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Sébastien Corchia : « Je voulais être au cœur du projet de l’AS Cannes »

Propos recueillis par Raphaël Faurie-Pacaud
7 minutes

Il a marqué les années 2010 avec sa patte droite sur son côté. Du Mans à Amiens en passant par l'Espagne et le Portugal, le latéral en a vu des vertes et des pas mûres pendant sa carrière. Tout juste arrivé à Cannes pour conquérir à 34 ans le N2, Sébastien Corchia a fait le point sur sa carrière avec nous. Et franchement, ça vaut le coup.

Sébastien Corchia : « Je voulais être au cœur du projet de l’AS Cannes »

Cela faisait deux saisons que tu évoluais à Amiens. C’était ton choix de ne pas continuer l’aventure en Picardie ? 

En mai, c’était normal pour moi de prolonger mais je n’ai eu aucune nouvelle de la part de la direction sportive qui n’a pas souhaité me faire de proposition. Si j’avais eu une offre de prolongation, je n’aurais pas hésité. Cela faisait deux ans que j’étais là-bas et je me sentais bien. J’ai pu lire comme quoi c’était un problème de salaire mais quand tu n’as pas d’offre, tu ne peux ni accepter, ni refuser quelque chose. J’ai cru comprendre qu’ils voulaient faire jouer deux jeunes joueurs à mon poste l’an prochain. C’est comme ça.

Tu as donc rejoint Cannes qui est en National 2. Qu’est ce qui t’a donné envie de rejoindre ce projet ?

J’ai pu parler avec les dirigeants qui m’ont dit qu’ils voulaient faire remonter le club le plus rapidement et le ramener au plus haut niveau. Ça m’a plu. Je vais bientôt avoir 35 ans, je ne voulais pas aller dans un club où il n’y a pas de projet, faire mes deux ans sans objectif. Je voulais être au cœur du projet, et ne pas le rejoindre en cours de route. Ici, il y a une histoire. Des grands joueurs y sont passés comme Zidane. Il y a aussi la qualité de vie à prendre en compte. Même chose en ce qui concerne les infrastructures qui sont supérieures à un club de N2. Si ça marche, ça peut donner quelque chose d’énorme.

Le football a changé. On voit beaucoup de clubs lancer des jeunes joueurs tôt pour essayer de faire un bénéfice au bout de dix matchs.

Sébastien Corchia

Tu as participé à 57 rencontres de Ligue 2 lors des deux dernières saisons. Tu n’as pas eu envie d’y continuer, revenant au Mans par exemple…

La question de la division a été une longue réflexion. J’ai eu des touches en Ligue 2. Je ne vais pas le cacher, il y a eu des renseignements pris par Le Mans. Apparemment, le coach ne voulait pas de moi. J’ai lu que le coach (Patrick Videira, NDLR) disait qu’il fallait faire attention à ne pas prendre que des noms. (Rires.) À partir de ce moment-là, j’ai vite compris. J’ai commencé là-bas, donc y retourner, ça aurait pu être intéressant. C’est leur décision. Aujourd’hui, le football a changé. On voit beaucoup de clubs lancer des jeunes joueurs tôt pour essayer de faire un bénéfice au bout de dix matchs. Et quand ça ne marche pas, on se rend compte que ça aurait été mieux de garder quelques joueurs d’expérience. Je vais prendre l’exemple d’Amiens. C’est bien de faire du trading mais tu ne peux pas le faire sur tous les joueurs. Il faut une certaine stabilité avec quelques profils qui ont de l’expérience. Parce que l’année où le trading ne fonctionne pas comme tu le souhaites, sans stabilité et sans un minimum de continuité, tout peut s’effondrer rapidement.

Ça ne t’a pas tenté de t’exiler en Arabie saoudite ou dans des championnats similaires ? 

Je n’ai pas eu l’opportunité, donc je n’ai pas eu à réfléchir. Les gens ne comprennent pas que certains joueurs souhaitent y aller mais les montants sont astronomiques. C’est un choix personnel de la part des joueurs. Ils peuvent aussi ressentir une certaine pression de la part des clubs qui voient les millions que ça peut leur apporter.

Cela fait plusieurs années que l’on parle de ce projet de Ligue 3 professionnelle. Tu en penses quoi ?

Je suis tout à fait pour. Le niveau augmente au fil des années. Quand on voit les équipes qu’il va y avoir cette année en N1, ce serait bien oui.

Toi, quand tu jouais encore à Lille, tu as découvres l’équipe de France en 2016 contre la Côte d’Ivoire et tu as ensuite été convoqué en mars 2017 sans jouer. Puis plus rien à partir du moment où tu as enchaîné les blessures à Séville. Ça n’a pas été une frustration de ne pas pouvoir aller à la Coupe du monde 2018 ? 

