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C1 : le carnet tactique des quarts de finale allers

Par Maxime Brigand et Matthias Ribeiro

L'organisation défensive de City, le rôle de Bastoni, le coup du Milan, celui du Real : ces quarts de finale de Ligue des champions ont réservé quelques curiosités tactiques. Au tableau.

C1 : le carnet tactique des quarts de finale allers

  City : quatre centraux pour une lune de miel

Les 37% de possession pour plumer Arsenal (1-3) dans son Emirates mi-février, l’intégration d’Erling Haaland et de son profil si particulier, le double rôle de John Stones, l’installation de Nathan Aké et Manuel Akanji sur les flancs… La saison 2022-2023 de Manchester City ne débouchera peut-être sur aucun trophée, mais les expériences ont déjà été nombreuses et les enseignements tactiques tout autant. Le quart de finale aller remporté mardi soir par les Citizens (3-0) face au Bayern de Thomas Tuchel n’a pas fait exception : au cours d’un match de Ligue des champions qui a vite tourné au sommet, Pep Guardiola a appuyé sur les ingrédients vus depuis plusieurs semaines, notamment dans son approche sans ballon, et il a même été payé, ce qui n’a pas toujours été le cas dans cette compétition qui peut souvent basculer ailleurs que sur le tableau noir. Cette fois, il convient néanmoins de s’attarder sur l’approche d’un City qui a choisi non seulement de presser haut le Bayern (15 ballons récupérés dans le dernier tiers bavarois, record de la saison pour les Anglais), mais surtout de le faire avec une structure risquée portée par quatre centraux de formation (Akanji, Stones, R. Dias, Aké). Ultradominants lors de la première période, Akanji et Aké ont notamment brillé dans leur gestion des deux détonateurs principaux munichois Sané et Coman, qui ont d’ailleurs tenté de permuter, en vain. Postés de part et d’autre du 4-4-2 en phase défensive de City, les « Ak » ont utilisé leurs muscles pour prendre l’ascendant dans les duels (16 duels remportés sur 23 disputés par le duo) sur des profils mobiles et virevoltants, mais fatalement moins résistants. Ils ont également assuré aux côtés d’un Rúben Dias monstrueux dans la gestion de la surface.

En début de match, Akanji n’a, par exemple, pas hésité à offrir le fameux tampon de bienvenue à son premier opposant, Jamal Musiala, assez frêle au duel.

Au cours de la deuxième partie de la rencontre, le Portugais, impérial devant Jamal Musiala dans le premier acte (25e) et face à Gnabry ensuite (77e), a davantage pris la lumière et a parfaitement été aidé par un John Stones précieux pour tenir l’égalité numérique voulue par l’animation dessinée par Pep Guardiola (un quatre contre quatre). Face aux velléités de jeu intérieur bavaroises, longtemps incarnées par un Dayot Upamecano qui a montré beaucoup de caractère avant de sombrer, les centraux mancuniens ont su gérer l’espace à merveille malgré certains trous ouverts dans le dos de la paire Rodri-Gündoğan, Gnabry et Musiala, suivi de près par Stones, réussissant à être touchés par bribes et Pavard pouvant aussi l’être par Sommer (10e). À plusieurs reprises, ils ont aussi réussi à couvrir les nombreux appels de Leroy Sané.

Exemple de trou exploité par Upamecano avec Gnabry, venu décrocher dans le dos de Gündoğan alors que Grealish est sur Pavard…

… mais Rúben Dias, prêt à ronger la moindre approximation technique adverse, veille au grain alors que Stones anticipe la couverture.

En deuxième période, c’est au tour de De Ligt de trouver un relais intérieur avec Kimmich. Le milieu allemand décide alors d’allonger vers Sané…

… mais Stones couvre parfaitement et s’impose au duel devant Ederson.

