Les 10 dates clés du retour du grand Barça

→ L’enchaînement des débâcles européennes (2018, 2019, 2020)

Avant de commencer une reconstruction, il faut parfois toucher le fond pour prendre conscience que plus rien ne va. À Barcelone, cet apprentissage a été brutal. Le 14 août 2020, à Lisbonne, lors du Final 8 de la Ligue des champions, les Blaugrana subissent l’une des défaites les plus humiliantes de leur histoire : 8-2 face au Bayern Munich. Certes, le Bayern post-Covid était une véritable machine de guerre. Mais quand on compte Lionel Messi dans ses rangs, une telle débâcle relève de la faute professionnelle. Surtout à la lumière des campagnes européennes des années précédentes.

Lors de la saison 2017-2018, juste après le départ de Neymar, les hommes d’Ernesto Valverde affrontent l’AS Roma en quarts de finale. Un tirage largement à leur portée. Et pourtant ! Malgré une victoire 4-1 à l’aller au Camp Nou, les Romains renversent la situation au retour, s’imposent 3-0 chez eux et éliminent le FC Barcelone. La belle époque où le but à l’extérieur faisait encore la différence. L’année suivante, animés par un esprit de revanche, les Blaugrana atteignent les demi-finales, face à Liverpool. À nouveau à domicile à l’aller, ils infligent un 3-0 aux Reds. Mais une semaine plus tard, le 7 mai 2019, survient le miracle d’Anfield : doublé de Divock Origi, doublé de Georginio Wijnaldum. Un vrai déclin.

→ 27 mai 2019 : la défaite cuisante de Manuel Valls

Que se serait-il passé si Manuel Valls était devenu maire de Barcelone ? Personne n’aura heureusement eu à le savoir puisque l’ancien Premier ministre français a perdu son pari au printemps 2019 en échouant à la quatrième place avec 13,2% des voix récoltées et 6 des 41 conseillers municipaux, derrière notamment le parti indépendantiste de la Gauche républicaine (ERC) et le parti de la gauche radicale Podemos. Deux ans plus tard, en 2021, il quitte son poste de conseiller municipal pour revenir en France dans le costume de chroniqueur. Le bonheur des uns fait le malheur des autres.

→ 31 juillet 2020 : une bonne pioche venue de Las Palmas

Après cette humiliation en mondovision, le FC Barcelone doit tout revoir. À commencer par son effectif : augmenter la qualité, réduire la masse salariale, rajeunir l’équipe. Le 2 septembre 2019, le club catalan trouve un accord avec Las Palmas pour le transfert d’un jeune talent prometteur, un certain Pedri. Prêté toute la saison à son club formateur, l’Espagnol débarque dans la ville de Gaudí quelques jours seulement après le fiasco munichois, à l’été 2020. Malgré ses 17 ans à l’époque, il est immédiatement intégré au collectif et dispute 37 des 38 matchs de championnat. Rapidement adopté par les supporters, il est aujourd’hui quasiment considéré comme un produit de la Masia qu’il n’est pas. La première pierre de la reconstruction, c’est peut-être bien lui. En plus, il se retrouve dans la même équipe que Martin Braithwaite.

→ 7 mars 2021 : adios Bartomeu, bienvenido Laporta

En conflit avec les cadres du vestiaire – notamment Lionel Messi –, en désaccord avec les socios et en grande difficulté face à la situation financière du club, Josep Maria Bartomeu n’est plus le bienvenu au FC Barcelone. Mais, tel une moule accrochée à son rocher, il lutte coûte que coûte pour garder son poste. Pour l’en déloger, les supporters-actionnaires (socios) lancent une motion de censure, recueillant 16 500 signatures. Jusqu’à la veille de sa démission, il continue d’affirmer qu’il ne veut pas partir, estimant que ce serait le pire moment pour abandonner le club. Le 27 octobre 2020, il quitte officiellement la présidence, laissant le poste vacant jusqu’aux prochaines élections. Quelques mois plus tard, après une campagne bien menée, Joan Laporta est (encore) élu nouveau président du FC Barcelone. Il promet de redresser rapidement le club. Une reconstruction annoncée comme urgente, mais qui prendra malgré tout un certain temps… avant de porter ses fruits.

→ 2022 : la magie des leviers

Alors, oui, 2022 reste une année contrastée pour le Barça. Les Blaugrana peuvent se faire sortir par l’Eintracht Francfort en quarts de finale de Ligue Europa et taper le Real Madrid 4-0 un mois plus tard (avec un doublé de Pierre-Emerick Aubameyang et deux passes décisives d’Ousmane Dembélé). Surtout, le club doit encore et toujours traîner sa gestion financière douteuse comme un boulet. Joan Laporta décide alors de multiplier les fameux leviers économiques pour éponger une partie des dettes. Hop, le sacrifice de 49,9% de ses licences et de son merchandising ; hop encore, la vente de 25% de ses droits TV en Liga sur une période de 25 ans pour récupérer de l’argent frais. Des petites astuces essentielles pour attirer deux joueurs, Robert Lewandowski et Raphinha, alors que le Barça aura encore connu des galères pour inscrire Dani Olmo cet été comme cet hiver. Il faut souffrir, pour être beau.

