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Paris tenu !

Par Simon Capelli-Welter
7 minutes
Paris tenu !

Après un début de match admirable, Paris a cédé sur un but cynique de Messi. Sorti à la mi-temps sur blessure, le petit Lionel a ensuite vu les siens gérer (trop) tranquillement leur avantage, avant de s'arracher pour finalement craquer (2-2) sous l'influence de Zlatan. Mes que un match.

PSG – Barcelone : 2-2
Buts : Zlatan (80e) et Matuidi (90+4e) pour le PSG. Messi (38e) et Xavi (90e sp) pour le Barça.

Un match incroyable, passionnant, et plein de rebondissements. Paris a tangué, mais Paris n’a pas coulé. Fluctuat Nec Mergitur keskiya ! Le PSG s’est donc montré digne du rendez-vous. D’abord à fond, puis résigné par le but de Messi, puis reparti comme en 40 suite à celui de Zlatan, Paris aurait dû s’écrouler sur le pénalty de Xavi. Sauf que Paris ne dort jamais, et comme un symbole (et un peu comme un Vincent Guerin), c’est Blaise Matuidi qui vient entretenir l’espoir d’un but égalisateur. Et salvateur. Un résultat finalement juste pour un match plein, d’un niveau et d’une intensité digne d’un quart de finale de Champions League. Paris est définitivement dans les huit meilleures équipes d’Europe. Et bien là. Pourtant, dès la première minute de jeu, le ton semblait donné. La balle est aux Barcelonais, le premier rideau Ibravezzi facilement passé, les deux lignes parisiennes très basses placées. Dani Alves, péroxydé comme si la mode s’était arrêtée en même temps que la carrière de Sisqo, en 2002, fait franchir la ligne de Sirigu à la balle, mais l’arbitre avait sifflé. En attendant, le ton est rendu, ensuite, et vite, grâce aux beaux efforts du PSG. Relance de Thiago Silva, inspiration de Pastore, vitesse de Lavezzi. Poteau. Tout juste entamé, ce match est déjà lancé tel Oscar Pistorius. Iniesta se montre dangereux, Ezequiel à la limite du hors-jeu. Paris est bien dans son match ; le Parc frissonne le long des foulées de Lucas, projeté par Jallet. Beckham, titulaire surprise, tire les coups de pied arrêtés, donc ce corner. Alex, encore préféré, puisque ça compte vraiment, à Sakho, met sa grosse tête piquée à côté. Paris parvient à garder la balle haut dans le camp barcelonais. Notamment sur le coté droit. Notamment dans les pieds de Lucas, fauché tel les blés par Busquets. Sur le coup franc, le ballon finit sur Zlatan, qui tacle pour Pastore. Javier ose la frappe, la bonne frappe même. Vraiment, Paris est bien dans ce match, déjà d’une folle intensité.

Paris au rendez-vous

Sauf qu’une mauvaise tête de Thiago Silva, dans l’axe, finit dans les petits pieds d’Iniesta. Et ça flirte avec la lulu de Sirigu. Pas le temps pour les regrets culés que le Z est déjà parti de l’autre côté, et séché par Piqué. Le ballon, comme tout le monde, attend la frappe de Beckham. Mais c’est la savate de Zlatan qui vient le fracasser et contraindre Valdés à un bel arrêt. Le FC Barcelone est coincé dans son camp. Chose assez rare pour être soulignée, voire surlignée. Le FC Barcelone est coincé dans son camp. Forcément, les Parisiens sont en confiance, et la prennent même un peu plus en voyant leur monstre, Thiago Silva, passer avec sa jambe gauche et autorité devant Messi Lionel. Autour de Beckham et Matuidi particulièrement bien ancrés (et inversés histoire de ne pas exposer l’Anglais au rayon Iniesta), le bloc francilien tient plus que le choc. Puis partent les flèches. Tel Moura. Lucas des reins, ceux de Busquets en particulier, avant de servir Zlatan, qui croise à côté. N’empêche, le PSG est aussi admirable, ce soir, que le maillot de son adversaire est à gerber. Une grosse première demi-heure où on les sent mieux que Barcelone. Et d’un coup, il suffit de l’écrire pour que…

Le baiser de Judas du Messi

Alves, une nouvelle fois monté aux avant-postes, parvient à faire tourner la balle haut dans le camp parisien, et, quand il la retrouve, à trouver Messi d’un délice d’extérieur du pied. Là, le quadruple ballon doré a le temps, l’angle et le talent pour ajuster le portier. Contre le cours du jeu, pourrait-on dire, si l’on croyait que le jeu avait un cours et donc un destin déjà programmé. En tout cas, le Barça ouvre le score malgré le vrai bon début de match parisien. Sans pitié, le petit Argentin passe à pas grand-chose de doubler la mise, d’un enchaînement messiesque dans le texte : petits pas à pleine vitesse, frappe enroulée enchaînée. Sauf que… Sauf que… Messi semble touché. Alarme. Le Messi boîte. Le jeu continue, mais en même temps, le jeu s’arrête. Tout le monde a les yeux rivés sur le corps du Messi, qui se touche derrière la cuisse droite. Certains espèrent que ce n’est rien ; d’autres voudrait y voir le début d’un miracle. Pendant ce temps, Barcelone joue à dix. Messi attend au bord du terrain ; la mi-temps est sifflée.

