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Pourquoi le Sénégal est le vrai favori de cette CAN
Dans l'ombre de l'engouement autour du Maroc, pays hôte de cette CAN, le Sénégal fait bien partie des favoris de la compétition. Discrétion absolue, mélange de jeunesse et d'expérience cohérent et esprit léger... Voici pourquoi les Lions de la Teranga ont toutes leurs chances de devenir champions d'Afrique pour la deuxième fois de leur histoire.
→ Sans pression rime avec discrétion
Jouer une CAN, comme toute compétition internationale, est toujours plus dur à gérer avec la pression de son principal soutien, à savoir son propre public. Lors de la dernière Coupe d’Afrique, les Ivoiriens ont su transformer cette énergie négative du pays hôte en ivresse générale, en éliminant notamment le Sénégal dès les huitièmes de finale. Une défaite amère pour des Lions de la Teranga très revanchards pour cette nouvelle édition, dans laquelle ils s’apprêtent à rentrer dans de bonnes dispositions. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la sélection dirigée par Pape Thiaw arrive dans cette CAN marocaine dans les meilleures dispositions : elle n’a plus le poids du tenant du titre (2021) et n’est pas attendue au tournant par toute l’Afrique du football, les regards étant davantage tournés sur les hôtes marocains, demi-finalistes de la dernière Coupe du monde. Une réalité comprise d’entrée par la fédération sénégalaise, qui avant son entrée en lice face au Botswana ce mardi (16h), a littéralement isolé sa sélection. « On va sécuriser et bunkeriser. C’est pour le bien de l’équipe », déclarait Pape Thiaw à l’annonce de sa liste. Depuis que les Lions sont arrivés à Tanger, aucune de leur séance d’entraînement n’a été ouverte à la presse et au public, et la sécurité autour de leur hôtel a été volontairement renforcée. Silence, on bosse.
Pape Thiaw🇸🇳 avertit tout le monde "On va bien bunkériser..." #13football #13TV pic.twitter.com/lYovWTAsr0
— 13football_com (@13footballC) December 13, 2025
→ Pas le poids de la disette en cours
Parmi les favoris, les Sénégalais sont d’autant plus tranquilles que le Maroc reste sur une longue traversée du désert : il n’a plus remporté une Coupe d’Afrique des nations depuis 1976, leur seul titre dans la compétition en 20 participations. Une disette interminable, pour une sélection attendue de pied ferme par tout le pays. Par le public marocain d’abord, qui est devenu très demandant après le Mondial qatari, la Coupe du monde U20 remportée par ses jeunes pousses et plus récemment la Coupe arabe glanée par une sorte d’équipe A’. Mais surtout par son administration politique, qui a mis les bouchées double à cinq ans du Mondial co-organisé avec l’Espagne et le Portugal. Un total de 20 milliards de dirhams (soit 1,8 milliard d’euros) a été aligné par le gouvernement marocain pour construire six des neuf stades hôtes et en moderniser trois. Une large mise à jour des infrastructures largement contestée dans le pays hôte, où une bonne partie de la jeunesse et son mouvement « Gen Z 212 » aimerait davantage que l’on investisse dans la santé, l’éducation et le social plutôt que dans des écrins ultra-modernes de 68 000 places (à lire dans le So Foot 231). Bref, tout ce qui n’est aujourd’hui pas le problème de la sélection du Sénégal dont l’unique souci est de penser au football.

→ Une défense au grand complet
Problème, les ennuis continuent d’affluer au Maroc même lorsqu’on ne parle que de foot. Son capitaine et idole Achraf Hakimi ne jouera très probablement pas avant une éventuelle phase à élimination directe, et le taulier de sa défense Romain Saïss (qui avait déjà fini sur une jambe en 2022 face aux Bleus) est déjà forfait pour le reste de la compétition après sa sortie face aux Comores. Autant dire que ces deux absences risquent de peser, quand on connaît l’importance d’avoir une défense solide dans la conquête d’un titre comme celui-ci. Sur ce terrain là, le Sénégal est correctement armé, avec une charnière d’expérience composée de l’indéboulonnable Kalidou Koulibaly et du patron lyonnais Moussa Niakhaté. Mais avant de buter sur ces deux golgoths, les adversaires devront d’abord passer le rideau du milieu fait de Pape Matar Sarr, Idrissa Gueye et Pathé Ciss. Un vrai casse-tête pour les autres, et surtout une vraie raison d’être serein pour Pape Thiaw après un épisode très mouvementé sur le plan médiatique avec Cesc Fábregas.
→ Entre cadres et jeunes qui poussent
C’est peut-être là le seul hic dans la préparation du Sénégal pour cette CAN. Appelé, l’attaquant de Côme Assane Diao s’est blessé la veille de sa convocation avec l’équipe nationale, alors que son entraîneur en club Cesc Fábregas avait déjà exprimé ses réticences quant à l’idée de libérer son joueur pour une compétition visiblement encore secondaire pour lui. Une perte « très décevante » pour le capitaine Kalidou Koulibaly, mais heureusement compensée par une profondeur d’effectif en attaque. Dans ce Sénégal, qui reste sur une défaite encourageante contre le Brésil et un carton contre le Kenya en amical (8-0), il y a de la ressource. Les anciens (Mendy, Koulibaly, Gueye et Mané) sont présents à chaque ligne, et accompagnés de profils plus frais qui poussent (là où les solutions offensives côté marocain sur l’ensemble de la compétition semblent se limiter aux fulgurances de Brahim Díaz), comme le déjà confirmé Nicolas Jackson ou le jeune parisien Ibrahim Mbaye. Tout ce beau monde ensemble, ça donne en tout cas envie de mater les matchs.
→ Répétition générale avant le Mondial
C’est comme dans la vie de tous les jours. En psychologie, il est recommandé de découper un objectif en plusieurs étapes, histoire d’y aller « step by step » et que le sommet que l’on souhaite atteindre paraisse plus facilement atteignable. In fine, ce travail mental permet d’enlever la pression autour de nos moyens mis en place pour atteindre l’objectif en question. C’est précisément ce cas de figure qui entoure les têtes sénégalaises ce mardi. Si ce mindset n’enlève en aucun cas le fait que la conquête de l’Afrique soit une priorité pour chaque nation engagée, le Sénégal peut faire de cette CAN une sorte de répétition générale en attendant la Coupe du Monde, où elle croisera l’équipe de France dans ce qui est déjà la poule de la mort. En ce sens, l’arrivée finale de l’objectif sénégalais est ce match contre les Bleus le 16 juin prochain au MetLife Stadium. Entretemps, les Lions de la Teranga ont une belle opportunité de se faire les griffes et de montrer qu’ils restent le principal « contender » africain sur la scène continentale et internationale.
Découvrez le tableau complet des huitièmes de finale de la CAN 2023Par Théo Juvenet




























