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- 8e journée
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OM-PSG : banquette en bois contre canapé en cuir
Tout sépare l’Olympique de Marseille du Paris Saint-Germain, cette saison. Et c’est en s’attardant sur les bancs de touche des deux équipes que la comparaison est la plus douloureuse pour les Phocéens. Des Marseillais dont l’effectif, quand il sera au complet, ne sera toutefois pas aussi mauvais qu’on ne le pense.
La petite histoire des bancs de l’Olympique de Marseille et du Paris Saint-Germain, c’est celle déjà vue de David contre Goliath, dans sa version banquette en bois contre fauteuil Recaro en cuir surpiqué. Celle du pauvre contre le riche, aussi. Cet été, pendant que les dirigeants phocéens faisaient les soldes sur Le Bon Coin, sans trop de réussite, Leonardo et Nasser El Khelaïfi s’offraient des kiffs sans compter, façon Japonaises sur l’avenue Montaigne. À l’heure du premier bilan, celui qui précède la rencontre entre l’adepte du sac Quechua et celui du Louis Vuitton, le bilan est évidemment lourd pour les Marseillais. Si ces dernières années, même sous la présidence de Robert-Louis Dreyfus, les lascars de la Canebière n’ont jamais eu la puissance financière de l’ennemi de la capitale depuis 2011, l’effectif de la saison en cours est le plus faible depuis un temps que les plus de 20 ans ne veulent plus connaître. Celui des Johnny Ecker, Laurenti et Delfim. De leur côté, les Parisiens, eux, ont déjà tiré un trait sur la période Jean-Eudes Maurice. La fast life, comme on dit.
Marseille et le souvenir de 2009-2010
Il y a des choses dont on préfère ne pas se rappeler et des faits qui rafraîchissent la mémoire. Pas commode à gérer, le match de l’Olympique de Marseille face à Limassol ce jeudi était l’un de ceux que les remplaçants apprécient autant que les titulaires indiscutables. Certains y voient du temps de jeu, d’autres du repos, bref, tout le monde y trouve son compte. Sauf qu’en ce début de saison, et après un été incroyablement discret, Élie Baup ne vit pas dans le luxe. Même face à de modestes Chypriotes, l’homme à la casquette a dû titulariser Steve Mandanda, Nicolas Nkoulou, Charles Kaboré et Rod Fanni. Les trois premiers ont ainsi disputé leur treizième match de la saison – la totalité de ceux de l’OM – tandis que l’ancien Rennais, lui, en est déjà à son douzième, comme Jérémy Morel, au repos hier. Parmi ces cinq joueurs, seul Nicolas Nkoulou, sorti à quelques secondes du terme de la rencontre ce jeudi, a quitté la pelouse avant la fin du match. Dur. Surtout quand on se rappelle que la profondeur de l’effectif marseillais était l’une de ses forces en 2009-2010, l’année du titre. En nombre de minutes jouées lors de cette saison-là, les remplaçants de Didier Deschamps étaient Hatem Ben Arfa, Charles Kaboré, Taye Taiwo, Vitorino Hilton, Fernando Morientes, Baky Koné et Jordan Ayew. Pas Senah Mango, Florian Raspentino, Baptiste Aloé ou Daouda Mbow.
Au fond, ce qui choque le plus cette saison, c’est qu’à y regarder de près – prenons par exemple le match du PSG à Porto – la quasi-totalité des remplaçants de Carlo Ancelotti serait titulaire sur la Canebière. Jallet, Lavezzi, Pastore, Alex, Gameiro, Douchez et Armand, tous faisaient banquette lors de la défaite parisienne en terres portugaises, tous, sauf le deuxième portier du PSG, trouveraient une place dans le onze d’Élie Baup. C’est aussi ça, la force du Paris Saint-Germain cette saison, notamment en championnat : avoir presque deux bonnes équipes de Ligue 1 à disposition. Face à Sochaux, Ancelotti devait se passer de Ménez, Thiago Motta ou encore de Lavezzi et Chantôme. Et alors ? Sissoko et Gameiro ont répondu présent et même des joueurs comme Rabiot et Hoarau sont capables d’offrir de bonnes minutes à Carlo Ancelotti. Un putain de problème de riche.
Le spectre de la CAN
L’hiver arrivant bien plus vite que l’on ne le pense, Élie Baup pourrait, de son côté, être rapidement confronté à un problème de pauvre : la CAN. Si le doute plane encore sur les noms des qualifiés pour la prochaine Coupe d’Afrique, les départs – dans le pire des cas – des frères Ayew, de Nicolas Nkoulou, de Charles Kaboré et de Souleymane Diawara seraient une véritable catastrophe. Le spectre de la CAN mis à part, les prestations de Barton et de Lucas Mendes face à Limassol devraient mettre un peu de baume au cœur des supporters phocéens. À son avantage en première période, où il a montré à la France du foot qu’il savait jouer au ballon, l’Anglais a fait ses preuves, tandis que le Brésilien, avec son jeu de tête et son sourire, pourrait amener de la concurrence non-négligeable au poste de Jérémy Morel. À ces « arrivées » , il suffit d’ajouter le retour de Souleymane Diawara et d’espérer un ou deux mouvements cet hiver pour arriver à un banc correct, où apparaîtraient, avec le 4-2-3-1 de Baup, Charles Kaboré, Kassim Abdallah, Lucas Mendes, Jordan Ayew, Bracigliano et Rémy ou Amalfitano. Les Parisiens, pour leur part, ne s’emmerdent pas avec ça. Si problème il y a, chèque il y aura et, on a trop tendance à l’oublier, mais Lucas Moura arrive cet hiver. En attendant, les deux équipes ont un match à jouer. À quatorze contre quatorze. On serait les Parisiens, on se méfierait. Parfois, on est mieux assis sur une chaise en bois que dans un canapé de luxe.
Par Swann Borsellino