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Marcus Thuram : une année à valider
Auteur d’une saison de très haut niveau qui lui vaudra certainement une nomination au Ballon d’or, Marcus Thuram arrive en finale de Ligue des champions avec une occasion en or de faire basculer sa carrière. Ses pairs se penchent sur son cas.

Il est encore loin de sa légende de père, mais Marcus Thuram a une opportunité unique face au Paris Saint-Germain samedi soir à Munich : devenir le premier Thuram à inscrire son nom au palmarès de la Ligue des champions, Lilian s’étant incliné avec la Juventus face à l’AC Milan lors d’une des pires finales de C1 de l’histoire en 2003. À bientôt 28 ans (il les aura en août), Tikus atteint là l’apogée de sa carrière. Il vient de boucler sa meilleure saison statistiques en club, avec 14 buts et 4 passes décisives en Serie A, qu’il pourrait récompenser de la plus belle des façons. Auteur de quatre pions (dont le tout premier dans le duel épique entre l’Inter et le Barça) et d’une passe décisive dans cette brillante campagne, Marcus Thuram mène sa carrière de manière remarquable et continue toujours plus d’étonner ceux qui l’ont accompagné depuis Sochaux, où il signait en sortie d’INF Clairefontaine en 2012. Depuis le Doubs, en passant par Guingamp et même le Borussia Mönchengladbach, les sceptiques ont été très, très nombreux.
C’est un modèle pour tous les jeunes en centre de formation, qui n’ont pas forcément la chance de briller tout de suite, qui sont prêtés en deuxième division, qui sont impatients dans leur projet. Marcus est le parfait modèle.
Des qualités footballistiques, oui, mais une destinée jusqu’à une finale de Ligue des champions : anciens formateurs, coéquipiers et observateurs se seraient bien marrés si on leur avait dessiné ce scénario. « Je suis agréablement surpris, c’est un exemple, applaudit Bafétimbi Gomis, jeune retraité, qui se souvient encore d’avoir côtoyé le très jeune Marcus quand celui-ci accompagnait papa aux rassemblements des Bleus (12 sélections, 3 buts pour Bafé). Il a construit sa carrière. Avoir été l’enfant d’un grand joueur comme Lilian et faire cette carrière, en étant assidu, performant chaque semaine : j’ai une grande fierté. » L’ancien attaquant de notre Ligue 1 (Saint-Étienne, Troyes, Lyon, Marseille) voit également en Thuram une icône pour ceux qui rêvent de professionnalisme : « Chaque année, il s’est remis en question. C’est un modèle pour tous les jeunes en centre de formation, qui n’ont pas forcément la chance de briller tout de suite, qui sont prêtés en deuxième division, qui sont impatients dans leur projet. Marcus est le parfait modèle. »
Joue-la comme Giroud
Quand on lui demande de s’arrêter sur le cheminement de Thuram, Frédéric Piquionne, autre ancien international français (1 cape), évoque tout de suite un mot : « La résilience. Beaucoup disaient qu’il n’allait peut-être pas réussir. Certes, il ne fait pas l’unanimité car, techniquement, ce n’est pas un Karim Benzema. Mais ce qu’il affiche sur le terrain, l’abnégation, la détermination, la force physique… C’est l’un des meilleurs attaquants d’Europe, dans la complémentarité avec un autre. Une espèce de Giroud. » Le choix de l’Inter, en 2023, alors qu’il était en fin de contrat et que le PSG le voulait, est aujourd’hui entièrement validé. Avec une véritable connexion avec Simone Inzaghi, ancien attaquant qui a su le façonner définitivement, pour former avec Lautaro Martinez une paire à la complémentarité fabuleuse et tirer la quintessence des qualités de Marcus Thuram. « L’entraîner est un plaisir, il est toujours impliqué, saluait Simone Inzaghi par le passé. Il se fait aimer de tout le monde, c’est un grand travailleur. » « Il est la modernité du numéro 9, remarque Bafétimbi Gomis. Regardez tout son travail, tous les bienfaits qu’il apporte à son équipe, la puissance, l’altruisme, les espaces qu’il libère, la façon dont il presse… Il marque des buts, mais il n’a jamais pensé qu’à lui, il bosse pour l’équipe. »
Néanmoins, il subsiste toujours une certaine distance entre celui qui se classe dans le top 10 mondial des attaquants et un peuple français pas vraiment encore conscient de ses qualités. Frédéric Piquionne : « En France, le championnat italien n’est pas trop suivi (seule la chaîne L’Équipe a diffusé deux matchs par journée dans son bouquet payant cette saison, NDLR). Là, la finale de la Ligue des champions va être regardée par le monde entier. C’est aussi là qu’il peut montrer sa vraie valeur. » Lui a encore besoin de faire ses preuves en équipe de France (29 sélections, 2 buts), avec des matchs références pour vraiment faire son trou. « Dans le futur, il marquera encore plus de buts, promet Bafétimbi Gomis. Il va arriver à maturité et développer encore son sens du but. » Et parvenir à marquer autant l’histoire que son père ?
Seulement 15 des 25 joueurs sélectionnés sont arrivés aujourd’hui à ClairefontainePar Timothé Crépin