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C’est Carquefou, mais c’est tout

Par Jérémie Baron
C’est Carquefou, mais c’est tout

Quinze ans après leurs aînés en Coupe de France, les jeunes pousses de l'USJA Carquefou sont en train de s'offrir une épopée extraordinaire en Gambardella. Ils affrontent le Clermont Foot, ce dimanche en quarts, au mythique Moulin-Boisseau.

« Il y a des top joueurs en face, par contre en matière d’équipe, vous avez construit un truc inaccessible pour les autres. Est-ce qu’il y a une équipe, en face de vous, capable de démolir tout ça, cette cohésion d’équipe qu’on a pu construire ? Ce parcours, ça n’est pas juste une saison, ça n’est pas juste l’aventure de la coupe : c’est un putain de cycle que vous avez construit, ça fait quatre ans que vous êtes là ! C’est un cycle entier que vous êtes en train de vivre, un cycle entier qui aura une fin. Mais imaginez. Imaginez la fin n’est pas aujourd’hui. Pensez à votre famille en tribune, la fierté de vous voir sur un terrain. Regardez le partenaire à côté de vous. Vous allez voir un partenaire qui a envie de tout niquer, qui va tout donner, parce qu’il sait que quand il sera dans le dur, vous allez faire la même chose pour lui. Le quart de finale, il ne faut pas juste que vous y alliez, que le groupe y aille. Il faut emmener vos proches, il faut emmener le club. » Si Kyllian Auger vous dresse les poils, rendez-vous compte de ce qu’ont dû ressentir ses joueurs lorsque leur entraîneur de 25 ans, lunettes rondes et flamme dans la voix, leur a donné ses dernières consignes avant d’affronter l’ogre Bordeaux, en huitièmes de Coupe Gambardella, le 19 février dernier.

 

@staditofootball Le discours poignant de Kyllian Auger pour ses U18 de l’USJA Carquefou avant de jouer Bordeaux en 8e de Gambardella #carquefou #gambardella #football ♬ So Cold – 染哥

2023 v’là Carquef’

Ce dimanche-là, après le discours vibrant du jeune homme qui les regarde grandir depuis les U14, les moins de 18 ans de l’USJA Carquefou, pensionnaires de Régional 1 (l’antichambre des U18 nationaux) sont revenus trois fois au score et ont prolongé le miracle jusqu’aux tirs au but (3-3, 4-3 TAB) pour aujourd’hui se retrouver à deux rencontres du Stade de France. « Tu mets tout bout à bout, il n’y a rien de rationnel, rembobine le coach, par ailleurs salarié du club en qualité, notamment, de responsable de l’école de foot. Il y a quelque chose d’inexplicable. Quand tu prends le but du 3-2 à la 85e, dans 99% des cas le match est fini. Notre latéral droit remplaçant rentre latéral gauche, il se projette très peu d’habitude, mais fait une course dans le dos avec un une-deux, tu te dis qu’il va ouvrir son pied et il met un extérieur sous la barre, alors que le gardien anticipe le fait qu’il ouvre. Et les tirs au but, je m’en souviendrai toute ma vie : Nathan Allain va s’élancer pour le dernier tir, et il n’y a plus un bruit. Après, ça explose et ça part dans tous les sens. »

Tombeurs de leur troisième club professionnel après le FC Lorient (1-0 au 1er tour fédéral, équivalent des 64es de finale) et l’US Orléans (1-0 en 16es) malgré leur entrée dès le deuxième tour (ce sera leur neuvième match du tournoi ce dimanche), leurs épaules frêles et leurs trois petits entraînements par semaine (face à des joueurs de centre de formation), les Vert et Blanc ont d’ores et déjà écrit l’histoire de l’institution locale USJA, club phare de la région, dont le plus gros frisson dans la compétition était un huitième en… 1999. « Tu as toujours au moins un club amateur en huitièmes, pose Kyllian. Mais les clubs qui font des parcours en Gambard’, ce sont souvent des clubs franciliens, avec le bassin de population et les dispositions pour, ou bien un club comme La Duchère qui est hyper bien structuré, avec une équipe en N2. Le fait d’avoir un club amateur avec une équipe fanion en R2, qui n’a rencontré quasiment que du professionnel depuis le tour fédéral, c’est assez unique. »