Si la majeure partie de la masterclass de Manchester City a été défensive (City n’a d’ailleurs concédé que trois buts depuis le début de la campagne), Bernardo Silva et Grealish ayant au passage tous les deux été irréprochables pour à la fois pousser les centraux munichois à la faute et mordre les latéraux adverses dans ce qui a parfois ressemblé à un 6-2-2 en bloc bas, il est également bon de noter la prestation avec ballon des membres de la ligne défensive ciel et blanc (Nathan Aké et John Stones en tête). Utilisé dans un double pivot aux côtés de Rodri face à Leipzig (7-0), Liverpool (4-1) et à Southampton (4-1), Stones, impliqué sur la perle de Rodri et passeur décisif sur le troisième but inscrit par Haaland, est aujourd’hui un pion majeur du visage de City. Un visage qui pourrait le rapprocher de son vieux rêve inassouvi de conquête européenne. MR

Mardi soir, Pep Guardiola semble avoir missionné Stones et Aké dans le marquage préventif et les a positionnés dans les demi-espaces. Ils ont donc naturellement été des solutions en retrait et ont aidé City à asseoir sa domination territoriale. Choix payant sur l’action du 1-0, où Bernardo Silva va trouver Rodri, abandonné par Gnabry.

… et presque de nouveau décisif en deuxième période sur ce dédoublement d’Aké, servi par Grealish, qui va être suivi par une frappe sauvée par Sommer.


  Alessandro Bastoni, la clé des verrous

Avant de venir hurler en costume sur les bords de l’Estádio da Luz, Simone Inzaghi, secoué par une saison qui a déjà vu son Inter glisser à dix reprises en championnat, avait prévenu l’Europe : « Nous avons besoin de cœur et d’esprit pour gagner. Dans nos rencontres, je pense que nous avons toujours le cœur à l’ouvrage, mais lors de ce match, il faudra aussi faire preuve d’une extrême lucidité. » Le cuisinier de Plaisance savait parfaitement à quel point se jeter sans calcul dans les bras d’un Benfica déchaîné pouvait coûter très cher à ses hommes, encore plus au cours d’un exercice où le navire milanais est loin de toujours être totalement serein (aucune équipe n’a notamment subi plus de tirs que l’Inter depuis le début de la campagne de C1), et il convenait donc de parfaitement découper ce quart aller. La première étape a donc été claire : empêcher le feu lisboète de prendre. Et à ce jeu, l’Inter a rapidement réussi son coup, mardi soir, en limitant le Benfica à une tentative cadrée lors du premier acte – une frappe de Rafa Silva après un centre de Grimaldo mal repoussé par Dimarco – grâce à une animation sans ballon audacieuse dont l’objectif a été double : mettre en situation d’urgence les premiers relanceurs rouges (Vlachodimos, Morato, António Silva et Chiquinho, qui a souvent décroché pour tenter de former une supériorité numérique face à la première ligne de pression à deux têtes de l’Inter), puis capturer les différentes têtes pensantes (Aursnes, Rafa, João Mario) à l’intérieur du jeu grâce, entre autres, aux sorties agressives de Darmian et Bastoni, à la gestion de la profondeur d’Acerbi, à la science du jeu indémodable de Marcelo Brozović et aux poumons de Mkhitaryan (8 ballons récupérés).

Schéma de l’animation sans ballon de l’Inter à Lisbonne.

Séquence modèle du bon pressing milanais : alors que Džeko et Mártinez cadrent les centraux de Benfica, Barella accompagne le décrochage de Chiquinho, Brozović celui de Rafa et Mkhitaryan surveille Florentino Luís.

Le ballon arrive dans les pieds de Florentino Luís, que Mkhitaryan coince à l’aide de la ligne de touche, alors que Bastoni suit João Mario et que Dimarco sort sur Gilberto.

Touché le long de la ligne, Gilberto n’a aucun autre choix : il doit allonger.

Acerbi assure le duel avec Gonçalo Ramos alors que Darmian est en couverture… 

… et à la retombée, Bastoni enclenche directement la transition offensive. Sur cette séquence, Lautaro Mártinez va gratter une faute.

