Euro 08 – France : Bleus de chauffe ?
Pour l'instant, Raymond Domenech a tout bon. Les Bleus se sont préparés à Tignes, à la jurassienne : pour gagner dans les alpages, faut s'entraîner dans les alpages ! Il a aussi procédé à un rite sacrificiel inédit : l'éjection style Apocalypse Now, par hélicoptère, de sept joueurs du stage alpestre.
« Le plus sale moment de ma carrière » , pleurait Crocodile Raymond en conférence de presse. Ailleurs, les Raul, Seedorf, Bratu, Montolivo, Hildebrand ont subi pareil sacrifice. Sauf que Domenech a frappé beaucoup plus fort : sept d’un coup ! Juste avant l’heure ultime de communiquer sa liste à l’UEFA…
Ce procédé « inhumain » breveté par Aimé Jacquet à Clairefontaine avait soudé (coagulé ?) les Bleus de 98, avec le résultat qu’on connaît. Donc Ray est dans le vrai…Et puis l’ambiance est malgré tout au top : le coach adjoint Pierre Mankowski n’a trouvé aucune caméra Super 8 dans les chambres des joueurs. Donc aucun risque de revivre un autre Substitute, déstabilisateur des gentils Bleus…
Raymond cultive l’humilité ambiguë ( « L’Italie est le favori de l’Euro, bien sûr. C’est l’équipe qui a la plus grande expérience, avec des joueurs de talent et à forte mentalité. Mais notre objectif, c’est de gagner la finale » ) pour mieux dissimuler sa confiance absolue quant à l’issue du tournoi.
Message relayé par William Gallas : « On a été en finale du Mondial 2006, alors en dessous de la finale de l’Euro, ce serait un échec, même si un Euro c’est plus difficile qu’un Mondial » . On l’a compris : la France fera mieux qu’en 2006. Avec victoire au bout, donc ?…
A condition de s’extirper d’abord du groupe de l’Amour ! Dans leurs poules éliminatoires, Roumanie et Pays-bas ainsi que France et Italie ont juste flirté. A l’Euro, va falloir conclure…C’est jouable vu que le groupe France est l’un des tout meilleurs du plateau. Surtout avec cette bande de vieux loups qui ont très peu joué cette saison : Henry, Makélélé, Vieira, Sagnol ou Coupet. En principe, ça devrait mordre. Faudrait juste éviter les remix-cagades du 3ème âge à la Desailly-Lizarazu lors de l’Euro 2004… En marge des Cartes Vermeil, une chouette relève post-2006 frappe à la porte avec Nasri, Benzéma, Lassana Diarra, ainsi que les deux surprises du chef, le gardien Mandanda et l’attaquant Bafé Gomis.
Pour le système de jeu, invitez Robert Pirès et il douchera les nostalgiques du carré magique et du foot champagne : « On sait bien qu’avec Domenech c’est tout dans la défense, il faut bétonner. C’est pas trop le football qui me plaît, mais si c’est efficace… » Pour sûr ! En 4-4-2 ou en 4-2-3-1, le carré magique des Bleus 2008, ce sont les deux paires axiales Vieira (?)-Makélélé (en milieu) et Gallas-Thuram (en défense) : le cœur de cette équipe a des pulsations de Cerbère. Même chenil sur les côtés, avec Malouda ou Govou en chiens de ferme appliqués et l’irrésistible Ribéry, vrai chien fou, çui-là !
En attaque, selon Ray divin, pas de bouleversement cosmique : Thierry Henry est l’astre galactique absolu. En 2008, il récite les mêmes Evangiles qu’en 2004 : « Aujourd’hui, si tu veux déstabiliser ton adversaire, il faut que tu exploites au maximum les qualités de Titi, il faut donc aller plus vite devant. Thierry, il prend le ballon vite, accélère ou alors joue dans l’espace » . Sauf que Sirius Henry a méchamment décliné dans le ciel catalan au point que même Guardiola, nouveau coach du Barça, a affirmé qu’il ne serait pas titulaire la saison prochaine.
S’en fout, Merlin Raymond ! Son Titi solaire reste toujours au zénith : « Si vous voulez voir le vrai Thierry Henry, achetez le DVD de l’Euro 2008, ce sera mieux. Je préfère qu’il soit moins bien maintenant qu’au mois de juin » . Un pour tous et tous pour Henry ! Et tant pis pour Anelka (livreur de pizzas du Titi ) qui se décarcasse et qu’on congédiera à la 75ème pour laisser place à un Benzéma bombardé Sauveur de la Patrie quand elle sera menée 1-0, voire le contraire…
L’équipe de France est amoureuse des Îles Féroé, elle est capable de taper l’Italie championne du monde en éliminatoires (3-1, 0-0) mais de se vautrer face à l’épouvantail écossais (0-1, 0-1)… Une équipe super cotée mais sans bons centreurs (hormis Sagnol), nulle pour marquer de la tête mais qui se passe d’un tueur des surfaces comme Trézeguet. Et si Raymond avait tout faux ?
Par Chérif Ghemmour
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