Un temps de flottement

Et le jeu reprend, sans lui. Messi a laissé sa place à Cesc Fàbregas, dont les dernières titularisations (avec l’Espagne contre la Finlande, le Barça à Milan) correspondent à des accrocs. Cette mi-temps va-t-elle être remportée par le PSG ? Voir Messi se blesser constitue déjà en soi un petit miracle, alors pourquoi pas… Le Barça est contraint de se réorganiser. Un peu. Du 4-3-3 modulable, principalement en 4-3-1-2, autour de Messi, il passe à un schéma plus « classique » avec Fàbregas à gauche, Sanchez à droite, et Villa dans l’axe. Iniesta et Fàbregas ayant parfois tendance à se marcher sur les pieds, le PSG peut, là aussi, trouver des raisons d’espérer. Le rythme du match est en tout cas retombé, le temps de faire des réglages. Avec ce but, Paris a forcément pris un coup derrière la tête. Mais avec la sortie de Messi, Paris peut y croire. Difficile de savoir si c’est un choix (maintenant l’avantage au score acquis) des Barcelonais, mais en tout cas, le PSG peut se placer plus haut sur le terrain. Le match a changé de physionomie : Paris doit absolument marquer. Vu la prestation d’Ibra, qui foire les rares ballons qu’il a en sa possession, c’est pas gagné. Ancelotti fronce forcément les sourcils ; le coaching peut apporter une solution. C’est l’heure de jeu. Sur les côtés, Pastore et Lucas ne font plus les efforts. Alves, notamment, monte comme dans du beurre. Lavezzi semble fumé comme une chicha. Beckham est rouge comme un Anglais au soleil. Carlo doit regretter de n’avoir que trois changements. Pire, Matuidi prend un jaune qui le prive du match retour. Ezequiel sort, pour Jérémy Ménez. Les raisons d’y croire, pour Paris, s’amenuisent au fur et à mesure que s’écoulent les minutes. Beckham prend à son tour son jaune. Verratti entre le soulager. Suite à tous ses efforts fournis au pressing, Barcelone accuse souvent un (léger) coup de mou autour de la 70e ; ça tombe bien, nous y sommes.

Le péno du Barça, l’égalisation de Matuidi

Avec deux joueurs frais, et jeunes, Paris va remettre un coup. Maxwell, vraiment qualité filtre ce soir, y va de sa frappe. Le match avance doucement. Paris n’arrive plus à remettre la folie qui pourrait perturber son adversaire. Pastore cède sa place à Kevin Gameiro. Paris aimerait y croire. Ibra a le but de l’espoir au bout du pied. Mais le Z tire en plein sur Valdés, alors qu’Alba et Mascherano gisaient au sol après s’être télescopés. En attendant qu’ils puissent revenir en jeu, les Parisiens sont neuf contre onze le temps d’une occasion. Gâchée. Les deux Catalans reviennent en jeu, centre de Maxwell, tête de Thiago Silva repoussée par le poteau, et Zlatan, sans doute hors-jeu au départ, marque ce but qui change beaucoup. C’est dans ce moment de flottement, voire de léger chaos, que Barcelone a perdu de sa maîtrise et que Paris a pu en profiter pour marquer. Par l’intermédiaire du Z, qui ne semble jamais aussi voué à scorer que quand, dans le jeu, il est mauvais. Il reste maintenant dix minutes à Paris pour emporter le morceau. Une belle ocasse s’offre à Gameiro, à qui il manque la coordination pour pouvoir s’emmener ce bon ballon de Zlatan. Iniesta prouve quant à lui une dernière fois, face à trois Parisiens, qu’il est impossible de lui prendre la balle. Dans la continuité de l’action, Sanchez vient s’empaler sur Sirigu. Pénalty ! Sévère mais juste, alors Xavi le transforme sans pitié. Les Parisiens n’ont plus le temps, hormis celui des deux fois signalés hors-jeu. Sauf que Paris est magique. Dernière montée de Jallet, remise du torse d’Ibra, frappe de Matuidi. Valdés est surpris. Le ballon a la politesse de mettre du temps à rentrer, histoire que tout le monde puisse bien prendre la mesure de ce qu’il s’est passé. Deux partout pour un finish incroyable. Et une belle récompense pour Matuidi, auteur d’une partie à l’image de sa saison : parfaite. Paris a donc fini par égaliser, et remporté cette seconde mi-temps. Sans Messi (et avec Fàbregas), Barcelone est quand même plus prenable. Et qu’ils soient là ou non au retour, qu’importe, Paris s’est montré digne d’un exploit…

Dans cet article :
Monaco : trop bon, trop con
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