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Top 5 : Et à la fin, c’est toujours l’Italie qui gagne

Par Mathieu Faure
8 minutes
Top 5 : Et à la fin, c’est toujours l’Italie qui gagne

Italie - Allemagne en phase finale (Euro ou Coupe du monde), c'est un classique. Ce soir, les deux équipes s'enverront de nouveau des parpaings dans la tronche pour la huitième fois. Pour l'instant, les Sud-Européens peuvent se la raconter, ils n'ont jamais perdu. Comment dit-on « bête noire » en italien ?

Allemagne – Italie est au football ce que Paris-Roubaix est à la pédale, un classique. Pour preuve, on ne s’en lasse jamais. Dans quelques heures, les deux nations vont s’envoyer en l’air avec en point de mire une place pour la finale de dimanche. Deux styles différents, deux conceptions du football opposées, deux manières de se coiffer. Assurément, ce choc entre les deux géants du Vieux Continent (sept Coupes du monde et quatre Championnats d’Europe des nations cumulés) ne va pas passer inaperçu. D’ailleurs, parmi leur sept confrontations officielles en compétition, cinq méritent de rester dans les mémoires collectives (1). Un retour dans le passé dont les mots-clés pourraient être : sueur, dramaturgie, bras en écharpe, penalty raté, match du siècle, prolongations et larmes.

Le plus mythique : Italie – RFA, demi-finale Mondial 1970, 4-3 a.p.

LE match du siècle. Voir le match ultime pour tous les romantiques avérés. Dernier carré du Mondial mexicain en 1970, stade Aztèque de Mexico, une chaleur écrasante et une opposition de style entre les mecs de l’Inter (Facchetti, Mazzola, Riva) et ceux du Bayern (Maier, Beckenbauer, Müller). Les Italiens – champions d’Europe en titre – et les vice-champions du monde allemands se livrent un premier acte chiant à mourir. Un partout à la 90e minute d’une rencontre où l’on baye aux corneilles (Schnellinger ayant répondu à Boninsegna). Seul point frisson du match, la 77e minute qui voit Beckenbauer et son épaule droite se séparer à l’amiable sur une charge de forain de Pierluigi Cera. Le Kaiser serre les dents et revient sur le pré avec le bras en écharpe pour les trente minutes de la prolongation. Trente minutes de n’importe quoi footballistique. Une demi-heure qui va foutre en l’air tous les sens humains.

95e, Müller donne l’avantage à la RFA. Dans la foulée, le vieux loup de mer Burgnich égalise (98e). Ensuite, Gigi Riva plante son 22e caramel en 21 matches sous les couleurs italiennes et redonnent l’avantages aux Ritals. Les Allemands s’en tamponnent. À la 110e, Müller ramène les Teutons à 3-3. Tout le monde semble cramé sur le terrain. Beckenbauer ne laisse rien transparaître. Il souffre sa mère. Sur l’engagement, Boninsegna perfore le côté gauche de la défense allemande et donne en retrait, dans la surface, à Rivera. Longtemps scotché sur le banc, le Ballon d’Or 1969 claque un plat du pied qui perfore la vieille ganache de Sepp Maier. C’est le cinquième but de la prolongation. Homérique. Après deux heures de folie, les Italiens ralentissent le jeu, jouent la comédie à chaque bousculade et envoient la gonfle dans les tribunes autant que faire se peut. Les mecs sont sur un nuage, conscients d’avoir livré un match d’anthologie. En France, à l’aube, le standard téléphonique de l’ORTF est débordé. Les gens sont tellement excités que la rencontre sera rediffusée l’après-midi même. Prends ça, France-Brésil 98.

Le plus sacré : Italie – RFA, finale de la Coupe du monde 1982, 3-1

L’équipe la plus détestée de l’Histoire, cette saloperie de RFA 1982 avec Toni Schumacher – le dentiste officiel de Patrick Battiston – ne pouvait pas, décemment, gagner cette Coupe du monde. Pour ce faire, l’Italie, encore bouleversée par le scandale des paris clandestins du Totonero, se paye même le luxe d’emmener en Espagne un Paolo Rossi avec seulement trois matches officiels dans les guiboles en un an pour saigner à mort ce goret allemand. L’attaquant de la Juventus sera le premier bourreau des Allemands en finale. Une finale que les hommes d’Enzo Bearzot vont prendre par le bon bout en dépit de la blessure rapide de Francesco Graziani (épaule en vrac, remplacé par Alessandro Altobelli). Les Allemands résistent, et il faut un grand Schumacher pour repousser le péno de Cabrini en première période. On se dit que les mecs de la RFA sont capables de l’emporter. À l’ancienne.

Sauf que Paolo Rossi calme son monde en ouvrant le score peu avant l’heure de jeu. Dix minutes plus tard, Tardelli hérite d’une belle offrande de Scirea et double la mise sur une frappe en tombant. Tardelli se relève, se précipite vers son banc avec une gueule de junky un soir de Summerjam. Il n’y a plus aucune retenue. Même le chef d’Italien, Alessandro Pertini, fait n’importe quoi en tribune officielle. La fin de match sera anecdotique (troisième but d’Altobelli et réduction du score de Breitner), les Italiens glanent leur troisième Coupe du monde après une finale maîtrisée. Il faut dire que les ouailles de Jupp Derwall n’ont rien à envier aux Nasri, Ménez and co. À la fin du match, les langues se délient. Ainsi Karl-Heinz Rummenigge balance au visage d’Uli Stielike, qui lui reprochait d’avoir joué blessé, que « tout le monde était bien content quand je jouais contre le Chili, avec la même blessure, et en marquant trois buts. Et bien content aussi quand j’entre en prolongation contre la France pour relancer la machine. » Pendant ce temps-là, Paolo Rossi prend la direction du Ballon d’Or. Tranquillement.

