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Flamengo, pour refaire danser le Brésil
En finale de Coupe intercontinentale, le Paris Saint-Germain affronte Flamengo, vainqueur de la Copa Libertadores. Sous les ordres de Filipe Luís, les Cariocas ont réalisé une année 2025 pratiquement parfaite et rêvent de surprendre les Franciliens pour redonner un peu de gloire au football brésilien à l’échelle mondiale.
Il est évident que la Coupe intercontinentale n’est plus ce qu’elle était. Ce duel entre le vainqueur de la C1 européenne et celui de la Copa Libertadores a offert bon nombre d’affrontements passionnants entre 1960 et 2004, avec un bilan équilibré au moment de tirer le rideau : 22 victoires pour la zone CONMEBOL, 21 pour l’UEFA. Le format de la compétition s’est travesti au tournant des années 2000 en devenant la Coupe du monde des clubs, avec une ouverture aux autres confédérations de la planète au moment même où l’Europe larguait définitivement l’Amérique du Sud. L’appellation de Coupe intercontinentale est finalement ressortie des cartons l’an passé à la suite de la création du nouveau format du Mondial des clubs.
Si cette dernière compétition nous aura laissé bien peu de souvenirs marquants et aura essoré un peu plus les joueurs, elle aura au moins permis aux clubs brésiliens de redorer quelque peu leur image auprès du public européen en parvenant par moments à bousculer les géants du Vieux Continent et leurs certitudes. En phase de groupes, Botafogo était ainsi parvenu à faire tomber le Paris Saint-Germain (0-1), Fluminense s’était frayé un chemin jusqu’en demi-finales, tandis que Flamengo s’était offert le scalp de Chelsea (3-1), futur vainqueur du trophée. Ce mercredi, ce même Flamengo retrouve le PSG en finale de la Coupe intercontinentale à Doha. L’occasion de prouver, même si cette affiche est plus symbolique que sportive, que le football brésilien n’est pas mort.
Au sommet de l’Amérique du Sud
En remportant la Copa Libertadores face à Palmeiras le 30 novembre dernier, Flamengo est devenu le club brésilien le plus titré de l’histoire de la compétition avec quatre couronnes. Un statut de numéro un acquis sur le tard, puisque le Mengão a soulevé trois fois le trophée au cours des sept dernières années, en 2019, 2022 et 2025. Cette domination s’explique en partie par des raisons économiques. Bien que détenu par des socios, l’ancien club de Zico est aujourd’hui le plus riche du continent devant Palmeiras – l’autre ogre de la zone sud-américaine –, se montrant capable d’offrir de juteux contrats, aussi bien pour retenir ses jeunes pousses que pour attirer des joueurs d’expérience.

Là où le football argentin s’enfonce dans la médiocrité et les difficultés financières, laissant partir le moindre jeune prometteur dès qu’un club européen frappe à la porte, le Brésil maintient un certain niveau de compétitivité dans son championnat et surdomine la zone CONMEBOL. Les équipes du Brasileirão ont ainsi remporté les sept dernières Copa Libertadores, dont cinq finales 100 % brésiliennes. Lors de la dernière édition, Flamengo s’est extrait in extremis de la phase de groupes (onze points, à égalité avec la LDU Quito, première de la poule, et Córdoba, troisième et éliminé), avant de gagner en solidité à partir des matchs à élimination directe, n’encaissant que deux buts en sept rencontres. Au-delà de la Libertadores, le club a réalisé une année 2025 de tous les records, en décrochant les titres de champion du Brésil et de Rio ainsi que la Supercoupe nationale. Seule la Coupe du Brésil a échappé à cette incroyable razzia, avec une élimination dès les huitièmes de finale face à l’Atlético Mineiro.
Concernant l’effectif, Flamengo ressemble davantage à un repaire à vétérans qu’à une pépinière de jeunes talents, avec une belle brochette de joueurs qui auraient encore une sacrée cote si l’on était resté bloqué en 2019 : Danilo, Alex Sandro, Jorginho (oui, le regista de la Nazionale !), Saúl Ñíguez (oui, l’ancien crack de l’Atlético !), Emerson Royal, Samuel Lino ou encore l’ancien Lillois Luiz Araújo. Le principal danger offensif se nomme Giorgian de Arrascaeta, un Uruguayen dont la compilation de golazos doit bien durer au moins 3h36, et qui est impliqué dans 41 buts avec le club rubro-negro en 2025 (23 buts et 18 passes décisives en 61 matchs). Mais c’est peut-être sur les phases arrêtées qu’il faudra être le plus attentif côté parisien. Vingt pions ont été inscrits par les défenseurs depuis le début de saison. La finale de Libertadores face à Palmeiras ? 1-0, but de Danilo, sur corner. La demi-finale de la Coupe intercontinentale face à Pyramids FC ? 2-0, buts de Léo Pereira et Danilo, sur deux phases arrêtées. Et avec à chaque fois Giorgian de Arrascaeta à la baguette pour botter les ballons, évidemment.
▶️ Os melhores momentos de Flamengo 🆚 Pyramids.#FIFAIntercontinentalCup pic.twitter.com/TzYjpqwKGY
— Copa do Mundo FIFA🏆 (@fifaworldcup_pt) December 13, 2025
Luís attaque
La plus grande force de Flamengo se situe en réalité sur son banc de touche. Avec ses cheveux longs, son bandeau et ses poumons increvables, Filipe Luís était un sacré joueur sous les ordres de Diego Simeone. Il est aujourd’hui devenu un sacré coach, ayant pratiquement fini le jeu en à peine un an et demi. C’est simple : l’ancien latéral a déjà gagné tout ce qu’il était possible de gagner, parvenant à se mettre tout le monde dans la poche dans la Ville merveilleuse. Pas évident quand on sait à quel point les supporters de Flamengo sont exigeants, eux qui ont vu pas moins de huit coachs se succéder depuis 2020 – dont quelques gars expérimentés, comme Tite, Jorge Sampaoli ou Paulo Sousa. Vainqueur de la Copa Libertadores en tant que joueur avec le club carioca en 2019 et 2022, Filipe Luís a soigneusement écouté les conseils de Jorge Jesus avant de prendre les rênes des équipes U17 et U20, puis d’être nommé à la tête de l’équipe première en septembre 2024.

Dans le vestiaire, l’ancien Colchonero a rapidement trouvé ses marques auprès de bon nombre d’anciens coéquipiers, parvenant à mettre en place un jeu de position moderne et efficace. « Nous n’avons pas vu un football comme celui-ci depuis de nombreuses années, a déclaré il y a quelques mois Andrade, vainqueur de la Coupe intercontinentale avec Flamengo en 1981 face à Liverpool. Ils jouent comme nous le faisions (à l’époque), toujours dans la moitié de terrain adverse, toujours à la recherche de l’ouverture. C’est le genre d’équipe dont rêvent les supporters du Flamengo. » Ce mercredi, les Cariocas rêveront encore un peu plus grand en espérant faire tomber le PSG pour parachever ce qui pourrait bien être la plus grande année de l’histoire du club. Et, ne serait-ce que le temps d’une soirée, nourrir l’illusion que le Brésil est repassé devant l’Europe.
Luis Enrique : « Je ne voulais pas jouer Flamengo »Par François Linden



























