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Les 10 dates de la relation contrariée entre Benzema et Deschamps
Le divorce était inéluctable entre Karim Benzema et l’équipe de France de Didier Deschamps, relation au cœur du procès entre DD et le journaliste Daniel Riolo. Avant de lancer la thérapie de couple, il est nécessaire de revenir sur leurs 13 années plus ou moins communes.
2012-2013 : La confiance pendant la tempête
En août 2012, après un Euro décevant, où il est notamment devenu le joueur le moins prolifique de la compétition, Karim Benzema est bien titulaire sur le front de l’attaque, au Havre, pour la première de l’ère Deschamps. Les matchs s’enchaînent et l’avant-centre du Real Madrid, qui empile pourtant en Espagne, ne trouve toujours pas le chemin des filets. Même s’il se sait constamment sur un siège éjectable après les dernières années sous tension de l’équipe de France, le sélectionneur persiste à l’aligner (11 titularisations sur 13) et à lui donner toute sa confiance, au point de ne parfois pas le sortir pour lui éviter les sifflets. Puis, en octobre 2013, le voilà à la réception d’un centre de Franck Ribéry pour venir planter le sixième clou du cercueil australien. Un simple doigt vers le ciel et une célébration sobre pour le début officiel de l’idylle. Il faut dire que même Yohan Cabaye et Mathieu Debuchy avaient marqué ce jour-là.
2014 : L’enflammade brésilienne
Après deux championnats d’Europe sans éclat et une Coupe du monde 2010 passée sur son canapé, KB9 lance réellement sa carrière internationale à 27 ans. Quoi de mieux que de le faire au Brésil, pays de son idole, R9 ? Après avoir participé à la qualif’ miracle au Mondial 2014 contre l’Ukraine, il est aligné à la pointe du trident français et enchaîne les prestations solides. Quelques jours après avoir remporté sa première Ligue des champions, il colle trois buts et deux passes décisives. Deschamps le laisse donc disputer l’intégralité des minutes de la compétition, jusqu’au fichu quart de finale face à l’Allemagne et la claquette colossale de Manuel Neuer devant l’attaquant bleu.

2015 : La sextape, une affaire plus qu’encombrante
Empêtré dans une nouvelle disette, Benzema arrive à Clairefontaine, en octobre 2015, avec la ferme intention de s’expliquer avec Mathieu Valbuena. Il n’est pas question de parler centre et une-deux avec l’ailier, mais plutôt d’une sextape de ce dernier. Celui qui vient alors de signer à l’OL, club formateur du Nueve, a été rançonné quelques mois plus tôt. Le doublé et la passe décisive de l’avant-centre contre l’Arménie ne laissent pas imaginer qu’il ne portera plus le maillot bleu pendant des années. En novembre, il est placé en garde à vue, puis sous contrôle judiciaire. Le 10 décembre, Noël Le Graët annonce que Benzema n’est plus sélectionnable, « jusqu’à ce que la situation évolue ».
2016 : Le point de non-retour
À l’aube de l’Euro 2016, auquel il sait qu’il ne participera pas malgré le contrôle judiciaire partiellement enlevé, Karim Benzema se livre à Marca et balance que Didier Deschamps a « cédé à la pression d’une partie raciste de la France ». Avec une nouvelle coupe aux grandes oreilles dans sa vitrine personnelle, il ne comprend pas les critères sportifs légitimant son absence, mais assure bien s’entendre avec le sélectionneur et le président de la FFF. « Ce sont des moments très, très désagréables, forcément, parce que ça a des conséquences sur ma famille et ce n’est pas acceptable. […] Ça, je n’oublierai jamais, forcément. On vit avec, mais, à ce moment-là, j’ai considéré que la ligne blanche avait été franchie et quand on franchit la ligne blanche, il y a un point de non-retour », continuait de regretter DD en 2019. Sa maison avait notamment été la cible d’un tag sur lequel était inscrit « raciste ».
2017 : « Aucune chance de revenir »
En novembre 2017, le natif de Lyon croit encore à un retour en équipe de France. Entre la finale de l’Euro 2016 et la Coupe du monde 2018, il se présente sur le plateau de Canal+ et assure : « J’ai envie de gagner quelque chose avec mon pays ». Pas le plus grand communiquant du milieu, Benzema laisse entendre qu’il regrette le manque de communication avec le coach des Bleus et souffle avoir fait un trait sur ses espoirs : « Tant que Deschamps sera sélectionneur, je n’aurai aucune chance de revenir. […] Il ne faut pas être bête. » Et pourtant !