Non. Je ne regrette aucun choix que j’ai pu prendre dans ma carrière. J’ai toujours assumé. Je voulais partir jouer à l’étranger pour me tester et j’ai eu l’occasion d’évoluer dans des grands clubs, de jouer des gros matchs, de participer à la Ligue des champions et la Ligue Europa… J’ai connu beaucoup de longues blessures, ce qui était nouveau pour moi. Mais on ne peut pas les prévoir. Ça fait partie d’une carrière.

Tu as dit que Frédéric Antonetti et Hervé Renard faisaient partie des deux meilleurs coachs que tu avais eus. Pourquoi ? 

Le moment où je me suis senti le mieux sur le terrain et où j’ai été le plus performant, c’était au LOSC avec Antonetti. Il a su tirer le meilleur de moi-même. C’est un coach qui connaît le football sur le bout des doigts. Je me sentais vraiment bien dans son système. Il savait comment me mettre en confiance, me parler. C’est ce qui m’a d’ailleurs permis d’aller en équipe de France. Avec Hervé Renard à Sochaux, on fait une deuxième partie de saison exceptionnelle. On n’arrive pas à se sauver lors de la dernière journée mais on revenait de très très loin. C’était la période où je devais signer à Lille en janvier et que la DNCG bloque mon transfert. J’ai dû revenir à Sochaux et il m’a tout de suite mis en confiance en me changeant même de poste (milieu droit, NDLR). C’est quelqu’un qui a beaucoup compté à cette période-là et je sentais que je devais lui rendre sur le terrain.

Comment tu ressentais ce plus avec tes coachs ?

On sent ce petit truc qui fait la différence. Il te pousse et il sait comment te parler. Mais ça ne m’est pas arrivé avec tous les coachs que j’ai eus.

Pablo Machin m’avait dit de trouver un nouveau club et je l’ai retrouvé après à l’Espanyol Barcelone en 2019. J’ai tout de suite compris que pour moi, ça allait être compliqué. D’ailleurs, je ne me suis pas trompé.

Sébastien Corchia, devin

Tu penses à quelqu’un en particulier ? 

(Rires.) En particulier un, oui. Il s’appelle Pablo Machin. Je l’ai eu à Séville. Il m’avait dit de trouver un nouveau club et je l’ai retrouvé après à l’Espanyol Barcelone en 2019. J’ai tout de suite compris que pour moi, ça allait être compliqué. D’ailleurs je ne me suis pas trompé. J’avais commencé en tant que titulaire, et dès qu’il est arrivé, il a mis un jeune du centre de formation à ma place alors qu’il avait jamais joué en professionnel. Pour moi, ce n’était même pas un coach. Ça doit être le pire que j’ai eu sans hésiter.

Comme Kylian Mbappé et William Saliba, tu as pu évoluer à Bondy entre 2003 et 2004. Qu’est-ce qu’il a de si spécial ce club ? 

C’est top qu’un club comme Bondy soit mis en valeur grâce à ça. J’ai passé un an là-bas et j’ai pu avoir Wilfrid Mbappé comme coach. Kylian était souvent là également lors des entraînements ou pour les matchs. Il avait toujours un ballon et il avait une qualité technique que les jeunes de son âge n’avaient pas. On voyait déjà que ça allait être un phénomène. (Rires.) De jouer là-bas, ça apprend beaucoup de choses. Tous les week-ends, on jouait des équipes, il ne fallait pas avoir peur d’y aller. On s’est recroisé avec Wilfrid à un match du LOSC. J’ai toujours une certaine reconnaissance pour lui car il m’a beaucoup appris.

Tu disais que les meilleurs joueurs avec qui tu as pu jouer en club étaient João Félix et Éver Banega. C’était qui en sélection ? 

En sélection, c’est sans hésiter Paul Pogba. C’est super de le revoir en Ligue 1. C’est un top joueur et une top personne au niveau du vestiaire aussi. Ça va apporter un plus au championnat et je suis persuadé qu’il va permettre à Monaco de passer un cap.

À tes débuts, tu ne souhaitais faire que du football. Maintenant que tu arrives vers la fin de ta carrière, tu veux te tourner vers quoi ? 

Pour l’instant, je ne sais pas encore trop ce que je veux faire. En tout cas rester dans le monde du football ou du sport c’est ce que je souhaite. Mon but c’est de jouer le plus longtemps possible et je ne me sens pas proche de la fin. Tant que la tête suit… Je ne me fixe pas de limite. On verra sur le moment.

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