L’Inter, en très nette sous-performance dans son championnat et souvent malheureuse ces derniers temps, a cette fois maintenu son efficacité quasiment toute la soirée et a finalement assez peu concédé de situations. Onana n’a eu que deux arrêts à sortir – le premier sur Rafa en première période, le second face à Gonçalo Ramos dans les arrêts de jeu – et a pu souffler lorsque Grimaldo a sabordé à l’entrée des six mètres interistes une occasion de 1-1 suivie d’un cafouillage qui aurait pu déboucher sur un penalty après une faute de Bastoni sur Ramos. Gracié, l’international italien, dont une main bien décollée n’a pas été signalée avant l’ouverture du score, a alors été un acteur central de la deuxième étape du plan nerrazzurri : celle qui a mené au succès (0-2). Pour déborder l’animation défensive du Benfica, Simone Inzaghi a en effet une nouvelle fois taillé un rôle sur mesure à son central (très) excentré gauche, qui, avec ballon, a souvent eu du temps et de l’espace pour déployer ses différents outils.

Face au 4-4-1-1 du Benfica, l’Inter s’est souvent déployée ainsi avec Dimarco et Dumfries pour fixer de chaque côté la défense à quatre lisboète, Džeko et Mártinez dans l’axe, Brozović en point d’équilibre, Mkhitaryan en leurre, puis Bastoni et Barella – dont la position a souvent évolué – pour attaquer les couloirs extérieurs.

De cette position, Bastoni a alors pu être une rampe de lancement précieuse pour Dimarco, qui n’a ensuite pas toujours fait les bons choix.

Il a aussi pu décoller lui-même, en s’appuyant sur son piston…

… puis en allant centrer le long de la ligne.

Preuve de la volonté d’Inzaghi d’utiliser Bastoni de la sorte : sur cette situation, alors qu’Acerbi va frapper de loin, Dimarco et Mártinez indiquent à leur coéquipier la zone du numéro 95 de l’Inter.

Cinq minutes plus tard, Bastoni va se retrouver dans une autre situation parfaite pour ses qualités, où Mkhitaryan va plonger dans le dos d’un Silva attiré par Mártinez, mais va rater son ouverture.

Finalement, en début de seconde période, Acerbi va lancer Bastoni…

… et on va le retrouver dans la situation idéale pour son centre, qui va tomber sur la tête de Barella.

Bis repetita plus de 25 minutes plus tard : cette fois, la reprise de Dumfries sera sauvée.

Auteur de trois centres, dont deux qui ont mené aux occasions les plus dangereuses de son clan, vital par sa gestion de João Mario et ses couvertures, mais aussi pour son jeu sous pression, Alessandro Bastoni, déjà auteur d’une passe décisive similaire pour Barella au Camp Nou (3-3) et d’une offrande pour Mkhitaryan face à Plzen (4-0), a été une clé pour fermer un verrou et une autre pour ouvrir celui du Benfica. Cela a suffi à cette Inter réaliste et à un Simone Inzaghi reparti de Lisbonne avec les poings serrés : « Regardez les matchs et laissez les résultats de côté. » Au-delà des polémiques d’arbitrage, c’est ce qu’il faut aussi retenir. Cette fois, sa troupe a tout eu : le fond et la forme. MB


Milan, le coup de l’élastique

Ils avaient dîné ensemble dix jours plus tôt et la soirée avait tourné au carnage. Cette fois, le Napoli tout entier avait annoncé à son bourreau qu’il ne tomberait pas deux fois de suite dans son piège et qu’il avait retenu la leçon. Alors, ce col de San Siro, entre, d’un côté, une bombe qui explose au visage de ses adversaires depuis plusieurs mois et n’a plus à prouver sa grande capacité à s’adapter aux différentes animations, et de l’autre, un géant que l’on n’avait plus croisé sur de telles hauteurs depuis plus de dix ans, était forcément un moment à suivre de près, d’autant plus après la surprise du 2 avril dernier : la victoire éclatante du Milan (0-4) chez un Naples qui n’avait pas reçu une telle baffe depuis le début des années 2000. Mais comment appréhender ce rendez-vous ? Peut-être en ayant d’abord toujours en tête les propos tenus par Luciano Spalletti au mois d’octobre – « Les systèmes n’existent plus en football, tout dépend désormais des espaces que l’adversaire vous laisse. Vous devez les repérer rapidement, trouver le moment idéal pour les attaquer et avoir le courage de commencer le mouvement qui vous permettra de le faire lorsqu’on vous presse » – et en se souvenant bien d’une chose : ce Milan-là n’est jamais aussi inquiétant que lorsqu’on pense l’avoir entre les doigts. Une preuve ? Aucune équipe en Europe ne compte plus d’attaques directes – de séquences démarrant dans le camp d’une équipe et débouchant par un tir ou un ballon touché dans la surface de son adversaire – que la machine de Stefano Pioli. Une autre ? Ce quart de finale aller de Ligue des champions.

