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Top 5 : Maintien in extremis
En s'offrant ce qu'il reste des Girondins de Bordeaux à Bollaert (1-0), les Lensois se sont offerts plus qu'un répit : grâce à un calendrier clément, ils peuvent encore croire au miracle. Un miracle que d'autres ont déjà réussi à accomplir avant eux. Retour sur ces coupables idéals, qui ont échappé de peu à l'échafaud.
1. Paris Saint-Germain (saison 2007-08)
Les années noires du PSG ont failli se terminer de bien triste manière. Alors que le club de la capitale s’offre une Coupe de la Ligue et une finale de Coupe de France en 2008, ses performances en championnat sont très loin d’être aussi réjouissantes. Malgré l’éviction de Lacombe et l’arrivée de Paul Le Guen, le Pez’ tutoie la médiocrité match après match. Même Pauleta est pris pour cible par les supporters parisiens. Engoncés dans la zone rouge qu’ils occupent depuis la 28e journée quasiment sans interruption, Landreau et les siens semblent même condamnés après une nouvelle humiliation face au Stade Malherbe (3-0) ; au soir de la 34e journée, ils pointent à 3 longueurs du premier non-relégable, en plus de se trimballer une différence de buts défavorable. Pire : comment une équipe qui n’a remporté qu’un seul de ses douze derniers matches en championnat peut-elle espérer une éclaircie salvatrice ?
Heureusement, le petit monde du football se mobilise : RMC lance une opération « Sauvons le PSG » , Michel Moulin débarque en sauveur sans qu’on sache trop à quoi il peut servir, et Rothen demande à tous ses coéquipiers de mettre leurs « couilles sur le terrain » . Banco ! Le Paris SG chope 8 points lors des quatre derniers matches et saute du train en marche qui file vers la Ligue 2. C’est finalement le RC Lens qui fera les frais du sauvetage in extremis des Parisiens. Une grosse frayeur sans conséquence, qui permettra même au PSG de tirer des leçons de ses erreurs pour rebondir aujourd’hui. Mais on était vraiment tout proche de la catastrophe.
2. Lille (saison 1995-96)
Si le LOSC est aujourd’hui sur la route d’un titre historique que le club nordiste attend depuis plus de 50 ans, il n’y a encore pas si longtemps, les Dogues avaient bien d’autres préoccupations que la pole position. Il y a quinze ans, Lille traverse une période difficile et lutte année après année pour son maintien, ne parvenant jamais à se hisser jusqu’à la première moitié de tableau. 17e en 1993, puis 15e en 1994 et 14e en 1995, les coéquipiers de Pascal Cygan et de Djezon Boutoille connaissent à nouveau une saison désastreuse : incapables de se hisser au-delà de la 16e place tout au long de la saison, échoués dans la zone rouge pendant les quatorze premières journées et relégables 22 fois au cours de la compétition, les Dogues sont en-dessous de tout. Une saison comme celle-ci, en général, on sait comment elle se termine : on finit par se retrouver à jouer face à Châteauroux et Clermont Foot avant de réaliser qu’on a basculé en D2. Sauf que Lille a l’énergie pour bondir en avant au moment de la photo finish. Grâce une fin de saison canon et à trois victoires lors des quatre dernières rencontres, les Dogues s’assurent la 17e place et sauvent leur tête in extremis. Un bel exploit malheureusement impossible à réitérer tous les ans : un an plus tard, Lille est 19e et fait bien partie de la charrette.
3. Nancy (1990-91)
Si les Nancéens espèrent se maintenir cette année, ils peuvent toujours se taper le DVD des exploits de leurs aïeuls, et notamment celui de l’édition 90-91 qui peut leur donner des idées. Fraîchement promus en Division 1, et malgré quelques résultats encourageants au cours de la saison, notamment une victoire 2-0 face à l’Olympique de Marseille, Nancy connaît une chute apparemment inexorable vers les tréfonds du classement en deuxième partie de saison. Les coéquipiers de David Zitelli n’arrivent plus à mettre un pied devant l’autre et se ramassent en un an une jolie collection de roustes mémorables : 4-0 à Metz, 5-0 à Bordeaux, 5-0 à Montpellier, et surtout un joli 6-2 au Vélodrome, qui tient sa revanche.
