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Mourinho-Pérez, je t’aime moi non plus
Depuis l’arrivée du Portugais au Real Madrid, José Mourinho et Florentino Pérez entretiennent des relations agitées. Entre confiance aveugle et rappel à l’ordre, ce binôme ne tient qu’à une seule devise : gagner, gagner, encore gagner.
« Je t’aime / Oh, oui je t’aime ! / Moi non plus / Oh, mon amour. » L’idylle entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin aura duré douze ans. On ne pariera pas sur une telle longévité pour le couple formé par José Mourinho et Florentino Pérez. Car après un peu plus de deux saisons placées sous le signe de la tendresse, les nuages pointent leur nez dans le ciel de Madrid. Entre ces deux-là, la relation fusionnelle a laissé place à un rapport plus professionnel, où le calcul tient une place prépondérante. Il faut dire que depuis l’arrivée du Portugais sur le banc blanc meringue à l’été 2010, l’histoire qui unit les deux amoureux a connu des hauts, des bas et encore des hauts.
José à tout prix
L’histoire débute par un coup de foudre, forcément. Tout frais vainqueur de la Ligue des champions avec l’Inter Milan, José Mourinho est ardemment désiré par Florentino Pérez, de retour aux affaires. L’amour a un prix : 16 millions d’euros l’année de vie commune. Au Real, le Portugais si spécial trouve un club lui permettant d’atteindre la postérité qu’il désire tant. De son côté, le magnat de l’immobilier voit en ce dernier l’homme capable de gérer un vestiaire truffé d’ego et accessoirement de ramener à la maison cette foutue dixième C1. Pablo Polo, spécialiste du Real Madrid à Marca, raconte. « Depuis le début, Florentino Pérez voit en José Mourinho le seul entraîneur capable de gérer les fortes personnalités de l’effectif. Auparavant, il avait toujours peur du manque d’autorité de ses techniciens. Avec lui, il a au moins gagné en tranquillité. Du temps de la première ère Galactiques, Florentino allait au restaurant avec les Beckham et compagnie, pour se rassurer. Il n’a plus besoin de le faire, maintenant » , poursuit le journaliste.
Mais ce que Florentino a gagné en tranquillité interne, il l’a perdu en quiétude médiatique. Car José a les (gros) défauts de ses (nombreuses) qualités. La série interminable des Clásico d’avril 2010 (et les défaites qui vont avec) avait déjà entaché son crédit aux yeux de Pérez. La grinta affichée ne comblant pas l’absence de « beau jeu » . La Copa del Rey dans la musette effacera pour un temps les doutes présidentiels. Quelques semaines plus tard, lors du match retour de la Supercoupe, le doigt dans l’œil de Tito Vilanova marque un début de divorce. « En public, Pérez a toujours défendu Mourinho contre vents et marées. Mais en interne, il n’a vraiment pas digéré ce geste » , poursuit Pablo Polo. Une attitude que le big boss juge, en interne, indigne de son grand Real Madrid. Dix mois et une Liga gagnée plus tard, le couple s’enlace et sauve au moins les apparences.
« Le Real, c’est plus que Mourinho »
Mais pour cette troisième année de concubinage, la donne a changé. Déjà largué en championnat, le seul objectif se trouve à Wembley, au mois de mai. Avec ses neuf coupes aux grandes oreilles dans la vitrine à trophées, Florentino Pérez ne rêve que de combler la decima, histoire de bichonner ses socios et de s’assurer une réélection l’été prochain. L’intersaison, émaillée de quelques discordances – le cas Kaká, l’arrivée plus ou moins voulue de Modrić –, n’a que peu troublé la façade angélique des rapports entraîneur-président. Les premiers tumultes apparaissent lors de la soudaine tristesse de Cristiano Ronaldo et des rapports calamiteux entretenus avec la faction espagnole du vestiaire, Sergio Ramos en tête.
Profitant d’un début de saison raté, As et Marca se font les relais des déclarations de Florentino, pour qui « Mourinho a tardé à comprendre ce qu’est le Real Madrid. Avec ses propos, Florentino Pérez a voulu montrer à Mourinho que le Real est plus important que lui, que n’importe qui, traduit Pablo Polo. De toute façon, seuls les titres comptent. À la fin de la saison, s’il n’y a pas de trophée, rien n’est moins sûr que de voir Mourinho poursuivre sur le banc madrilène. » L’amour vache dure-t-il trois ans ?
Par Robin Delorme, à Madrid