Car oui, si Luciano Spalletti s’est félicité après le match de mercredi soir d’avoir « retrouvé son meilleur Naples » et « des joueurs toujours prêts à jouer haut et à aller aux duels », il a aussi vu son gang glisser une deuxième fois (1-0). Comment l’expliquer alors que pendant un peu plus de vingt minutes, on a vu le Napoli attraper le Milan par le col et le rouer de coups (8 frappes sur la séquence, dont une occasion ahurissante pour Kvaratskhelia après cinquante secondes de jeu) ? Simplement car, au-delà des nouvelles polémiques d’arbitrage (la VAR ne fonctionnait visiblement pas), les locaux ont progressivement réussi à enfiler leur tenue vue en championnat début avril : un 4-2-3-1 sans ballon avec trois milieux – Tonali, Krunić et Bennacer – chargés de marquer en individuel la triplette adverse (Lobtoka, Zambo Anguissa et Zielínski) et une ligne défensive qui n’hésite pas à chasser avec prudence pour craquer au maximum les allumettes napolitaines. Brouillon dans la pose du pressing lors de la dernière entrevue, le Napoli a, de son côté, cherché à jouer plus prudemment, toujours via un 4-4-2 où Zielínski est venu rejoindre Elmas, titularisé à la place d’Osimhen, mais a parfois, malgré les efforts de Lobotka (9 ballons récupérés, 3 tacles réussis), de nouveau souffert dans des zones clés – celles entre les milieux centraux et les milieux excentrés, où Brahim Díaz et Ismaël Bennacer sont constamment venus mettre leur nez lors de phases de possession où le Milan s’est déformé ainsi :

Comme à Naples début avril, avec ballon, le Milan a fait reculer Krunić pour créer une supériorité numérique face à la première ligne de pression du Napoli et a avancé avec un triangle à l’intérieur qui a été en supériorité numérique. À noter que la position de Theo Hernandez a, comme souvent, fréquemment évolué et qu’il est plusieurs fois venu se mettre à l’intérieur pour libérer l’espace à Rafael Leão.

Après avoir partagé la possession avec Naples lors du début de match, Milan a alors réussi à l’abandonner un peu plus, en se repliant avec calme puis en misant sur le gain de seconds ballons, et a créé les conditions d’un jeu d’élastique : souvent invité à se découvrir, le Napoli, qui a cruellement manqué d’une pointe furieuse (Osimhen, par exemple), s’est peu à peu ouvert et des transitions offensives sont apparues. Les Milanais les ont alors jouées avec une grande malice (des fautes obtenues, comme celle de Bennacer dans les pieds de Zambo-Anguissa à la 37e ou celle grattée par Krunić dans ceux de Zielínski moins d’une minute plus tard) et une grande intelligence.

Mise en lumière du un contre un du Milan, avec Tomori qui suit notamment Lozano à l’intérieur. Di Lorenzo cherche donc Elmas en décrochage…

… sauf que Kjær est en démonstration et va assurer son intervention, sans faute…

… avant que Bennacer ne vienne se mettre dans la course de Zambo et gratter une faute utile.

Première séquence de transition à la 25e : le Napoli est aux abords de la surface du Milan, Di Lorenzo – en bas – rentre à l’intérieur, Lozano est côté droit et il ne reste donc en couverture que trois éléments – Zambo Anguissa, Kim et Rrhamani -, encore faut-il qu’ils soient bien positionnés.