2020 : F1 < Karting
En mars 2020, alors que la France est confinée, le footballeur passe le temps en lançant un live Instagram en compagnie de l’influenceur Mohamed Henni. Devant plus de 110 000 personnes, il rejette les comparaisons avec Olivier Giroud… à sa façon : « Ça va être vite fait : on ne confond pas la F1 et le karting, et je suis gentil. Next. […] Moi, je sais que je suis la F1. » L’egotrip n’est pas le genre préféré du sélectionneur, qui continue de lui préférer l’attaquant titulaire à la Coupe du monde 2018.
2021 : Un retour en grande pompe
Le 17 mai 2021, les rumeurs commencent à affoler les réseaux sociaux. Personne n’ose vraiment y croire. Les critiques ne tardent pas à arriver, tempérant la liesse adverse. Le lendemain, à 20 heures, lorsque sa tête apparaît sur l’écran de TF1 et que Didier Deschamps prononce son nom, c’est officiel : Karim Benzema est de retour en équipe de France ! Qu’est-ce qui a changé depuis 2016 ? « On s’est vu, on s’est expliqué », répond brièvement le sélectionneur. Qu’importe, Benzema est bien là, prêt à disputer l’Euro, durant lequel il inscrira quatre buts et (re)deviendra l’un des éléments clés des Bleus.

2022 : La nuit d’exil
Arrivé à l’âge de la maturité, l’avant-centre arrive enfin à concilier sa vie en club et en sélection : aussi décisif durant la Ligue des nations 2021 que la Ligue des champions 2022, il rafle le Ballon d’or et compte bien rattraper le temps perdu au Mondial. Mais dans la nuit du 19 au 20 novembre 2022, il quitte le Qatar et Didier Deschamps s’en aperçoit seulement au réveil. La veille, le joueur est victime d’une déchirure musculaire au quadriceps gauche. Après la fugue, son sélectionneur lui adresse un message de soutien auquel il répond rapidement avec un émoji cœur. Sans lui, l’équipe de France va de nouveau en finale, mais s’incline, cette fois. Sans doute encore amer, au lendemain de cette défaite, Benzema annonce sa retraite internationale.
2023 : Menteur, menteur
Ça serait évidemment trop simple que l’histoire se termine là. Durant la Coupe du monde, le feuilleton a pris un nouveau tournant lorsque chaque diagnostic était différent. Le staff des Bleus médical et celui du Real n’étaient pas sur la même ligne, tout comme Hakim Chalabi, patron de la clinique Aspetar de Doha, où Benzema a été examiné. Certains, Daniel Riolo en tête, estiment que l’attaquant a été poussé vers la sortie. En mars 2023, Deschamps révèle, dans un entretien au Parisien et au Figaro, les coulisses de cette soirée d’hiver : « Karim est meurtri car cette Coupe du monde représentait beaucoup pour lui. Il me dit : “C’est mort.” […] On est restés ensemble une vingtaine de minutes. En le quittant je lui dis : “Karim, il n’y a pas d’urgence. Tu organises ton retour avec le team manager.” En me réveillant, j’apprends qu’il est parti. C’est sa décision, il ne vous dira pas le contraire et je la respecte. » Pourtant, deux heures plus tard, une story Instagram de KB9 est cinglante : un émoji clown et un même d’un influenceur répétant le mot « menteur » avec la légende « Sacré Didier… Bonne nuit. »
2025 : Encore une fois devant la justice
Tout bon divorce termine au tribunal, c’est bien connu. Même lorsque Karim Benzema n’a rien à voir directement avec l’affaire, le voilà au cœur des débats. Ce jeudi, durant le procès de Daniel Riolo, la vraie-fausse du joueur était sur toutes les lèvres. Chacun a pu s’expliquer, sauf le principal intéressé. Peut-être se livrera de nouveau sur son réseau social préféré, dans une story éphémère jonchée d’émojis et de phrases énigmatiques. De l’eau a coulé sous les ponts depuis 2012, l’avant-centre français le plus talentueux de sa génération évolue désormais en Arabie saoudite, pendant que Didier Deschamps s’apprête à disputer sa dernière compétition sur le banc bleu avec l’ambition intacte de gagner, sans véritable numéro 9. Si son ère a été faste, ce cas-là restera une tache indélébile.
Du cœur au clown : les drôles d’émojis de Benzema à DeschampsPar Enzo Leanni


