Le plus long : Allemagne – Italie, demi-finale de la Coupe du monde 2006, 0/2 a.p.

« L’Italie va le payer sur le terrain, les joueurs auront la tête ailleurs. » Le mec qui parle semble sûr de lui. Il s’appelle Franz Beckenbauer et fait référence au scandale de matches truqués qui a éclaté dans la péninsule deux semaines avant le Mondial, impliquant la Juventus Turin, championne en titre, et d’autres grands clubs où évoluent la majorité du groupe de Marcello Lippi. La Nazionale s’est préparée sous les crachats, les moqueries et les critiques. Pourtant, l’Italie est en demi-finale, face à l’Allemagne. On est à Dortmund, là où la Mannschafft ne s’est jamais inclinée… On se dit que la marche est trop haute pour les Italiens. Que cette équipe de voleurs ne fera pas le poids face à la jeunesse allemande.

Pendant 90 minutes, Buffon et Lehmann empêchent le score d’évoluer. Durant la prolongation, Marcello Lippi va faire du coaching de Jürgen Klinsmann, de dix-sept ans son aîné, sa chose. Un coaching couillu en injectant trois joueurs offensifs (Gilardino, Iaquinta et Del Piero) quand l’ancien joueur de Monaco fait du poste pour poste. Un choix qui s’avère payant à la 119e minute. Grosso, inconnu avant le Mondial, déboule sur la droite de la surface et nettoie la lunette allemande. Boum ! Une minute plus tard, Gilardino dépose un café-crème dans la course de Del Piero qui, sans contrôle, flingue l’autre lucarne de Lehmann. Re-boum ! L’Italie s’invite en finale contre la France. Bizarrement, on entend plus la grande gueule du « Kaiser » …

Le plus frustrant : Italie – Allemagne, match de poules de l’Euro 1996, 0/0.

Vice-champion du monde en titre, les Italiens font figure de favoris pour cet Euro anglais. Trimballés par les Bulgares aux USA deux ans plus tôt, l’Allemagne est en reconstruction. Pourtant, c’est la bande à Matthias Sammer qui aborde le plus sereinement ce troisième match de poule. En effet, les Germaniques sont déjà qualifiés. L’Italie, elle, doit faire mieux que la République tchèque (qui joue la Russie au même moment) pour se qualifier en quarts de finale. Le match commence bien, puisque Pierluigi Casiraghi se fait sécher dans la surface dès la neuvième minute. Gianfranco Zola prend son élan et se rate. Andreas Köpke sauve les siens.

S’en suit un match chiant à mourir où les Allemands vont simplement gérer le 0/0. D’autant que Thomas Strunz écope d’un rouge à l’heure de jeu, réduisant le peu d’entrain des futurs vainqueurs de l’Euro anglais. À ce moment, les travées d’Anfield propagent la rumeur : menée 2 à 0 par les Tchèques, la Russie a fait son retour et vient de prendre l’avantage. L’Italie est qualifiée. Ça, c’était avant l’égalisation de Vladimír Šmicer. Les hommes de Sacchi quittent l’Euro par la petite porte. La queue derrière l’oreille. Les Allemands s’apprêtent à aller chercher leur quatrième Championnat d’Europe des nations.

Le plus fondateur : RFA – Italie, phase de poules de l’Euro 1988, 1/1.

Franz Beckenbauer est à la tête de la RFA depuis 1984. Il vient de faire une finale de Coupe du monde et se prépare un Euro à la maison. De son côté, l’Italie est entre les mains d’Azeglio Vicini, l’ancien coach des U21, et tente de redorer son blason après un Mondial foireux. Les deux pays sont opposés lors du premier match de poule. Vicini prend le pari de lancer une chiée de jeunes (Maldini, Zenga, Vialli) avec lesquels il s’est payé une finale de Championnat d’Europe U21. Contre la RFA, Paolo Maldini, 20 piges, dispute son premier match en compétition officielle et le duo de la Samp, Vialli/Mancini, mène l’attaque transalpine.

En face, le Kaiser s’appuie sur des jeunes (Klinsmann, Thon, Kohler) et des mecs avec un peu de bouteille (Matthaüs, Brehme, Völler) pour aligner une squad qui a de la gueule. Dans un match très nerveux, Roberto Mancini ouvre la marque et célèbre son but en demandant à une certaine frange de la presse italienne de la fermer (tiens, tiens !). Peu de temps après, Walter Zenga s’amuse à garder la balle entre ses mains et se fait sanctionner. Coup franc indirect dans la surface, Brehme allume une cartouche et perfore le portier italien. C’est le score final. On le sent, il se passe quelque chose dans ces deux équipes. L’une gagnera la Coupe du monde deux ans plus tard (RFA), quand l’autre terminera brillamment sa Coupe du monde (Italie).

Bilan de l’Italie face à l’Allemagne en compétition officielle : 3 victoires et 4 nuls.

1. Il n’y a rien à tirer des purges de 1962 (Coupe du monde, 0-0) et de 1978 (idem).

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