Le centre de Mario Rui est intercepté par Tomori…

… Krunić gagne le duel aérien dans la foulée avec Tonali…

… qui attire Di Lorenzo et alerte tout de suite Rafael Leão qui, malgré un contrôle raté, va se retrouver en position d’attaquer l’intérieur…

… Rrhamani est sorti au contact, mais Zambo Anguissa n’est pas en couverture et se fait aspirer par le même mouvement…

… Giroud reste et attire jusqu’au dernier moment l’attention de Kim, qui va coulisser trop tard sur Leão, qui va trop croiser sa frappe.

La deuxième va être la bonne : sur un ballon ressorti sur Lobotka, Giroud sort presser et mange du temps au cerveau napolitain… 

… Zielínski laisse filer le ballon pour personne. Calabria peut alors enclencher la transition.

Il va le faire avec Brahim Díaz, qui a pris l’information dans son dos… 

… va profiter de la sortie intérieure de Mario Rui, de l’arrivée de Lobotka et indirectement du déplacement de Zambo Anguissa pour éliminer trois joueurs sur un geste…

… voilà le Milan en cinq contre trois…

… Brahim Díaz décale Leão au dernier moment et l’alerte : Bennacer est seul et va finir.

Solide et réaliste, porté par un Simon Kjær au presque parfait (s’il catapulte sa tête au fond des filets avant la mi-temps, son match, où il a quasiment toujours réussi à sortir au bon moment sur Kvaratskhelia et Elmas, part dans un musée) et un Mike Maignan héroïque (cinq arrêts sur 1,63xG concédé), le Milan, tout de même bousculé sur phases arrêtées, a réussi avec patience son coup en sortant un match européen à l’état pur, comme son voisin interiste la veille. On ne résiste pas deux fois à une attaque comme celle du Napoli sans talent, et ce Milan a été le même qui a dominé la Juve (2-0) en octobre ou tordu Salzbourg (4-0). Absolument tout reste à jouer, Naples va retrouve Victor Osimhen qui va affronter Milan pour la première fois de la saison et va être vital pour faire sortir de son confort la ligne défensive milanaise, mais devra aussi faire sans Zambo Anguissa, expulsé dans la foulée d’une faute non sifflée sur Kvaratskhelia, et Kim, averti pour contestation. Vite, le prochain dîner. MB


  Real Madrid ou Jurassic Park

Les éditions passent, et le constat reste implacable : la Ligue des champions appartient au Real Madrid, au sens propre comme au figuré. Avec la seule intégration d’Eduardo Camavinga au poste de latéral gauche depuis le dernier sacre blanc du printemps dernier, le chantier du Bernabéu semble être plus conséquent en tribunes que sur la pelouse. Toujours dans un style très lisse, qui offre autant de possibilités collectives que de libertés aux individualités, Carlo Ancelotti et les siens ont une nouvelle fois montré face à Chelsea (2-0) que les dinosaures sont encore bien vivants. Mieux encore : ils évoluent.

Forcément influencé par la délivrance de Rodrygo l’an passé au même stade de la compétition face au même adversaire, Il Mister a reconduit le Brésilen sur l’aile droite en lieu et place de Federico Valverde, habituellement plus excentré que lorsqu’il fait office de relayeur dans l’iconique 4-3-3 madrilène. Si Ancelotti n’est pas connu pour inonder ses joueurs de consignes tactiques en tout genre, le chemin dessiné face aux Blues semblait cependant cette fois bien tracé. En profitant des fusées cariocas que sont Vinícius Júnior et Rodrygo pour attaquer la surface ou de la domination technique de Karim Benzema dans les derniers mètres, les quarterbacks madrilènes ont ainsi vu plusieurs clients potentiels pour vendre leurs marchandises. Une approche payante, qui a notamment offert aux Merengues 62% de réussite sur les longs ballons (16/26), le premier but de Benzema, l’exclusion de Ben Chilwell et 19 ballons touchés par Vinícius dans la surface adverse (meilleur total de la saison sur un match de Ligue des champions).