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Surtout, le club se remet à frissonner au rythme d’une épopée de petit Poucet, quinze ans après le parcours hors normes réalisé en Coupe de France par les grands. Anglet (CFA), Gueugnon (L2) et Nancy (L1) tapés au Moulin-Boisseau, Marseille humilié à la Beaujoire, avant une sortie les armes à la main en quarts de finale, face au PSG de Pauleta (1-0) : à Carquefou, et certainement dans toute la Loire-Atlantique, personne n’a oublié ce que la formation de CFA2, à l’époque, avait réalisé. « C’est très ancré, confirme Kyllian. Quand je suis arrivé au club en 2016, il y avait la Coupe de France, dont on nous parlait avec nostalgie, et aussi la déception du National (division qu’a connue le club entre 2012 et 2014 avant la suppression de l’équipe première pour des raisons économiques et un redémarrage en Division d’honneur) qui n’avait pas encore été totalement digérée. J’ai été bercé par ça, au club. » Ses poulains, eux, avaient à peine trois ans le jour où Idrissa Ndoye a mortifié Cédric Carasso : « C’est un héritage qu’ils voient à travers des photos, des vidéos, parce que c’est quelque chose qui est très présent dans le paysage local. Ils ne l’ont pas connu, ils en ont juste entendu parler. Il y a vraiment une culture de la coupe, au club », ajoute Auger, qui ne manque pas de préciser que l’USJA réalise souvent des performances en Coupe des Pays de la Loire.

La recette de ces petits frères de Sébastien Le Paih ou Baptiste Lafleuriel (lesquels figurent encore dans l’organigramme du club) ? Une équipe qui se connaît par cœur avec « une grosse ossature d’équipe depuis cinq-six ans, depuis la préformation », une bonne dose de talent qui lui a permis d’accrocher la première place de sa poule lors de la première phase du championnat (même si la montée à l’échelon national ne fait pas partie des plans carquefoliens), un coach lumineux qui met son groupe dans des conditions quasi professionnelles (il passe d’ailleurs actuellement le CRAV, pour « Certificat régional d’analyse vidéo ») et l’envie de vivre une dernière aventure humaine avant, sans doute, un inéluctable éclatement. Le lot de beaucoup d’équipes amateurs : « L’effectif va se fragmenter entre la tranche qui a un projet études, par exemple le gardien pour qui il s’agit des derniers mois de football avant de basculer sur le scolaire, ou le numéro 9 Adam Le Crom qui fera médecine l’année prochaine. Et la deuxième tranche va continuer le football, avec je pense à la marge un ou deux garçons qui ont peut-être l’ambition d’aller sur les U19 nationaux ailleurs », poursuit Kyllian. Avec l’espoir de toquer à la porte du monde pro, eux qui ne s’en sont jamais réellement approchés ? « Il y a des gars qui auraient un mot à dire pour intégrer un centre de formation. Et après une fois que tu es dedans, avec la fraîcheur… Parce que ces garçons sont frais dans leur tête. »

Mais derrière cette bande de potes qui regarde dans les yeux des futurs joueurs de Ligue 1, il y a aussi tout un public qui s’est pris au jeu. Comme lors du déplacement à Chauvigny dans la Vienne (200 kilomètres de Carquefou), en 32es (1-2) : « C’est la première fois que je vois ça, témoigne l’entraîneur. Un car est parti avec une soixantaine de personnes, beaucoup de voitures ont fait le déplacement, on était plus de 100. Plus de la moitié de la tribune était carquefolienne, tu as l’impression que tout le stade est derrière toi, les jeunes ont fait craquer des fumigènes… » Lors du dernier match, face aux Girondins à domicile, ils étaient 2000 massés autour du mythique terrain d’honneur de la Jeanne d’Arc. Qui est définitivement en train de devenir une terre d’exploit, même si les joueurs n’en ont pas forcément conscience : « Les jeunes ne jouent jamais dessus en théorie, termine leur éducateur. Ce terrain ne leur parle pas trop. Si tu n’as pas connu l’épopée, c’est vrai qu’avec sa piste d’athlé, il fait très impersonnel, très ville, très froid. Mais après avoir fait Lorient, Orléans, Bordeaux, et de voir le stade dans cet état, je pense que maintenant ils sont convaincus. » Pour avoir une chance de croiser le fer avec le FC Nantes, en revanche, il faudra se hisser jusqu’en finale. Chiche ?

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Par Jérémie Baron

Propos de Kyllian Auger recueillis par JB, sauf mention // Photographie : © Raphaël Bertron (Instagram : @azure_photographe)

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