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Comment arrêter la folie autour de l’arbitrage français ?

Par Enzo Leanni
6 minutes

Les arbitres pensent être critiqués de toutes parts. Les dirigeants, entraîneurs, joueurs et supporters estiment que leur club est visé par un grand complot. Les instances ne s’en sortent pas et les hommes et femmes en noir se retrouvent donc encore plus dans l’œil du cyclone. Voici quatre conseils pour enfin stopper ce cercle vicieux.

Comment arrêter la folie autour de l’arbitrage français ?

→ Ne plus tomber dans la paranoïa

Non, l’Olympique de Marseille n’est pas victime de « corruption ». Pas plus que le Real Madrid. Le Paris Saint-Germain, le Stade brestois, l’AS Monaco, l’Olympique lyonnais, Liverpool, le FC Barcelone, le Club Bruges, Côme non plus. Que les supporters se croient victimes d’un gigantesque complot étatique touchant directement leur club de cœur est une chose, que les dirigeants s’y mettent aussi est bien plus problématique. Quand Pablo Longoria hurle son mécontentement après l’arbitrage de Jérémy Stinat, une digue s’effondre et laisse le grand public penser que l’OM est effectivement ciblé à tort. Inutile de perdre du temps à revoir les actions polémiques, elles sont trop nombreuses, puisque le moindre corner est sujet à débat.

Penser être au cœur d’un complot témoigne d’un certain égocentrisme. Celui-ci même qui fait voir le carton rouge adressé à Derek Cornelius contre Auxerre, mais qui, a contrario, fait bien vite oublier celui qu’aurait pu récolter Pierre-Emile Højbjerg face à Saint-Étienne seulement une semaine plus tôt. Ce manque de recul empêche de se rendre compte que l’OM se sent floué par l’AJ Auxerre, qui elle-même pensait être arbitrée comme une petite équipe face à l’OL, alors que les Gones fustigaient le supposé traitement de faveur accordé au PSG, qui fantasme toujours les plus grands scandales arbitraux pour expliquer ses contre-performances sur la scène européenne… Ils n’ont pas tous le même maillot, mais ils ont tous la même passion : se prendre pour Calimero.

→ Mieux communiquer

Il n’y a pas besoin d’avoir suivi de thérapie de couple pour savoir que la base d’une relation saine est la communication. « On peut dire ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, ce dont on a envie, ce dont on n’a pas envie. Il faut pouvoir poser ses limites, et il faut que ton partenaire les respecte », théorise le bien nommé site de référence Comment on s’aime. Le problème entre les arbitres et les autres acteurs du foot français, dirigeants, entraîneurs, joueurs et même supporters, réside dans ce dialogue quasi entièrement rompu. Sur le terrain, seuls les capitaines sont censés parler à l’homme en noir, mais la règle est rarement respectée quand, au moment d’une action litigieuse, six joueurs se ruent sur lui à toute vitesse pour demander un carton ou un penalty. Pour riposter, l’arbitre enfile son chapeau de cow-boy et décide de les regarder de haut sans expliquer la moindre décision.

Une fois le coup de sifflet final retenti, les échanges ne sont pas forcément meilleurs. Alors que beaucoup de spectateurs aimeraient entendre les explications après chaque rencontre, Clément Turpin expliquait, en 2018, dans un entretien à So Foot, pourquoi les arbitres ne s’expriment pas davantage publiquement : « Des fois, la situation est tellement explosive que prendre la parole à chaud, sur un sujet délicat, malheureusement, un mot ou une phrase pourrait davantage empirer la situation plutôt que la calmer. Et je ne suis pas un expert en communication. Ce n’est pas mon cœur de métier. » En 2023, on pensait le problème réglé, après plusieurs interventions sur les plateaux de Prime Vidéo d’arbitre venant analyser leur prestation, mais cela a été vite arrêté et rien n’a vraiment évolué. Même si on salue l’ouverture récente dont on a pu profiter avec des entretiens avec Jérôme Brisard et Stéphanie Frappart.

→ Cesser le corporatisme

Cette absence de communication vient également du fait que les deux parties restent constamment campées sur leur base. Après le coup de sang de Pablo Longoria, 111 arbitres professionnels sont montés au créneau et ont participé à une plainte collective contre le président de l’OM. En plus du Syndicat des arbitres du football d’élite (SAFE), celui de l’Union nationale des arbitres de football (Unaf), qui regroupe pros et amateurs, a exprimé son « choc », ce mercredi. Heureusement, les clubs de Ligue 1 n’ont pas participé à ce duel corporatiste, en mettant plutôt en cause les propos de l’Espagnol, ou en décidant de ne pas surenchérir. Le silence est d’or.

Pour éviter de se livrer à ces querelles de clocher, tout le monde est invité à faire un pas vers l’autre. La Direction de l’arbitrage a déjà fait un effort, qui pourrait même régler le problème de communication, en publiant sur le site de la FFF des rapports analysant les décisions litigieuses chaque semaine. Ces explications ne sont pas vaines, puisque plusieurs acteurs interrogés par L’Équipe se montrent plutôt satisfaits, à l’image d’Antoine Kombouaré. « Cette transparence est très importante et renforce ma confiance en l’arbitrage, pour lequel ces débriefs représentent donc une grande avancée. Bien sûr, on peut ne pas être d’accord sur une interprétation ou une autre. Mais le fait d’expliquer les décisions permet d’éviter pas mal d’incompréhensions et de conflits. En plus, le fait que les arbitres soient jugés publiquement leur fait savoir qu’ils sont scrutés, comme nous. Et c’est très positif. » Eh oui, tout le monde se retrouve dans le même bateau.

→ Ne pas prendre exemple sur les pays étrangers

L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Si certains estiment que l’arbitrage est meilleur dans les autres grands championnats européens, les réactions, elles, sont identiques. Mécontent de ne pas pouvoir régner seul en maître chaque saison, le Real Madrid pense que les instances du football espagnol préfèrent favoriser Osasuna, modeste douzième de Liga qui n’apporte sans doute pas le millième de popularité de la bande de Mbappé, et l’a fait savoir dans un communiqué aussi incendiaire que parano fustigeant la « corruption » du système. Voici les puissants devenir tout à coup antisystème lorsque leur petite personne est touchée. Hansi Flick, entraîneur du Barça qui a repris la première place après l’affaire, s’est montré docile en critiquant l’attitude pyromane du rival… jusqu’à ce que les décisions s’inversent.

En Angleterre et en Italie, les polémiques vont également bon train. Ces dernières semaines, sentant peut-être le vent tourner sportivement, Arne Slot s’est plaint à plusieurs reprises de l’arbitrage dont serait victime son Liverpool, en tête de Premier League avec seulement onze points d’avance. Les Reds ont notamment remis en cause les décisions de Michael Oliver face à Everton, marquée par un but accordé dans les derniers instants et une distribution de cartons dans la bagarre qui a suivi. Pour éviter les controverses, l’Anglais a été éloigné des terrains la semaine suivante et envoyé dans le camion VAR. La Serie A n’est pas exempte de débats animés inutiles. Dès octobre, la Gazzetta dello sport pointait du doigt les 16 erreurs d’arbitrage du championnat après seulement sept journées. Milan s’est plaint, l’Inter s’est plainte, la Juve s’est plainte, Naples s’est plaint, le Torino s’est plaint, histoire de montrer que ce foutu complot touche vraiment tout le monde.

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Par Enzo Leanni

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