dans une autre dimension. C’est mondial. Même en Asie, ils vont savoir qu’ils vont jouer Fontenay-le-Comte », sourit Willy. Et même s’ils ne se font « pas trop d’illusions » quant à leurs chances, les frères Renou comptent bien s’inspirer de leur père. « La génération 2001 a éliminé une Ligue 1, rappelle Noah. Il faudra jouer les coups à fond, comme il y a 24 ans. » Willy a quelques conseils à distiller : « Il ne faut pas jouer le match avant le coup d’envoi. On vit des semaines de folie, mais une fois Paris passé, il n’y aura plus que le National 3. Il faudra vite rebasculer. »

L’histoire locale se souvient toutefois qu’il y a 24 ans, Willy Renou avait raté son penalty lors de la séance de tirs au but contre l’OL. Un signe prémonitoire, au vu des parallèles entre les deux générations ? « On ne va pas en parler, sourit l’intéressé. Mais l’anecdote est marrante. » Contre le PSG, Enzo et Noah Renou ne pourront pas compter sur leur père pour jouer les remplaçants de luxe. À eux, 24 ans après Willy, d’écrire un nouveau chapitre de la légende des Renou et du Vendée Fontenay Football.
La prémonition de Luis Enrique s’est presque réaliséePar Clément Gousseau
Tous propos recueillis par CG.
Photos : Happyzoom/Vendée Fontenay Football



























