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- Cannes-Guingamp (3-1)
AS Cannes : le réveil du Dragon
Après Grenoble et Lorient, c’est Guingamp qui s’est heurté violemment à l’AS Cannes en quarts de finale de la Coupe de France. Premier de sa poule de N2 et surprise du dernier carré national, le club formateur de Zinédine Zidane espère retrouver le monde professionnel. Attention tout de même, les dirigeants américains doivent éviter de se brûler les ailes.

Assurance, optimisme ou foi, appelez cela comme vous voulez, mais une chose est sûre : l’AS Cannes déborde de confiance. Après avoir éjecté Grenoble et Lorient de la Coupe de France, le club de quatrième division s’est offert un autre pensionnaire de Ligue 2, Guingamp (3-1), ce mardi. Qu’on ne parle pas de braquage aux Sudistes, leurs succès se construisent avec la manière et une hardiesse inattendue. Le sentiment d’invincibilité qui se dégage de cette équipe se remarque dès le premier coup d’œil jeté à ses buts. Face à l’En Avant, Cédric Gonçalves a notamment osé tenter un lob depuis le rond central, et comme la chance ne sourit qu’aux audacieux, ça a évidemment fait ficelle, tout comme le joli enroulé de Chafik Abbas en première période et le piqué parfait de Julien Domingues pour clôturer la qualification en demi-finales. Au tour précédent, le deuxième avait gratifié son monde d’un retourné acrobatique dingue, tandis que le premier avait permis de sortir Lorient grâce à deux superbes réalisations en solitaire.
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Des débuts catastrophiques
« Ils ont vraiment retrouvé de l’efficacité », observe Fabien Pujo. Il sait mieux que personne de quoi il parle, lui qui a justement souffert de la maladresse offensive de l’AS Cannes. Arrivé l’été dernier sur le banc des Dragons, il a été licencié seulement sept matchs plus tard, après quatre nuls et deux défaites pour une petite victoire et une triste place de premier barragiste. « On fait un nul à Andrézieux alors qu’ils font un tir. On perd contre Saint-Priest alors qu’on surdomine. Contre Anglet, le dernier, ils passent trois fois le milieu de terrain et marquent trois buts… Il n’y a pas eu beaucoup de réussite, tous les indicateurs de performances étaient très, très bons, on maîtrisait les matchs, mais on ne gagnait pas. Aujourd’hui, ils marquent tout, mais j’étais assez serein. Vu l’équipe, vu les scénarios, c’était sûr que ça allait tourner », indique, placide, celui qui a passé avec brio la formation BEPF et qui accepte cet échec « sans aucun regret », même en voyant la trajectoire du club après son départ, aujourd’hui leader de sa poule de National 2 et donc dans le dernier carré de la Coupe de France. Le faux départ peut aussi s’expliquer par le transfert de seize nouveaux joueurs, de la fatigue de Julien Domingues à la suite de la naissance de son enfant ou de l’arrivée tardive de Cheikh Ndoye.
Il y a un projet de jeu ambitieux, des buts, de l’enthousiasme, il y a une forme de générosité qui ressort de cette équipe.
Auréolé de deux promotions de la quatrième à la troisième division avec Toulon et GOAL FC, après des débuts de saison également en mode diesel, Fabien Pujo avait été embauché avec cet objectif, mais ne s’attendait pas à être aussi rapidement mis sous pression, alors que Félicien Laborde, directeur général, et Sébastien Pérez, coordinateur sportif, lui avaient promis qu’ils lui laisseraient du temps. Cet excès d’impatience trouve ses origines outre-Atlantique puisque le club formateur de Zinédine Zidane et Johan Micoud est passé sous pavillon américain en 2023. Même s’il se défend d’un projet démesuré ne se fixant que 2028 pour un retour dans le monde pro, Dan Friedkin, également propriétaire d’Everton et de l’AS Roma, n’avait d’ailleurs pas hésité à se séparer de Daniele De Rossi avant d’opérer des changements dans les Alpes-Maritimes.
Le magicien Ott
Revenu à Cannes pour rejoindre sa famille, après une nouvelle courte expérience au GOAL FC entre novembre et janvier, Fabien Pujo ne rate pas une miette des matchs de son successeur, Damien Ott. « Il a d’abord été dans la continuité de la non-réussite, puis il y a sûrement eu une sorte de déclic avec la Coupe. Il y a une vraie qualité de groupe, Cheikh Ndoye est un leader, l’arrivée de Jérémy Aymes fait beaucoup de bien », argumente-t-il pour expliquer les 18 matchs consécutifs sans défaite. L’entraîneur actuel est loin d’être étranger à ce parcours quasi sans faute. « Il apporte toute son expérience, il a connu le National, a été adjoint en Ligue 1 (à Troyes, NDLR), pointe Fabien Pujo, qui entretient des liens étroits avec lui depuis plusieurs années. Il insiste beaucoup sur son jeu “à la strasbourgeoise” avec des un-contre-un, des duels partout sur le terrain. Hier (contre Guingamp), je me suis régalé, c’était très bon. Force est de constater qu’il y a un projet de jeu ambitieux, des buts, de l’enthousiasme, il y a une forme de générosité qui ressort de cette équipe. »

Après avoir hurlé sur chaque golazo de son équipe, le stade Pierre-de-Coubertin espère désormais regoûter aux joutes contre des clubs professionnels chaque week-end. Il faut dire que le budget de cinq millions d’euros est plus digne d’une petite équipe de Ligue 2 que d’une grosse de National 2, tout comme le nombre d’employés qui a doublé l’été dernier. « L’objectif, c’est le championnat, mais la Coupe nous a toujours servi à nous bonifier, à entretenir une dynamique positive qui nous nourrit », expliquait d’ailleurs clairement Damien Ott en conférence de presse avant le quart de finale, conscient que les deux points d’avance sur Hyères obligent à rester concentré sur le championnat. Un retour dans le monde pro permettrait également de rouvrir les portes du centre de formation qui a vu sortir Patrick Vieira, Gaël Clichy, Julien Faubert, Jonathan Zebina ou encore Julien Escudé et d’ainsi retrouver ses lettres de noblesse. Selon Fabien Pujo, c’est l’objectif en interne. Mais chaque chose en son temps. « J’avais ressenti une forme d’impatience sur l’histoire que l’on voulait construire à Cannes. On parlait d’une série comme Netflix qui pouvait se créer autour de la saison, mais les débuts n’ont pas été bons. Il fallait que ça commence très bien. » Dommage que les caméras ne soient pas restées, une telle remontée offre un scénario parfait pour refaire parler du club.
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Propos recueillis par EL, sauf mentions.