→ 15 février 2023 : place à l’affaire Negreira

La vie du Barça n’a pas été un long fleuve tranquille, ces dernières années, et les crises ont été nombreuses. Ce 15 février 2023, la Cadena SER dévoile le contenu de certains documents selon lesquels le FC Barcelone aurait arrosé José María Enríquez Negreira, le numéro 2 du comité technique des arbitres, lançant un scandale de concussion qui va durer, durer et encore durer. En mai 2024, le club catalan pousse un ouf de soulagement après avoir été relaxé par le tribunal de Barcelone. Le feuilleton n’est cependant pas tout à fait terminé aujourd’hui, puisque les deux anciens boss du Barça, Josep Maria Bartomeu et Sandro Rossell, doivent respectivement comparaître les 17 et 30 juin prochains.

→ 14 mai 2023 : une Liga de plus dans l’armoire

Voilà quatre ans que le Barça attendait cela. Quatre ans sans titre de champion, ce n’est rien pour l’immense majorité des clubs, mais c’est très long quand on en a collectionné huit sur onze éditions entre 2009 et 2019. C’est un FC Barcelone sacré… grâce à sa défense ! Pour changer, la bande dirigée par Xavi ne brille pas par sa force offensive, mais par son rideau de fer qui a seulement concédé 20 buts en 38 rencontres. Le premier étage de la fusée est terminé, enfin.

→ 20 août 2023 : du Camp Nou à Montjuïc

Dans quelques jours, cela fera deux ans que le Barça n’a plus joué dans son mythique Camp Nou. Le stade historique, inauguré en 1957, était jugé vétuste, notamment en raison de l’absence de toiture et d’infrastructures modernes adaptées aux standards actuels. Le projet de rénovation, baptisé « Espai Barça », vise à transformer le Camp Nou en une enceinte ultra-moderne, plus durable et écoresponsable, avec une capacité portée à 105 000 places. Le stade olympique Lluís Companys de Montjuïc accueille donc les représentations du Barça depuis quasiment deux ans et on retiendra sûrement que l’équipe de Hansi Flick s’est construite ici. En attendant de voir, enfin, Lamine Yamal au Camp Nou, dont la fin du chantier est prévue à l’été 2026.

→ 24 mai 2024 : le vrai faux vrai départ de Xavi pour laisser la place à Flick

Sans vouloir faire offense à Xavi, force est de constater qu’il a été meilleur joueur qu’entraîneur. Arrivé le 27 octobre 2021 en remplacement de Ronald Koeman, et quelques semaines après le départ forcé de Lionel Messi, il a su tenir la barre contre vents et marées pendant deux ans et demi. Mais la saison 2023-2024 était peut-être celle de trop. Avec un niveau de jeu stagnant, les perspectives d’avenir se réduisent. En janvier 2024, après une lourde défaite face à Villarreal 5 buts à 3, il annonce son intention de quitter le club à la fin de la saison. Mais après une bonne dynamique en avril, il revient sur sa décision, et affirme qu’il veut rester !

La direction barcelonaise n’a eu que faire de ses changements d’opinion. Pour elle, il fallait évoluer pour passer un cap. Alors ils ont pris la décision de le remplacer par un entraîneur aux principes de jeu affirmés : Hansi Flick. Celui-là même qui, en août 2020, avait infligé au Barça l’une des plus grandes humiliations de son histoire, s’est vu confier la mission de restaurer le blason blaugrana qu’il avait lui-même terni. Et pour une première saison, les débuts sont plus que prometteurs.

→ 2024-2025 : le Real Madrid redevient le petit du Barça

Au cours de cette même saison, les deux meilleures équipes d’Espagne se sont affrontées à quatre reprises – pour quatre victoires blaugrana, toutes marquantes. Le 26 octobre 2024, comme en 2022, les coéquipiers de Pedri s’imposent 4-0 sur la pelouse du Santiago-Bernabéu, dominant les champions d’Espagne et d’Europe en titre, renforcés pourtant par l’arrivée de Kylian Mbappé. Le 12 janvier 2025, en finale de la Supercoupe d’Espagne, les Barcelonais écrasent le Real Madrid 5 buts à 2, ne leur laissant aucun espoir de titre.

En finale de la Coupe du Roi, le scénario est bien plus disputé. L’équipe de Carlo Ancelotti mène 2-1 à six minutes de la fin, avant que Ferran Torres n’égalise. Jules Koundé scelle le sort du match en prolongation d’une frappe limpide depuis l’extérieur de la surface. Enfin, pour le quatrième et dernier choc, le rendez-vous est donné à Barcelone. Si les locaux l’emportent, ils se rapprochent grandement du sacre en Liga ; en cas de victoire madrilène, la course au titre est relancée. Dans un match complètement fou, les Blaugrana s’imposent 4-3, scellant presque définitivement leur triomphe en championnat. Une domination totale.

→ 13 juillet 2007 : la naissance de Lamine Yamal

Autant finir par le début. Parce que, franchement, c’est peut-être bien la date la plus importante à retenir pour comprendre la nouvelle magie de ce Barça.