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Bleus : Que retenir de cette fenêtre internationale ?
Une place sur le podium de la Ligue des nations, organisation offensive, fébrilité défensive, débuts de Rayan Cherki, statuts de Lucas Chevalier et Kylian Mbappé... Même si l’enjeu sportif de cette trêve internationale n’était pas conséquent, quelques enseignements sont à mettre en avant.

→ Un mois de juin peu motivant
Soyons honnêtes : aussi agréable soit-elle sur le papier, difficile d’être investi à 100 % dans cette Ligue des nations (que ce soit en tant que supporter ou joueur). La petite finale opposant la France à l’Allemagne – disputée en même temps que la finale de Roland-Garros – avait d’ailleurs tout du match de trop. Entre les blessures, la victoire du PSG en Ligue des champions, les vacances anticipées de certains et la Coupe du monde des clubs à venir pour d’autres, cette trêve s’est drôlement glissée au milieu de tout ça. L’épuisement physique ou mental se fait sentir, et l’enjeu moindre des rencontres ne facilite pas la mobilisation collective.
→ Il faudra compter avec Rayan Cherki
Le score final spectaculaire face à l’Espagne (5-4) ferait presque oublier que les Bleus ont frôlé la débâcle face à la Roja, qui a un temps mené 4-0 avant de lever le pied. Heureusement, Rayan Cherki est entré en jeu pour insuffler du panache à une défaite qui aurait pu virer à l’humiliation historique. Le Lyonnais, annoncé en partance pour Manchester City dans les prochains jours, a été à l’origine de trois buts en une demi-heure (dont une sublime réalisation à distance qui restera dans les mémoires).
En quelques minutes, Cherki a suscité fantasmes et espoirs en rappelant aussi bien la première entrée en jeu de Zinédine Zidane face à la Tchéquie en 1994 que celle de Marvin Martin face à l’Ukraine en 2011. Sa prestation face à l’Allemagne a en revanche été clairement moins pimpante, avec plusieurs pertes de balle dangereuses et un net effacement en seconde période, confirmant qu’il est encore un peu tôt pour voir en lui un vrai titulaire. Qu’importe : le Gone apporte créativité et audace, enrichissant le banc déjà qualitatif des Bleus qui pourrait bien devenir l’une des grandes forces de Didier Deschamps dans les mois à venir.
→ Des gagnants et des perdants très clairs derrière
On dit souvent que les absents ont toujours tort, mais ce mois de juin a clairement contredit l’adage. Dayot Upamecano, Jules Koundé et William Saliba ont pu dormir sur leurs deux oreilles ce jeudi, tant leurs remplaçants ont peiné à convaincre face à l’Espagne. La charnière Clément Lenglet-Ibrahima Konaté, épaulée par Pierre Kalulu à droite, a pris l’eau de toute part. Alors, les Bleus sont-ils devenus dépendants des trois briscards qui avaient cartonné lors du dernier Euro ? Contre l’Allemagne, les prestations plus rassurantes de Malo Gusto et Loïc Badé en seconde période ont permis d’éviter un nouveau naufrage. Mais à l’heure actuelle, il est encore compliqué de les imaginer comme autre chose que des solutions de rotation. Le milieu de terrain n’a pas non plus toujours aidé, Aurélien Tchouaméni et Adrien Rabiot connaissant notamment des passages à vide durant les matchs plus ou moins importants. On peut encore le tolérer en Ligue des nations, beaucoup moins lors d’une Coupe du monde.
→ Quelle formule offensive peut fonctionner ?
À un an de la World Cup, une certitude émerge : le principal défi de Didier Deschamps, et pas des moindres, sera de réussir la cohabitation de ses nombreux talents offensifs. Face à l’Espagne, « DD » a tenté un schéma audacieux à quatre attaquants, avant d’aligner contre l’Allemagne un trio surprenant Randal Kolo Muani-Marcus Thuram-Kylian Mbappé, contraint en partie par les absences. Mais ira-t-il au bout de cette logique offensive, quitte à bousculer ses principes d’équilibre et de rigueur défensive qui ont façonné son mandat ?
Cette fois, le sélectionneur bénéficie d’un luxe qu’il n’avait pas avant l’Euro 2021 et l’intégration tardive de Karim Benzema : du temps. Des choix s’imposeront, probablement. Marcus Thuram, une nouvelle fois décevant, peine à s’imposer hors du cadre spécifique de l’Inter. Sans oublier l’éléphant dans la pièce : doit-on encore miser sur Kylian Mbappé en numéro 9, lui dont les décrochages incessants perturbent parfois la structure offensive ? Le vivier offensif de l’EDF a de quoi faire baver les nations du monde entier, mais encore faut-il trouver la bonne formule. Et surtout, avoir le courage de l’assumer.
→ Kylian Mbappé et Lucas Chevalier confirmés sans (bien) jouer
Mbappé, justement. Le capitaine des Bleus ne s’est pas forcément montré sous son meilleur jour, mais a continué de soigner ses statistiques en se montrant décisif. Un but et une passe décisive contre la Roja, idem face à la Nationalmannschaft : en plus de marquer dans le jeu pour la première fois depuis un an, le joueur du Real Madrid est également devenu le meilleur passeur de l’histoire de la sélection. De quoi confirmer son statut et son leadership, publiquement entretenu par des prises de parole médiatisées dans le vestiaire. Concernant Lucas Chevalier, la donne est différente puisqu’il est question d’un gardien remplaçant qui représente davantage le futur que le présent. Mais même sans apparaître sur la pelouse, le portier de Lille a pris davantage d’ampleur au sein de l’effectif : à 23 ans, le bonhomme est officiellement devenu le numéro 2 à son poste devant Brice Samba. Toujours bon à prendre, même quand la Coupe du monde semble trop proche pour espérer encore mieux.
Une performance digne de la cérémonie d’ouverture des JO pour le bizutage de Hugo EkitikePar François Linden, avec Florian Cadu