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Bleus : une année zéro

Par Clément Gavard, au Stade de France
6 minutes

Le quatrième 0-0 des Bleus en 2024, contre Israël ce jeudi soir, constitue un triste record depuis 20 ans et s’impose surtout comme le symbole d’une année pénible pour l’équipe de France et ceux qui la suivent.

Bleus : une année zéro

Dans l’auditorium du Stade de France, quelques secondes à peine après la fin d’une conférence de presse qui a presque rivalisé avec l’ennui de la rencontre, les vieux routiers de la caravane des Bleus posent une question comme une affirmation : ce France-Israël, bien plus chiant qu’un épisode de Derrick (ou The Walking Dead pour plus de modernité), est-il le pire match de l’ère Didier Deschamps ? Cela ne fait aucun doute, il se situe tout en haut du classement des purges des douze dernières années, avec en prime une ambiance aussi pesante que triste. Allez, si, peut-être que le France-Luxembourg du 3 septembre 2017 à Toulouse (un 0-0 aussi) peut lui disputer la première place de ces matchs qu’on aimerait oublier, mais qu’on ne peut pas tant ils ont été un sommet de nullité. À cette époque, les Bleus n’avaient pas de deuxième étoile floquée au-dessus du coq et Olivier Giroud, Antoine Griezmann, Kylian Mbappé, ou encore le duo Paul Pogba-N’Golo Kanté figuraient tous dans le onze de départ. Voilà l’espoir qu’à l’ennui absolu peut succéder un jour de gloire quelques mois plus tard, mais, en vérité, le match de jeudi soir a surtout été le symbole d’une année comme aucune autre pour l’équipe de France de Deschamps. Dans le mauvais sens du terme, bien sûr, puisqu’il y a des chances pour que 2024 soit le moment le plus désagréable de cette ère déjà trop longue et le cru le moins savoureux de son mandat.

On avait ces six matchs de Ligue des nations avec la volonté de voir beaucoup de joueurs, évidemment ça ne va pas dans le sens de l’expression collective, mais c’était le moment de le faire, quitte à avoir un contenu de match qui n’est pas au mieux.

Didier Deschamps

Foire aux 0-0 et année fantôme

Le coup de sifflet final, et donc le soulagement, était à peine arrivé que les statisticiens d’Opta ont dégainé la première stat’ qui fait mal : les Bleus ont signé contre Israël leur quatrième 0-0 depuis la Saint-Sylvestre après ceux contre le Canada, les Pays-Bas et le Portugal, soit le plus haut total sur une année civile depuis 2004 (5 à l’époque), à une période où le jeune technicien Deschamps n’était pas passé loin de ramener la Ligue des champions à Monaco. Vingt ans plus tard, le sélectionneur n’est plus un novice et n’est pas du genre à lâcher des énormes scoops ou des punchlines devant les médias. Ce record de double bulle depuis deux décennies vient-il illustrer l’année la plus pénible de son règne ? « Je vous laisse la question, c’est à vous de juger. Qu’on ait fait des 0-0… À partir du moment où on ne marque pas, on ne prend pas de buts aussi… Mais je ne vais pas me contenter de ne pas en prendre. » Une réponse à la DD.

Un confrère a tenté de prendre le pouls autrement, évoquant l’absence de « match référence » en 2024 et formulant une question assez simple : que voulez-vous retenir de cette drôle d’année ? « Je ne sais pas, vous retiendrez chacun ce que vous avez envie de retenir.  » Oui, mais vous ? « Après, on peut faire un bilan de l’année, vous pouvez analyser comme vous voulez. Oui, ça n’a pas été simple, ça ne l’est jamais. Il y a eu des complications, malgré tout, vous savez ce qu’on a réalisé en juin. On avait ces six matchs de Ligue des nations avec la volonté de voir beaucoup de joueurs, évidemment ça ne va pas dans le sens de l’expression collective, mais c’était le moment de le faire, quitte à avoir un contenu de match qui n’est pas au mieux. Je ne vais pas dire que ce point me satisfait, mais ça permet d’assurer une qualification pour les quarts, avec un dernier match contre une équipe d’Italie qui nous avait fait mal au Parc des Princes.  » La fin efface toujours les moyens et, le plus important, ce serait donc le match d’après.

Désamour et des emmerdes

Il faut pourtant se rendre à l’évidence, il ne reste déjà que très peu d’images, pour ne pas dire aucune, de cette année 2024 pour l’équipe de France de foot. Aucun moment à picorer, même pas la joie toute relative provoquée par la séance de tirs au but remportée contre le Portugal dans un Euro où les Bleus ont réussi à atteindre le dernier carré, sans que leur parcours et leur histoire ne soient destinés à rester dans les mémoires. C’est peut-être à quoi doit ressembler la fin d’une génération, celle de Hugo Lloris, Raphaël Varane, Olivier Giroud ou Antoine Griezmann, le dernier retraité en date qui était le visage d’une équipe de France qui avait chassé les démons de Knysna. On ne sait pas encore ce que peut représenter Kylian Mbappé dans les années à venir (ou même les mois), s’il est un capitaine qui va abandonner la flotte bleue ou s’il a simplement besoin d’une parenthèse pour redevenir une icône nationale. L’attaquant du Real Madrid va dans tous les cas boucler 2024 avec deux buts en sélection (un contre le Luxembourg en amical et un penalty contre la Pologne), son pire bilan depuis sa première année, en 2017 (1 pion en 10 apparitions).

Les visages de l’ennui hier peuvent aussi être ceux de la joie demain, qui sait, puisqu’il faut tout de même rappeler que Bradley Barcola, Michael Olise et Eduardo Camavinga n’ont que 22 ans, et que Warren Zaïre-Emery en a 18. Il faut s’accrocher à cela, mais il faut aussi redouter l’indifférence de ceux qui ont envie d’aimer l’équipe de France, des spécialistes au grand public. On ne peut pas mettre la plus faible affluence de l’histoire de l’enceinte dionysienne sur ce compte-là (16 611 spectateurs ce jeudi soir), surtout qu’ils étaient encore près de cinq millions devant leur téloche (contre 3,98 millions le mois dernier pour l’aller), sans que l’on ne sache combien ont fini par roupiller. Il va quand même falloir entretenir ce lien, le chérir, et cela ne peut pas passer par un capitaine qui souffle que l’avis des gens est le cadet de ses soucis ou d’un sélectionneur qui invite les mécontents à zapper. Sur le papier, un Italie-France à San Siro pour finir l’année a quelque chose de séduisant, on a envie d’y croire, mais d’autres choisiront peut-être de changer de chaîne dimanche soir pour découvrir Pupille sur France 2 ou se mettre Titanic pour la centième fois sur TMC. Ce serait l’assurance, au moins, de passer un bon moment devant un naufrage.

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Par Clément Gavard, au Stade de France

Propos recueillis par CG

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