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Pierre-Fanfan : « On m’appelait gros nounours »

Propos recueillis par Maxime Brigand
15 minutes
Pierre-Fanfan : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On m&rsquo;appelait gros nounours<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ancien capitaine du PSG et de l'AS Monaco, retraité depuis bientôt neuf ans, José-Karl Pierre-Fanfan est aujourd'hui agent de joueur mais il a encore quelques tacles à glisser. Entretien souvenirs entre Shabani Nonda, Vahid Halilhodžić et Oliver Bierhoff.

Tu as quitté le PSG à l’été 2005 après avoir expliqué quelques semaines plus tôt que cette année-là, c’était « tout sauf une équipe » . Douze ans après, le club n’est plus le même, mais est-ce que tu vois une vraie équipe ? Parce qu’elle a gagné des titres, on est obligé de dire oui, mais là, on sort d’un épisode presque surréaliste : à Barcelone, justement, on aurait aimé voir les valeurs d’une équipe. On ne les a pas vues dans la plus grande adversité. La notion d’équipe, c’est aussi quelque chose qu’on voit dans la critique, la difficulté. Sur le terrain, ce groupe a déjà prouvé qu’il était capable de gagner alors qu’à la base, c’était avant tout une composante de stars. En dehors, on sent aussi une forme de cohésion, des mecs qui se protègent entre eux. Depuis quelques années, j’ai rarement vu des joueurs qui parlent mal sur d’autres joueurs par exemple. On a l’impression de l’extérieur que le groupe vit bien et qu’ils arrivent à gérer les egos pour arriver à un but commun.

On sort quand même d’une semaine marquée par la sortie de la fameuse vidéo de Ben Arfa. Tu penses que ça aurait été possible à ton époque ?Il y a toujours eu des joueurs qui souhaitent communiquer différemment. Aujourd’hui, il y a des supports qu’on n’avait pas. Les réseaux sociaux n’étaient pas aussi développés, c’était encore la découverte. Maintenant, il existe une multitude de choses qui sont mises à la disposition des joueurs, certains sont forcément tentés de s’exprimer, dans le bon ou le mauvais sens. Maîtriser sa communication est important, ça fait partie du joueur d’aujourd’hui.

Sur cette question, comment tu bosses avec Christopher Nkunku dont tu es l’agent ?Je reste vigilant dans le sens où je pense que le plus important c’est le terrain. Ces outils existent, il ne faut pas les nier, mais tu es obligé de respecter l’institution club. Le club doit systématiquement être au-dessus du joueur et le joueur doit maîtriser sa communication. Les mecs n’ont pas toujours conscience de l’impact que certaines choses peuvent avoir. Les réseaux sociaux sont ouverts à tout le monde, ce qu’ils publient ne leur appartient plus. Ce n’est pas une communication intime mais avec le monde entier, donc c’est difficile à contrôler. Sur ce coup-là, ce n’est pas le bon procédé, surtout qu’Hatem Ben Arfa a eu des possibilités de jouer. Le PSG est un grand club, on ne va pas vous filer cinquante fenêtres pour vous imposer. Si tu ne démontres pas que tu mérites de jouer, le train passe, c’est comme ça. Mon rôle d’agent, c’est aussi ça et je pense que l’accompagnement est plus important que la signature d’un contrat. Je suis dans une démarche de transmission. Aujourd’hui, on parle avant tout des footballeurs sous l’aspect financier ou celui de leurs déboires. C’est souvent négatif. Face à moi, j’ai avant tout un homme qui doit être en phase avec la société actuelle, qu’il ne soit pas uniquement dans sa bulle. Le football est magnifique, mais ce n’est qu’un passage dans une vie. Il ne faut pas oublier que la société continue de vivre autour.

Pourquoi la France n’aime pas ses footballeurs ?On est dans une société en difficulté, dans le dur. On le voit au niveau des politiques. Aujourd’hui, personne n’a plus confiance en personne.

Certains politiques sont mis en examen et peuvent se présenter à une élection présidentielle, alors qu’un joueur dans les mêmes conditions ne peut pas jouer en équipe de France.

Il y a des présidentielles dans quelques semaines, personne ne sait pour qui il va voter et on ne comprend plus rien. On a une société qui est bizarre et, au milieu, certains politiques sont mis en examen et peuvent se présenter à une élection présidentielle, alors qu’un joueur dans les mêmes conditions ne peut pas jouer en équipe de France. Si on ajoute à ça la crise économique, le décalage entre le panier moyen et ce que touchent les footballeurs, plus certaines polémiques, on se retrouve avec des gens qui gagnent beaucoup d’argent et qui ne sont pas exemplaires. On a caricaturé les joueurs, on ne cherche pas à les connaître, ils sont cloisonnés dans cette image de mecs superfortunés et, forcément, il y a beaucoup d’amalgames. Mais le foot, ce n’est pas ça, on a perdu ses valeurs.