Au soir de la 33e journée et de cette branlée à Marseille, les Nancéens restent sur trois défaites consécutives et occupent une 19e place peu encourageante. Personne ne donne vraiment cher de leur peau au moment d’aborder le sprint final. Et pourtant, les hommes d’Aimé Jacquet ont de la ressource, remportent 3 de leurs 5 derniers matches, dégoisent notamment Monaco 4-0 à Marcel Picot, et envoient Sochaux en D2. Encore une fois, le bonheur est de courte durée… Sans Jacquet, qui a soudain mieux à faire, l’ASNL termine l’exercice suivant en position de lanterne rouge (place qu’ils ont occupé de la 8e à la 38e journée).
4. Lens (1987-88)
Oui, Lens l’a déjà fait. Les Sang et Or ont déjà réussi à sauver leur tête après avoir franchi la flamme rouge du dernier kilomètre. Certes, la situation n’était peut-être pas aussi désespérée qu’elle l’est aujourd’hui, mais le contexte n’était pas beaucoup plus glorieux. À l’époque, Jean-Guy Walemme est encore un jeune premier, comme Eric Sikora ou Gaëtan Huard. Malgré un début de saison des plus compliqués, le RC Lens se tient à distance de la zone rouge jusqu’à la 37e journée, naviguant au gré des vents entre la 15e et la 17e place. Mais la lutte pour le maintien est à peu près aussi serrée qu’elle l’est cette année, et les écarts sont minimes. Lens ne remporte qu’une seule rencontre entre la 32e et la 37e journée, et se ramasse sévère à Montpellier (4-0) et au Parc (4-1). La défaite à Paris propulse les Sang et Or à une 19e place qui sent le roussi.
Autant dire que l’ultime chance des Lensois, c’est de ne pas faire dans le détail au moment d’affronter les Chamois Niortais, lors du dernier acte, à Bollaert. Une vraie finale qui pue la relégation, entre deux mal classés. Mission accomplie : Lens s’impose 3-1 dans une ambiance de folie, devant plus de 42 000 spectateurs hystériques, et sauve sa place en première Division. Pas de bol pour les Chamois, qui disputaient là leur unique saison dans l’élite, et qui n’auront figuré dans la zone rouge qu’à trois reprises au cours de la saison. Le football est injuste. La preuve : Lens ira rejoindre Niort en D2 un an plus tard.
5. Brest (1983-84)
Brest n’est pas vraiment au mieux, en cette fin de saison, et si Lens venait à créer l’exploit, le Stade Brestois pourrait en faire les frais. Mais les Bretons, complètement à l’ouest lors de la deuxième partie de saison, connaissent eux aussi la recette du maintien en catastrophe, même s’ils ne l’ont pas appliquée depuis un bail. La saison 83-84 n’est que la 4e apparition du SB29 en D1, et elle est loin d’être la plus reposante. Relégables à onze reprises entre la 21e et la 35e journée, les Brestois semblent destinés à rejoindre doucement mais sûrement l’antichambre du foot français. À trois journées du terme de la saison, et au soir d’une sympathique raclée reçue à la Beaujoire (4-0), le Stade Brestois est 18e, dans le sillage de Toulon et Sainté, et n’a plus vraiment le temps de lésiner s’il veut conserver sa place en D1. Yvon Pouliquen et ses potes s’offrent d’abord Laval (1-0), trébuchent à Lens malgré un super match (3-2), et décrochent finalement la timbale en pulvérisant Toulon (5-2), qui avait déjà assuré ses arrières. Les Finistériens passent de justesse, et s’offrent quelques saisons de répit avant de retrouver leur bonne vieille D2. Désormais, Lens sait quel chemin suivre.
Julien Mahieu
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