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João Neves, le sourire du PSG

Par Tom Binet et Julien Faure
9 minutes

Débarqué dans la capitale l’été dernier, João Neves n’a mis que quelques mois à faire l’unanimité au cœur du PSG de Luis Enrique. De Tavira à la Ville lumière en passant par Lisbonne, voyage dans les traces du nouveau joyau de la capitale. Avec le sourire, bien sûr.

João Neves, le sourire du PSG

La scène a pu surprendre les supporters peu familiers du parcours des deux joueurs, mais elle illustre aussi la connexion de João Neves et Gonçalo Ramos avec leur club formateur de Benfica et tout ce qui s’y rattache. Après 90 minutes à batailler contre Dunkerque pour assurer leur place en finale de la Coupe de France, les deux hommes prennent le temps de discuter avec le coach nordiste, Luis Castro. L’homme qui leur a fait gravir les dernières marches vers le monde professionnel, lorsqu’il dirigeait les U19 du géant de Lisbonne. Celui également avec lequel Neves a remporté la Youth League en 2022. « Ce sont deux des meilleures personnes avec lesquelles j’ai travaillé dans le football, tant sur le plan humain que professionnel, donc je ne suis pas surpris de leur progression », les flattait le mois dernier dans A Bola l’entraîneur, qui rêve désormais de les croiser à nouveau la saison prochaine en Ligue 1. Comme un symbole du fait que, même élevé au rang de star depuis son arrivée en France, l’enfant de l’Algarve n’oublie pas d’où il vient.

Neves mind

Dès le début du mois août, à peine débarqué dans la capitale, le petit Jean avait déjà tout l’air de la bonne pioche de la part des décideurs parisiens. Les huit derniers mois ont largement confirmé l’impression. Au rythme de ses coups d’éclat bien sentis, sur la scène nationale lors du Classique ou européenne face à Manchester City, l’ancien Benfiquiste n’a eu de cesse de prouver sa valeur dans l’entrejeu parisien et surtout, qu’il n’avait pas besoin d’un quelconque temps d’adaptation. Une offrande dès son premier match au Havre, deux autres dans la foulée contre Montpellier, un premier mois complet et voilà que Luis Enrique s’extasiait déjà de sa nouvelle pépite de l’entrejeu : « Il est parfaitement adaptable à mon idée de jeu. Il a une caractéristique vitale pour nous, celle de ne pas perdre le ballon. Il a une bonne vision du jeu, une bonne puissance physique, une intelligence, et une bonne relation avec ses équipiers. »

On dirait déjà un leader. Cela se voyait à Tavira aussi, il commandait les troupes et aidait tous les autres joueurs.

Osvaldo Severo

Sous le charme depuis la fin de l’été donc, le technicien parisien a d’ailleurs largement pris l’habitude de se reposer sur ses qualités. Au milieu évidemment, et de temps en temps sur le côté droit, dans un rôle de latéral, où il avait rayonné face à Monaco. De fait, il fait partie des cinq joueurs les plus utilisés cette année dans la capitale (2959 minutes), juste derrière Bradley Barcola, Vitinha, Achraf Hakimi et Willian Pacho. Déjà auteur de cinq buts et huit passes décisives cette saison, le milieu de poche n’en finit plus d’impressionner et, surtout, de convaincre. En arrivant à Paris, le Lusitanien a adopté un chien, un bon gros labrador, finalement à son image. Capable de courir partout, tout le temps et en plus, diablement attachant (n’allez pas croire qu’il est malvenu de le comparer à un chien, demandez donc à Hernán Casciari). Attachant, parce que celui qui avouait en janvier avoir été surpris de valoir autant d’argent (il a coûté la bagatelle de 60 millions d’euros au PSG) ne se sépare jamais d’un sourire communicatif. « Je connais João depuis qu’il est petit, et il ne change pas vraiment. Il était déjà le garçon souriant que l’on voit aujourd’hui. C’est une personne simple », note même Manuel Ramos, père de Gonçalo et qui fut son entraîneur pendant trois saisons.

Mais si le numéro 87 – un choix par défaut hérité de ses premiers matchs pros et sans symbolique particulière – en est là aujourd’hui, ce n’est pas simplement parce qu’il est gentil et qu’il a le smile, c’est surtout grâce à sa personnalité et son caractère. Osvaldo Severo, actuel président de son premier club, la Casa Benfica do Tavira, ne s’y trompe pas, Neves est déjà parmi les cadres de cette équipe : « C’est l’un des joueurs les plus jeunes du PSG, mais avec son caractère, on dirait déjà un leader. Cela se voyait ici aussi, il commandait les troupes et aidait tous les autres joueurs. Cela participe aussi à son plaisir d’être sur le terrain. » Ce dernier souligne d’ailleurs un gamin au « caractère très fort, toujours un ballon dans les pieds » dès ses premières années.