Rapidement dans le match, Kroos s’est chauffé le pied et a lancé une première fois son éclair préféré à toute vitesse. Ici, Thiago Silva, qui a vite réagi, interviendra.

Rebelote en deuxième période avec Valverde à la baguette et Rodrygo à la cueillette. Chilwell aussi a anticipé, mais la science défensive n’est pas la même que son capitaine. Au bout de sa course, il rentrera au vestiaire.

Au-delà des milieux, les latéraux madrilènes ont, eux aussi, parfois eu l’occasion de voyager un cran plus haut. À l’image de cette séquence avec Eduardo Camavinga…

Ou de celle-ci avec Dani Carvajal à l’intérieur lui aussi. Au bout, l’ouverture du score grâce au tandem supersonique Vinícius – Benzema.

D’abord facilement secouée par la verticalité de N’Golo Kanté en transition, la Maison-Blanche aurait rapidement pu perdre sa couleur immaculée si João Félix (2e) et Kanté (3e) avaient fait preuve de plus de justesse et de vivacité balle au pied dans le dernier tiers. Mais c’est précisément là que réside la force des plus grands prédateurs. Alors que bon nombre d’équipes auraient paniqué, voire sombré, les lions blancs, eux, ont profité du calme des uns et de l’expérience des autres pour rectifier le tir et repartir à la chasse.

Aux abords de la surface des Blues, Toni Kroos perd un ballon qui finira dans les pieds d’Enzo Fernández…

Ce dernier peut alors prolonger vers Kanté qui se projettera ensuite et organisera la transition bleue. La tenaille madrilène est alors bien trop laxiste et trop peu compacte pour restreindre le Français…

Qui peut envoyer Félix seul face au but. Heureusement, les jambes d’Éder Militão moulinent vite.

Quelques minutes plus tard, nouvelle perte de balle plein axe, toujours pour Enzo Fernandez…

Là encore, le bloc blanc n’est pas assez dense à la perte…

Ce qui offre des possibilités à Chelsea et Sterling en transition. Au bout de l’action, le carton jaune de Camavinga.

Alors que la fameuse loi des cinq secondes – temps qu’il faudrait mettre idéalement pour récupérer le ballon après la perte – chère à Jürgen Klopp, tête de gondole du contre-pressing, a eu quelques minutes de retard au Santiago-Bernabéu, c’est peut-être précisément à ce niveau que le match a finalement basculé. Auteur d’une agressivité étouffante à la perte pour asphyxier Chelsea – 10 ballons perdus dans sa moitié de terrain pour les Blues –, le Real a finalement pu prélever son adversaire à la source afin de s’approvisionner en récupérations hautes, en plus de prévenir certaines transitions potentiellement meurtrières. Une arme redoutable qu’ils ne maîtrisaient pas aussi clairement lors de leur dernière conquête européenne et qui montre que, même après avoir raflé tous les bibelots dorés, progresser est une priorité.

Une fois n’est pas coutume, perte de balle dans sa propre moitié de terrain de Luka Modrić. Le bloc madrilène n’est alors fatalement pas préparé à défendre une telle situation – bien que la position intérieure de Camavinga soit précieuse…

Mais cinq secondes plus tard, la densité autour du porteur est folle, ce qui permet à Valverde de récupérer le cuir.

Un cran plus haut, c’est Fernández qui hérite cette fois du ballon…

Mais quatre secondes plus tard, la tenaille est déjà fermée. Au bout de la débauche d’énergie très haute de Militão pour prévenir – tandis qu’Alaba couvre – et de Vini au repli, le ballon terminera dans les pieds de Toni Kroos.

Aussi à l’aise pour attaquer les grands espaces que les petits, capables de défendre la profondeur ou de resserrer à la perte, souverains dans les deux surfaces grâce à Courtois, Benzema et Vinícius… La dernière campagne absurde de Ligue des champions du Real Madrid a démontré qu’ils étaient les plus grands, celle-là semble bien partie pour montrer qu’ils sont les plus complets. MR

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Par Maxime Brigand et Matthias Ribeiro

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