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Deschamps, la dernière rentrée
Cette semaine, Didier Deschamps a effectué sa dernière rentrée à Clairefontaine dans le costume de sélectionneur de l’équipe de France. Le technicien de 56 ans ne veut pas que ce soit un sujet, mais cette symbolique l’accompagnera tout au long de sa dernière saison sur le banc des Bleus.

Les dernières comme les premières fois ont toujours quelque chose de particulier, et Didier Deschamps ne pourra pas échapper à cette symbolique tout au long de la saison à venir. Le sélectionneur des Bleus a fait son ultime rentrée, cette semaine à Clairefontaine, dans un costume qu’il avait enfilé à l’été 2012 et qu’il laissera repassé sur un cintre en juillet, si tout se passe comme prévu pour son équipe de France. La dernière campagne, la dernière liste, le dernier rassemblement, la dernière au Stade de France, la dernière victoire, la dernière défaite, la dernière Coupe du monde, sûrement, et la fin du seul double septennat de l’Hexagone depuis François Mitterrand. Certains verront le bout d’un trop long tunnel, d’autres l’épilogue d’une période faste, marquée par un titre de champion du monde et deux autres finales perdues. La vérité se situe peut-être entre les deux et il y aura tout le temps de dresser le grand bilan l’année prochaine. Le boss des Bleus n’est pas du genre à être nostalgique et il le répète à l’envi : ce n’est pas encore la fin, il reste une dernière histoire à écrire.
Le rêve américain avant les adieux
Depuis l’annonce de son départ programmé, le 8 janvier aux côtés de Brigitte Macron et face à Marie-Sophie Lacarrau, le double D ne veut pas que sa dernière danse soit un sujet. « Ça n’a aucune importance pour moi que ce soit la dernière, l’avant-dernière, évacuait-il encore ce lundi devant la presse. L’objectif est de se qualifier pour la Coupe du monde, et ce n’est pas seulement le mien. Après, en septembre l’année prochaine, je ne serai pas là, c’est une certitude. Je serai ailleurs, mais je ne sais pas où. J’ai l’impression que je fais mes adieux, ce n’est pas le cas. C’est la dernière année, c’est tout. » Tout glisse sur Deschamps, 56 ans et qui fêtera son 170e match comme sélectionneur face à l’Ukraine vendredi soir (108 victoires, 31 nuls, 30 défaites), le début de la fin et le début tout court du chemin qui doit mener à son septième tournoi majeur, la Coupe du monde 2026.
Cette adrénaline, ce n’est pas du stress, ça me plaît et j’en ai besoin.
Il serait alors le premier depuis Raymond Domenech, en 2010, à aborder une compétition en sachant que ce sera sa dernière, mais il y a peu de chances que la FFF ne fasse comme à l’époque en choisissant le successeur dès le mois de mai, en tout cas officiellement. Le nom de Zinédine Zidane finira par revenir sur la table au printemps, et Deschamps saura sortir sa meilleure parade pour ne pas vraiment répondre aux questions à propos de son ancien coéquipier. Le technicien a pour l’instant d’autres choses en tête, comme une qualification à décrocher en trois mois à peine, en dominant l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Islande. Un jeu d’enfants pour le vice-champion du monde, a priori, mais le jeune DD était sur le terrain contre Israël et la Bulgarie en 1993 et il sait que le rêve américain peut aussi devenir un cauchemar. « Ça fait partie de ma vie avec l’équipe de France, assume-t-il dans une interview donnée à Radio France. Il n’y a que six matchs. On n’a jamais été confronté à ça. Les matchs de septembre, forcément, les joueurs ne sont pas toujours à leur maximum, donc vigilance. Mais avant de se voir là-bas, il faut faire ce qu’il faut pour y être. »
« À un moment, on en a marre de votre tronche »
L’entraîneur est dans ses chaussons, à Clairefontaine et à chaque rassemblement. Il connaît par cœur cette routine, comme les suiveurs le connaissent par cœur, avec ses réponses rallongées face aux journalistes pour réduire le nombre de questions et ses « bien évidemment ». Certains sont las des Bleus de DD, lui assure ne pas l’être. « C’est français, à un moment, on en a marre de votre tronche, blaguait-il cette semaine. Je n’ai aucun problème avec les analyses et les critiques, vous avez cette liberté. Il n’y a qu’une ligne qu’il ne faut pas franchir, c’est celle de l’humain. Le reste, ça ne m’a jamais empêché de dormir. » C’est plus humain que français, mais c’est le prix à payer après plus d’une décennie passée dans ce rôle. Hugo Ekitike et Maghnes Akliouche pourraient devenir les 85e et 86e joueurs à être lancés chez les Bleus par Didier Deschamps, contre l’Ukraine vendredi ou l’Azerbaïdjan mardi, et d’autres preuves du temps qui a passé depuis le match nul 0-0 contre l’Uruguay en 2012.
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— beIN SPORTS (@beinsports_FR) September 1, 2025
Ils sont nombreux à se demander si le crépuscule peut avoir un impact sur ses choix, sa manière de voir le foot et les choses. Le Mondial est encore loin et l’ancien de l’OM est bien placé pour savoir qu’un tournoi se construit davantage sur le moment qu’un an avant. Dans Le Figaro, son fidèle Guy Stéphan le sent « plus léger » depuis qu’il a pris les devants en annonçant la fin : « J’ai constaté que l’atmosphère générale autour de la sélection et de sa personne est plus détendue. » Le sera-t-elle encore dans neuf mois à l’approche d’une Coupe du monde à 48 où la France espère toujours avoir son rond de serviette ? « Je maîtrise plus de choses dans ma fonction et ma responsabilité. Il y en a qui se font de manière naturelle, des choses que je fais de la même façon, d’autres différemment. Les générations ont changé, il faut s’adapter, analysait le principal intéressé. L’expérience est importante, elle me nourrit. L’essentiel, c’est le bien-être, avec la même énergie. Cette adrénaline, ce n’est pas du stress, ça me plaît et j’en ai besoin. » Il lui faudra pourtant bientôt réapprendre à faire sans l’équipe de France.
Deschamps estime ne pas avoir le temps pour bosserPar Clément Gavard