Merci maman, merci papa

Ce tempérament, le petit milieu de terrain portugais l’a développé dès sa plus tendre enfance dans l’Algarve. Né à Tavira, il y tape ses premiers ballons sous le regard protecteur de ses deux parents. Agent de police et ancien joueur amateur de bon niveau, Pedro Neves fait même office de premier entraîneur au sein de la Casa do Benfica locale (sorte de club académie du club lisboète), alors que le petit João n’a que 6 ans. « Son père a joué au football auparavant et l’a toujours conseillé sur ce qui était le mieux pour lui. S’il voulait devenir quelqu’un dans le foot et atteindre ses rêves, il devait appliquer ses conseils, appuie aujourd’hui Osvaldo Severo, qui a vu le phénomène évoluer au fil des années. Il lui a presque tout appris. S’il a cette personnalité et cette manière d’être aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il a pris beaucoup du caractère de son père. Il le traitait parfois pire que les autres enfants, pour donner l’exemple. João avait aussi droit à des séances d’entraînement personnelles le week-end, quand il n’y avait pas de match. »

S’il voulait devenir quelqu’un dans le foot et atteindre ses rêves, il devait appliquer les conseils de son père. S’il a cette personnalité aujourd’hui, c’est à cause de lui.

Osvaldo Severo

Quelques années plus tard, le paternel s’envoie plus de 100 kilomètres aller-retour quatre fois par semaine pour amener sa progéniture à Paderne, dans l’académie régionale des Aigles. Sur place, le crack en devenir passe entre les mains de Manuel Ramos. « Depuis qu’il est enfant, Pedro a toujours été à ses côtés. C’était un homme de football également, et je crois que ça a été important. Il avait toujours de bons conseils à lui donner », rejoue aujourd’hui l’autre papa de star. Et des manières à lui inculquer, comme celle de toujours rentrer son maillot dans son short. « C’est un truc typique d’ici, en sourit Severo. Son père l’a mis en place à la Casa de Tavira, tous les enfants devaient porter leur maillot ainsi. L’ancienne mode, comme on dit ici. » Toujours coordinateur du club plus d’une décennie plus tard, Pedro Neves reste d’ailleurs fidèle à lui-même, prenant la peine de sortir son téléphone pour expliquer son choix de ne jamais s’exprimer dans la presse, qu’importent les exploits de son fiston sur le pré.

En parallèle la maman, professeure d’éducation physique, joue également un rôle primordial dans le développement de l’international portugais. Jusqu’à ce triste épisode trop bien connu de février 2024, quand le jeune homme décide de participer au match de Ligue Europa des siens à Toulouse quelques jours après son décès des suites d’un cancer. « Alors qu’elle était très malade à l’hôpital, il était encore en train de jouer avec Benfica, rejoue Severo. Son père est allé le chercher à Lisbonne quand elle est décédée. Bien sûr qu’il était très touché, mais trois ou quatre jours plus tard, il jouait de nouveau. Il disait “le mieux que je puisse faire, c’est de jouer pour ma maman, elle aimerait me voir heureux sur un terrain”. C’est là que l’on voit qu’il est très fort mentalement. »

Un joyau poli à Benfica

Des années avant d’être « Joyau Neves » dans l’esprit du peuple parisien, c’est donc à Lisbonne que le bonhomme fait ses classes. Après avoir grandi dans le giron de Benfica dès ses premières années, il rejoint le centre de formation et la capitale portugaise en 2016, à 12 ans. Pour y monter les marches vers l’équipe première, fort de son tempérament. « C’était le même garçon que celui que l’on voit à Paris. Un gros travailleur, résilient et qui n’abandonne jamais, quelle que soit la situation. Exactement comme aujourd’hui. Depuis tout petit, il est comme ça », se remémore Manuel Ramos, insistant sur la notion de résilience et la capacité à encaisser de grosses charges de travail de son ancien poulain. Mais le souvenir le plus marquant qui lui vient à l’évocation du nom de João Neves reste un tournoi de jeunes remporté dans le nord, alors que le garçon évolue en U14 aux côtés notamment de son ami Hugo Félix, petit frère de João.

Depuis tout petit, il est comme ça : un gros travailleur, résilient et qui n’abandonne jamais. Exactement comme aujourd’hui.

Manuel Ramos

Quatre ans plus tard, Neves fait ses grands débuts professionnels en entrant en jeu le 30 décembre 2022 à la place de… Gonçalo Ramos lors d’une défaite contre Braga. « Au début, il jouait peu, mais on se disait toujours que le jour où il jouerait son premier match avec l’équipe première, il ne sortirait plus de l’équipe, contextualise Severo, qui n’a jamais cessé de croire au potentiel du gamin. Parce qu’il est très fort mentalement et tactiquement, il lit très bien le jeu. Pour moi, quelle que soit l’équipe dans laquelle il arrive, il jouera toujours. » Par chance, c’est le PSG de Luis Enrique qui a hérité du prodige et de son sourire. « Il a toujours été un garçon joyeux, bien disposé. Encore plus aujourd’hui parce qu’il aime ce qu’il fait et pouvoir en vivre, ça a toujours été son grand rêve », glisse encore Severo.

Un rictus qui s’agrandit à chaque duel aérien gagné, un domaine dans lequel il brille malgré son mètre 74. « Son secret, c’est qu’il anticipe tout sur le terrain. Pour moi sur cet aspect, il est clairement au-dessus de beaucoup de joueurs, estime Severo, qui a d’ailleurs une anecdote à raconter à ce sujet. « Un jour, son père lui dit : “João, regarde ce gamin qui a la moitié de ton âge, il est déjà plus grand que toi !” Et João s’est marré, comme il le fait tout le temps. “OK très bien, c’est comme ça, et alors ? Ça ne veut pas dire qu’il est meilleur que moi.” Il mérite tout ce qui lui arrive. C’est un gamin qui n’en est plus un, en vérité. » Et qui n’a certainement pas tout à fait fini de grandir.

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Par Tom Binet et Julien Faure

Tous propos recueillis par TB et JF, sauf mention.

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