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Quel avenir pour Zinédine Zidane ?
Par Mathieu Rollinger
5 minutes
Qu’espérer de mieux après avoir mené le plus grand club du monde à un triplé historique en Ligue des champions, en seulement deux saisons et demie d’exercice ? En quittant ce jeudi le banc du Real Madrid, Zinédine Zidane laisse planer un brouillard épais sur ses futurs projets.
S’offrir une année sabbatique
Le désormais ex-Madrilène est un contemplatif. « Je profite à fond de ce que je fais, c’est ça qui est bon, confiait-il à son ami Christophe Dugarry. Tous les jours, de ma voiture jusqu’au vestiaire, je profite… Je contemple même les arbres qui sont là. Je me dis que j’ai une chance inouïe, et je me régale. » Une fois repu, après avoir avalé trois Ligues des champions en 30 mois, la tentation de vouloir digérer serait compréhensible. Souffler, reprendre des forces, réfléchir, boire de la Volvic, faire ses courses à Leader Price, partir en virée au volant de sa Ford, téléphoner aux copains, remettre un peu d’ordre dans ses papiers d’assurances, gérer les associations dont il est le parrain. Voilà. Cela paraît dérisoire. Mais pour lui, ça peut être beaucoup. Surtout si cela lui permet de revenir encore plus fort au bout de son année de césure.
Devenir sélectionneur de l’équipe de France
Zinédine Zidane et les Bleus, voilà une histoire d’amour qui ne demande qu’à reprendre son cours. Depuis qu’il a embrassé la carrière d’entraîneur, et avec le succès qu’il a connu jusque-là, l’ancien numéro 10 de l’équipe de France sait que prendre la tête de la sélection nationale est une destinée à laquelle il ne semble pas pouvoir échapper. « C’est une suite logique, c’est probable qu’un jour il l’ambitionne » , s’avançait Noël Le Graët. Si Zidane semble aussi s’y projeter, il ne revendique rien dans l’immédiat, soucieux de ne pas vouloir mettre en porte-à-faux son ancien capitaine, Didier Deschamps, en contrat jusqu’en 2020 avec la FFF. « J’étais joueur de cette équipe de France, oui ça serait bien, un jour, de l’entraîner, mais pour le moment, il y a un entraîneur en place qui fait un boulot formidable. Mais oui, j’ai cet objectif, cette ambition » , affirmait-il déjà au Canal Football Club en mars 2015. En cas d’accident en Russie ou de coup de fatigue de Didier Deschamps, il y a fort à parier que le Double Z soit bien placé au second poteau pour la reprise.
Conduire le Champions Project à l’OM
Cette saison a vu l’Olympique de Marseille retrouver des ambitions. Finaliste de Ligue Europa, l’OM a retrouvé ce goût des épopées, mais sait aussi qu’il lui manque encore cette pincée de sel pour franchir définitivement un cap, s’installer en Ligue des champions et avoir l’ambition de lutter avec le Paris Saint-Germain en Ligue 1. L’homme de la situation ? Un gamin de la Castellane, bien sûr. En 2016 face à Dugarry, Zidane ne fermait pas la porte à cette possibilité : « Je n’ai pas envie de te dire que c’est impossible. Marseille, c’est quand même mythique. Tu sais comme moi que quand ça marche, c’est magnifique. Moi je suis marseillais, je ne suis pas objectif, mais on a tous envie de voir Marseille au plus haut. » Si Frank McCourt semble donner toute sa confiance à Rudi Garcia, celui-ci pourrait bien être sacrifié à la prochaine glissade. Et faire place à un Marseillais revendiqué, même si celui-ci n’a jamais porté le maillot ciel et blanc. Se lancer dans ce défi permettrait aussi à Zidane de prouver qu’il sait être un grand entraîneur sans avoir à sa disposition un effectif aussi pléthorique qu’à Madrid. Devenir le premier entraîneur français à remporter une C1 avec un club français tirerait tout ça enfin au clair.
Se reconvertir en chauffeur livreur
Comment trouver la motivation dans le foot après avoir tout gagné ? Peut-être en se trouvant un nouveau défi et en accomplissant le métier de ses rêves, celui que l’on avait enfant. « Moi, je voulais être chauffeur livreur, racontait-il dans les colonnes de So Foot (#108). Quand j’étais petit, il y avait un mec qui venait livrer des petits magasins à côté de l’endroit où on jouait, et à chaque fois, il nous demandait de l’aide. Certainement parce qu’il avait peur que si on continue à jouer, on casse quelque chose. Bref, à chaque fois, il nous donnait un petit quelque chose. J’aimais bien ces moments-là, j’aimais l’aider et je m’étais dit que, plus grand, je ferais ça. Il y a des mômes qui veulent faire pompier, moi, c’était chauffeur livreur. » S’il livre les cartons comme il distribuait les ballons, on sera à coup sûr sur du flux tendu.
Devenir l’homme-à-tout-faire au Qatar
Ambassadeur pour l’émirat du Qatar au moment de sa candidature pour la Coupe du monde 2022, Zidane a peut-être décidé de partir de Madrid pour reprendre du service. Car après l’édition russe, il faudra remettre les bouchées doubles pour que tout soit fin prêt. Rassurer les joueurs quant aux conditions de jeu, quitte à installer soi-même la clim, jouer son rôle de tête de gondole auprès des gouvernements réticents à traiter avec les Qataris, faire grandir la pratique du foot sur place et, si besoin, prendre les rênes de la sélection nationale. Tout ça en même temps. Voilà un job qui est dans ses cordes.
Se lancer en politique et sauver le monde
Et si le foot était juste devenu trop petit pour le divin chauve ? Ce départ du Real serait enfin l’occasion pour lui de mettre son talent et son aura au service de causes nationales et supra nationales. Certes, l’homme ne s’est jamais épanché sur ses convictions politiques. « Ça me fait marrer quand les gens disent que je n’ai pas d’avis, lâchait-il réticent à So Foot en 2013. J’ai un avis, évidemment que j’ai un avis, des convictions. Mais pour s’attaquer en public à un sujet politique, il faut être armé et je n’ai pas ces armes rhétoriques-là.[…]Il y a une grande méprise : on ne peut pas considérer l’homme politique comme un problème et le footballeur comme une solution. » Depuis, Zinédine a eu le temps de se renforcer et pourrait enfin prouver que lui, en tant qu’homme politique, peut être une solution. Il y a une troisième guerre mondiale à éviter. Alors enfile vite ta cape, ZZ.
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