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  • Épisode 7

Un jour, un transfert : Jairzinho à l’OM

Par Adrien Hémard-Dohain
Un jour, un transfert : Jairzinho à l’OM

À l’été 1974, l’Olympique de Marseille perd sa doublette Skoblar-Magnusson. Orphelins de leurs deux canonniers, les Phocéens se tournent vers le Brésil pour remettre la main sur une D1 désormais aux mains de Nantes (1973) et Saint-Étienne (1974). Après avoir attiré Paulo César en juillet, à la sortie du Mondial en Allemagne, l’OM s’offre Jairzinho en octobre 1974. Samba.

Coupe afro, pattes d’eph et lunettes de soleil : en juillet 1974, ce n’est pas un Jackson Five qui pose le pied sur le tarmac de Marignane, mais un footballeur. Et s’il n’est pas chanteur, Paulo César est tout aussi connu que la bande de la Motown. Avec son grand sourire charmeur, le Brésilien revient à peine du Mondial 1974 en RFA, que le Brésil a terminé 4e. Convaincu par la manne financière de Fernand Méric, nouveau boss de l’OM qui a fait fortune dans le cinéma, le champion du monde 1970 s’est engagé à Marseille. Et pour cause, champions en 1971 et 1972, mais orphelins de Skoblar et Magnusson et douzièmes la saison passée, les Marseillais sont à la relance, dans le sillage de leur nouvel homme fort. Pour Méric, le scénario est clair : l’OM a besoin de stars pour briller. Après Paulo César en juillet, le président olympien convainc aussi en octobre son acolyte : Jairzinho.

Dès le premier match, j’ai commencé à marquer. Et j’ai maintenu une moyenne de 1 à 2 buts par match. C’était bon. C’était agréable.

Boîtes de nuit, moto et ouragan

L’histoire raconte que c’est pour éviter à Paulo César d’avoir le mal du pays que Fernand Méric a cassé sa tirelire en octobre 1974 pour s’offrir Jairzinho, bientôt 30 ans à l’époque, et qui n’avait jamais quitté Botafogo depuis ses 16 piges. Drôle d’excuse lorsque l’on connaît la propension de César à multiplier les allers-retours pour Rio, quitte à parfois rentrer le matin même d’un match, comme le racontait Victor Zvunka. Ou à louper le départ pour Saint-Étienne à cause d’une énième nuit arrosée, passée à écumer les boîtes du Vieux-Port avant de finir sur la plage et d’en ramener quelques grains de sable au Chaudron. Cette fois, c’est Marius Trésor qui balance, précisant que le clubbeur avait fait son retard dans la berline d’un journaliste, qui avait doublé le car des joueurs à toute allure. Quelques frasques qui agacent les dirigeants olympiens, et leur font dire que Paulo César a besoin de compagnie.

Toujours est-il que c’est lors de l’un de ses allers-retours à Rio qu’il a convaincu Jairzinho de le rejoindre. « Paulo César, c’est mon frère. Nous avons connu beaucoup de choses formidables ensemble, avec Botafogo et la Seleção. Marseille me voulait ; alors, Paulo avait pris son téléphone et m’avait demandé de le rejoindre. Il est même venu ici, à Rio, pour me convaincre », racontait il y a peu le « petit Jair » dans France Football. « Le président marseillais de l’époque, Fernand Méric, aimait beaucoup le football brésilien, se souvient Jairzinho. Ma façon de jouer aussi. J’arrivais en fin de contrat, alors tout s’est fait très rapidement. C’était un grand défi, un moment fort pour moi. » Et pas seulement pour lui. La veille de son premier match, 10 000 supporters assistent à l’entraînement où le successeur de Garrincha se pointe en moto, sur la pelouse.

Cette arrivée de rockstar qui enflamme toute une ville, Jairzinho la doit notamment à sa performance rare du Mondial 1970 : à savoir inscrire au moins un but lors de chaque rencontre du tournoi, soit 7 pions en 6 matchs, et un trophée mythique au bout, soulevé aux côtés du roi Pelé. Si Paulo César, le dribbleur fou, se montre plus à son aise en boîte de nuit, Jairzinho ne se contente lui pas de coups d’éclat. Le Furacão (ouragan en VO) n’est pas venu à Marseille pour faire du tourisme, mais pour rentabiliser les 1 250 000 francs (190 000 euros) investis sur lui. Dès son premier match contre Monaco, le 18 octobre 1974, il délivre une passe décisive pour son compatriote avant d’inscrire son premier but. « Dès le premier match, j’ai commencé à marquer. Et j’ai maintenu une moyenne de 1 à 2 buts par match. C’était bon. C’était agréable.(…) Ils m’aimaient beaucoup. C’était une sensation formidable », racontait le joueur aux caméras de J+1 il y a quelques années.

Je ne pouvais pas continuer à jouer en France. J’étais triste parce que Marseille était comme ma deuxième ville. L’OM reste ma seconde équipe de cœur.

Samba et départ précipité

Le Vieux-Port se met vite à la samba. Sur la pelouse, c’est souvent Jairzinho qui dicte le rythme. Parfois, quand il n’a pas trop la gueule de bois, le mal du pays, ou de jetlag, Paulo César l’accompagne sur la piste. Comme lors d’un match de Coupe de France resté mythique contre Nantes, disputé au Parc Lescure de Bordeaux. Ce soir-là, Jairzinho et Paulo César envoûtent les champions de France 1973 : 0-4. Le point d’orgue de leur folle année marseillaise. « Même si on a joué une saison seulement, on a fait une saison extraordinaire », se remémorait Paulo César, lui aussi pour J+1. Une seule saison, malgré tout l’amour et la tendresse réciproque entre les Brésiliens et le peuple phocéen. Très pieux, Jairzinho et Paulo César, de leur propre aveu, ne mangeaient jamais chez eux, avaient le sentiment d’appartenir à une famille, le tout avec « les belles filles, la musique… » Un petit goût de Brésil, mais qui finira par un épisode amer, malgré les 30 buts inscrits par le duo et la deuxième place accrochée derrière l’AS Saint-Étienne (finaliste de la C1 la saison suivante) en dépit d’une 13e place à la trêve.

En quart de finale retour de Coupe de France, l’OM affronte le PSG, qui est encore loin de pouvoir prétendre à un rôle de rival. Mais le match retour s’envenime. Paulo César se voit refuser un but et un penalty.« J’étais fâché. J’ai dit des belles choses à l’arbitre », minimisait l’ailier pour J+1. De son côté, Jairzinho est accusé de s’en être pris physiquement à l’arbitre de touche. Il nie toujours les faits. Suspendu deux ans par l’ancêtre de la LFP, Furaçao quitte Marseille après une saison pleine d’arabesques, de buts (13 en 25 apparitions) et de promesses. Paulo César le suit. Aujourd’hui, il regrette : « Partir de Marseille a été la plus grande erreur de ma vie. » Comme Jairzinho, qui se console comme il peut. « Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Le public n’a pas vu, la télévision n’a pas montré d’images. C’est dommage que ça se soit déroulé ainsi… Je ne pouvais pas continuer à jouer en France. J’étais triste parce que Marseille était comme ma deuxième ville. L’OM reste ma seconde équipe de cœur », assurait en avril dernier le « petit Jair » , pour qui l’essentiel reste « d’avoir fait connaître Marseille dans le monde ». Cela valait bien plus d’un million de francs.

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