Comment es-tu arrivé au foot ?J’ai commencé le football pour l’amour du jeu, mais aussi le partage entre copains, pour ce qu’on allait vivre dans les vestiaires, les déplacements chaotiques dans des bus… L’idée, ce n’était pas de gagner quelque chose si ce n’est un match. Les parents aussi étaient motivés par ça, par la notion de collectif et de lien social. Aujourd’hui, beaucoup amènent leurs enfants au foot pour qu’ils puissent en faire leur métier. On ne fait plus du sport pour le bien-être mais pour gagner de l’argent.

Mais tu avais déjà un rêve : jouer au PSG. Ce club, ça représentait quoi pour toi ?C’était le club qui représentait le football. Le PSG, c’est le Parc des Princes, la ferveur, le club de la capitale, ces couleurs magnifiques… Je me suis toujours identifié à ce club-là. Alors, un jour en être capitaine, c’était très valorisant.

Tu aurais pu jouer à Marseille ?Quand je quitte Lens pour Monaco en 2001, l’OM est sur moi. Je refuse. Quand je vais au PSG en 2003, Marseille se renseigne une nouvelle fois, mais non, moi c’était Paris. Je respecte Marseille, c’est un grand club, le seul qui a gagné la Ligue des champions, mais c’est une question d’identification. J’aurais vraiment dû faire un travail sur moi pour jouer pour l’OM, c’est bizarre.

Chaque enfant rêve un jour d’être attaquant. Alors, pourquoi défenseur ?On a tous été attaquant au départ (rires) ! Moi, c’est en sélection régionale qu’on a commencé à me faire reculer. Je me suis retrouvé en défense par la force des choses. Être défenseur, c’est un état d’esprit, c’est avoir un sens du sacrifice pour le collectif, c’est mettre la tête où certains n’oseraient même pas mettre le pied, c’est prendre des coups, en donner, mais c’est aussi être dans l’ombre. L’attaquant est plus égoïste, il pense à lui avant tout et veut les projecteurs sur lui. Pour avoir marquer quelques buts, c’est quand même une émotion particulière, une explosion interne, car ça reste quand même la finalité de ce sport. La finalité, ce n’est pas de tacler. Bon, tacler, c’est aussi jouissif, mais moi, mon plaisir, c’était récupérer le ballon et relancer. J’avais une haine de la défaite donc c’était simple : mon équipe perd le ballon, je vais le récupérer pour elle. Il faut aussi du talent pour bien défendre et lire le jeu.

Tu te rappelles Guðjohnsen ?C’est un bon exemple. J’ai toujours la marque (lors d’un PSG-Chelsea en 2004, Pierre-Fanfan était sorti d’un duel avec Guðjohnsen avec neuf points de suture, ndlr). On va au combat tout simplement. Il ne faut pas hésiter sinon on n’est pas un vrai défenseur. On sait qu’il peut y avoir de la casse mais on est prêt à ça, l’engagement fait qu’il y a un risque.

Comme avec Shabani Nonda.Shaba, ça a été très dur à vivre pour moi. C’est la première fois que je vivais cette situation. Je m’étais déjà cassé la jambe, mais être auteur, ça a été difficile. J’ai mis plusieurs semaines à évacuer cette image. Ce PSG-Monaco était particulier, j’étais prêté par l’ASM, on avait fait un événement de mes retrouvailles avec le club et tu es forcément un peu revanchard dans ce genre de matchs. Sur l’action, j’ai été très vite, j’anticipe parce que je connais bien Shaba et en retombant, je termine sur lui. Il glisse aussi. On refait l’action dix fois, ça ne se passe pas comme ça, mais quand c’est un bébé comme moi qui vous tombe dessus…

Il t’en a voulu ?Non, c’est les risques du métier, on avait revu les images et c’est ce qu’on appelle un accident. Ce n’était pas une agression. Après, quand tu te rends compte que tu as blessé un joueur, un pote en plus, tu te dis que tu aurais pu faire différemment. Oui, j’étais un beau gabarit mais j’ai terminé des saisons en étant le défenseur avec le moins de cartons reçus. Je n’ai pris qu’un rouge. Valérien Ismaël m’avait même donné comme surnom Gros Nounours. Un tacle appuyé à 150% reste dangereux mais il faut trouver la bonne mesure. L’objectif est de prendre le ballon, pas de casser une jambe.

Le Parc pouvait faire peur en tant que joueur des fois ?

Le Parc des Princes est un stade qui peut être écrasant. Le brouhaha qu’il y avait à l’époque pouvait te faire te sentir tout petit.

J’ai connu des joueurs qui avaient fait des saisons exceptionnelles ailleurs et qui une fois au Parc étaient incapables de jouer au football. C’est unique. Lorsque ça ne tourne pas bien, c’est un stade qui peut être écrasant. Le brouhaha qu’il y avait à l’époque pouvait te faire te sentir tout petit. Pour jouer au Parc, il faut être solide mentalement.

C’était la force principale de votre groupe.Le club avait su créer un groupe de mecs qui avaient connu des difficultés lors des années précédentes. On avait tous envie de se relancer, de ne pas être jugés sur notre passé mais sur ce qu’on allait construire ensemble. Résultat, à l’époque, c’était très solide. Défensivement, on était une machine de guerre avec Mendy à droite, Heinze à gauche, Frédéric Déhu et moi dans l’axe. On avait aussi et surtout une paire monstrueuse de récupérateurs avec Modeste M’Bami et Lorik Cana. Le secret, c’est qu’on prenait du plaisir à défendre ensemble. Avec Fred, on avait même été élus meilleure défense centrale du PSG mais ça a dû changer un peu aujourd’hui (rires).

Comment on fabrique une paire de centraux comme celle que tu formais avec Déhu ?Déjà, on était aussi très proches en dehors. On avait eu la chance d’évoluer au RC Lens ensemble avant, donc on se connaissait parfaitement. Fred était un ancien milieu de terrain mais, à cette époque, il n’avait plus le coffre pour répéter les efforts. Ce qu’il n’avait pas perdu, c’était sa relance ultra propre. Je pense que six relances sur dix passaient par lui. Mon rôle était plutôt de briser les attaques.

Quand tu le vois fondre en larmes en finale de la Coupe de France en 2004, qu’est-ce que tu ressens ?Je suis touché pour plusieurs raisons. Une victoire en Coupe de France, c’est un moment de joie et là, ce n’était pas des larmes de joie mais des larmes du cœur. Il pleure parce qu’il est peiné. Le voir se faire traiter comme ça m’a attristé mais le club n’a pas fait ce qu’il fallait à ce moment-là pour le conserver. Il demandait deux ans, on lui en propose un, et puis surtout, il signe à Marseille quoi !

Et…Et c’est là que tout explose. Le bordel de la saison suivante débute à cet instant. Le club a raté le coche. On avait un groupe qui venait de se construire, qui venait de terminer deuxième du championnat, de gagner une Coupe de France et les dirigeants le font exploser. C’était incompréhensible. Que Gabi Heinze parte à Manchester United, on le savait. Le reste, personne n’a compris.

On a l’impression que tu n’as pas aimé ce PSG 2004-05.Ce n’est pas que je ne l’aimais pas mais il n’a pas été à la hauteur d’un club comme le PSG et les années suivantes ont été bien pires. Là, c’était les prémices. Je sentais qu’il n’était pas dans la bonne direction, le bon raisonnement. Je pars du principe que ce que l’on voit sur le terrain est la résultante de ce qui se passe plus haut. Le PSG changeait de président tous les ans donc il y avait bien un problème. On ne peut pas installer un projet dans ces conditions.

Et Vahid Halilhodžić dans tout ça ?Je pense que si l’on prend vingt joueurs de l’effectif, ils n’auront pas forcément le même souvenir que moi. Humainement, c’était un super entraîneur. En France, on a tous une image caricaturale de Vahid et il a aussi surjoué à un moment donné. Mais c’était surtout un coach compétent qui offrait de la nouveauté à chaque séance d’entraînement, fin tacticien et gros chambreur. Lors des causeries d’après-match, il aimait envoyer des scuds avec son timbre de voix si particulier. Un jour, Modeste M’Bami prend un rouge stupide. Vahid le regarde et lui dit : « Mais tu te prends pour Tyson ou quoi ? » Il avait énormément de second degré.

Le jour où Drogba vient vous chanter un « Allez l’OM » après un but avec Chelsea au Parc, tu te dis quoi ? Que c’est le début du calvaire ? Ce match était important pour nous. Être à domicile, se faire autant malmener, Drogba qui marche, qui parle encore sur les valeurs marseillaises, ça fait mal, d’autant qu’on se sent impuissants. À un moment, je me dis : mais on va où ? On coule ? Là, c’est comme si tu es en voiture, que tu rates un virage et que tu commences à enchaîner les tonneaux. Tu peux essayer de redresser ta voiture, c’est trop tard. Donc, à un moment, tu limites la casse mais tu sais que c’est mort. Après, on termine la saison. Il me reste deux ans de contrat, le groupe explosait de partout depuis plusieurs mois, je passais mon temps à vouloir rassembler tout le monde en tant que capitaine, à mon détriment. J’ai donné beaucoup d’énergie dans ce rôle. Lors de l’été 2005, je veux rendre mon brassard. Le président Blayau me reproche alors de vouloir quitter un navire en plein naufrage. J’ai surtout l’impression de l’avoir aidé à rentrer à un bon port. Tout s’est terminé comme ça, avec cette étiquette de joueur indésirable et ça ne fait jamais plaisir. Après, je sais mettre de la mesure sur les choses.

Vidéo


On parlait déjà à l’époque du train de vie de certains joueurs du PSG. Paris est une ville dangereuse pour ça ?Bien sûr ! On trouve de tout, il y a de quoi faire dans le monde de la nuit à Paris ! Quand on est jeune, c’est parfois difficile de résister. Il y a simplement un temps pour tout. Jouer au foot n’interdit pas de sortir mais ton activité t’oblige à être sérieux, surtout aujourd’hui. Un joueur n’est pas qu’un joueur, c’est un homme donc il a le droit d’aller au restaurant, de boire un verre. Mais il y a des moments pour faire tout ça. Le football doit rester le moteur.

Et vivre à Monaco quand on a vingt-six ans ?On vit bien déjà ! Monaco, c’est vraiment le club sur son rocher, un monde particulier. On peut avoir tendance à s’endormir parce qu’on est loin de la ferveur. C’est avant tout ça qui fait avancer dans le foot : les échanges passionnels. C’est ça les gros clubs. À Monaco, c’est avant tout le tourisme et les vacances. Il y a plus de pression à l’extérieur car ça reste une équipe de all stars que les gens ont envie de voir. Les supporters à Monaco sont juste différents. Ils ne viennent pas toujours au stade, mais ils sont au courant de tout ce qu’il se passe.

Et comment on vit de se retrouver à l’entraînement avec ces all stars ? On avait une équipe énorme. Christian Panucci, c’était énorme, il avait déjà tout gagné !

Quand on partait en déplacement, alors que tout le monde avait Voici ou je ne sais quoi, Bierhoff, lui, lisait Le Monde ou des magazines économiques en français.

Tu le regardes avec un grand respect. Bierhoff, c’est le joueur qui représente le professionnalisme. Souvent, on parle des joueurs avec leurs qualités techniques, mais lui, il était avant tout intelligent. Il était arrivé à l’AS Monaco pour préparer sa Coupe du monde. Quand on partait en déplacement, alors que tout le monde avait Voici ou je ne sais quoi, lui, il lisait Le Monde ou des magazines économiques en français. Il avait une dimension supplémentaire, il s’intéressait à la France, à sa culture et sa politique. Et, à l’entraînement, c’était exceptionnel. Quand Didier Deschamps l’a moins utilisé, il continuait de suivre son programme spécifique et il a eu sa Coupe du monde 2002. Jugović, pareil, comme Rafa Márquez, techniquement, c’était quelque chose. Et puis il y avait Marco (Simone) qui était un leader, mais aussi un personnage. Dans un effectif comme ça, tu progresses même à l’entraînement.

Qu’est-ce qui n’a pas marché alors ?Je n’avais jamais été blessé sauf une fracture tibia-péroné, mais jamais de blessures musculaires. Dès que je suis arrivé à Monaco, j’ai enchaîné les pépins donc impossible de jouer dix matchs de suite. C’était la cuisse, puis c’était autre chose, mais mon hygiène de vie n’avait pas changé. Quand Giuly s’était fait les croisés, Didier m’avait mis capitaine donc il voyait en moi certaines valeurs. Puis, Toto Squillaci explose au même moment donc difficile d’avoir du temps de jeu. Il y a une réflexion à avoir à un moment donné : soit je reste sans trop savoir, soit j’ai l’opportunité de jouer ailleurs.

Tu ne parles pas des Bleus. C’est un truc qui t’a manqué ?Je ne sais pas si je peux parler de regret, mais quand tu as joué avec le grand Lens, Monaco, Paris, l’objectif, c’était de franchir un palier. Atteindre le haut niveau, c’est aussi pour ça. Ma trajectoire a été freinée par les blessures. Et il y a aussi un autre facteur. Avant, on ne pouvait pas être sélectionné sans une centaine de matchs de haut niveau vu ce qu’il y avait devant. Ce n’était pas une question de talent, mais avant tout de légitimité.

Du coup, tu l’as vécu d’une autre façon avec la Martinique. C’était comment ?Top ! C’était surtout pour aider la Ligue de football martiniquaise. La Martinique mène aujourd’hui un combat pour intégrer la FIFA et postuler un jour à une place en Coupe du monde. L’idée n’est pas de concurrencer la France, on sait que les joueurs ont l’objectif d’intégrer l’équipe de France, mais, pour les seconds couteaux… Il y a du talent, il faut juste plus de structure. Il y a une vraie réflexion à mener. Quand on voit que la Jamaïque a participé à la Coupe du monde, que Trinité-et-Tobago l’a fait aussi, pourquoi pas la Martinique ?

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Propos recueillis par Maxime Brigand

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