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László Kiss : « Nicollin est un genre de Parrain dans le bon sens »

Propos recueillis par Joël Le Pavous
László Kiss : « Nicollin est un genre de Parrain dans le bon sens<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Trente ans pile après la folle remontée en D1 de Montpellier, le Hongrois passé par la Paillade époque Laurent Blanc et Roger Milla revient sur ce derby budapestois où il a attiré l’œil du duo Loulou/Michel Mézy. Au programme : les fiestas forcément gargantuesques du président, l’apprentissage du français au détour des marchés héraultais, les gueulantes à la Trappatoni du sélectionneur magyar Kálmán Mészöly, son expérience comme coach d’équipes féminines et son amour incommensurable du ris de veau.

László Kiss, c’est d’abord le hat trick le plus rapide de l’histoire des Coupes du monde face au Salvador en 1982 (10-1 en poules). Tout ça en sept minutes (69e, 72e, 76e), et comme remplaçant… Et ça aurait même pu faire quatre si l’arbitre ne m’avait pas refusé un but pour hors-jeu ! (Rires) Enfin peu importe, j’ai mis le triplé derrière. On menait largement (5-1, effectivement, ndlr) et je trépignais sur la touche. Je voulais participer à la fête, même si je m’étais beaucoup blessé pendant la préparation. J’ai tanné le coach et il a cédé. On avait des super individualités dans l’équipe : Fazekas le finisseur légendaire d’Újpest, Müller le Bohême, Nyilasi le huit métronome et Tőrőcsik l’agile qui m’a suivi à Montpellier. L’égalisation des Belges à la 82e nous coûte la qualification alors qu’on allait s’extraire du groupe de la mort avec les Argentins tenants du titre et les Diables champions d’Europe. Rageant.

Ton sélectionneur de l’époque (Kálmán Mészöly, père de Géza l’ancien Havrais et Lillois, ndlr) traînait une réputation de gueulard aussi féroce que celle de son successeur, György Mezey. Info ou intox ? Il hurlait assez souvent, mais on l’entendait peu râler au Mondial vu que les stades étaient archi-pleins. On pouvait se concentrer, au moins ! (Rires) Et puis quand il se mettait en rogne, ce n’était jamais pour te faire du mal gratuitement. C’était plutôt motivant, remettant d’aplomb le vestiaire quand on était menés à la mi-temps ou qu’on avait un coup de mou. Il n’a jamais cherché à imposer sa vision du jeu. Avec lui, on avait la paix du moment que le ballon circulait et qu’on ne le refilait pas à l’adversaire. Kálmán aimait le foot libre et dynamique. J’ai eu l’immense honneur de l’avoir aussi comme entraîneur au Vasas où j’ai joué six saisons et demie. Dommage qu’il commence à perdre la mémoire avec l’âge…

Nicollin et Michel Mézy t’ont embarqué toi et András Tőrőcsik après une visite-éclair en Hongrie…Exact. Ils se sont pointés tous les deux à Budapest lors du « kettős rangadó » 1985 (journée de championnat magyar confrontant les principaux clubs budapestois, ndlr) sur les conseils de mon copain Sándor Zombori que j’ai côtoyé au Vasas, où j’étais à l’époque, et en sélection. « Sanyi » était parti à Montpellier en 1982 et leur avait recommandé « Tőrő » qui jouait contre moi sous les couleurs d’Újpest. Après la rencontre organisée au Népstadion, ils sont descendus voir le président du Vasas et lui ont dit qu’ils voulaient son neuf en plus de « Tőrő » sur lequel ils avaient flashé d’emblée. Et voilà, c’était moi.

La saison 1985-1986 en D2 se passe moyennement malgré un effectif solide (Lopez, Baills, Ferhaoui, Passi, Maroc, Mansouri, Valadier, Blanc…) plus tes 10 buts en 27 matchs. Vous manquez la montée de loin.On perd quatre des sept premières rencontres et on termine cinquièmes du groupe A malgré nos efforts pour rattraper le coup. C’était relativement décevant compte tenu des ambitions du club. L’équipe restait jeune et inexpérimentée malgré le recrutement de Christian Lopez qui amenait sa solidité défensive. Laurent (Blanc) et Franck (Passi) avaient 19 ans, Pascal (Baills) et Kader (Fehraoui) 20. « Tőrő » et moi-même devions animer l’offensive. Je sentais que Mézy comptait sur moi et c’était gratifiant, mais je ne pouvais pas jouer ailier et neuf à la fois. Heureusement que Jean-Marc (Valadier) marquait ! Mais le déclic qui a boosté l’équipe, c’est l’arrivée de Roger (Milla) et de Nenad (Stojković)

C’est le cas de le dire ! Record de buts inscrits en championnat (73) et montée en D1 au panache après un 3-1 contre l’OL. Puis le double duel décisif du 3 juin 1987 face à Niort où tu plantes au retour.(Il réfléchit longtemps) Ah oui, le penalty ! Je m’en souvenais moins que du match contre Lyon, tu vois… Laurent m’a dit une fois que je les tirais très bien, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi ! (Rires) Roger avait mis un doublé, je crois (il avait en fait ouvert le score suivi de Lemoult et Lucchesi, ndlr). On s’est littéralement réveillés, y avait une envie, beaucoup d’espoirs, mais j’ai dû rentrer précipitamment en Hongrie, car mes jumeaux nés en 1986 et ma femme ont eu des problèmes de santé. De toute manière, mon départ arrangeait le club qui voulait débaucher Júlio César de Brest, conserver Stojković et garder Milla tout en respectant les quotas d’étrangers, relativement stricts à cette époque.

En parlant d’étranger, tu as réussi à t’acclimater à la France en général et à l’Hérault en particulier ?Ces deux saisons à Montpellier ont été magnifiques. Mes proches me manquaient, mais partir, ça voulait aussi dire fuir la dureté du communisme. J’étais un peu choqué au début parce que je n’avais jamais vu autant d’immigrés, mais je me suis habitué. On marchait en bord de mer, on buvait du bon vin, on se gavait de fromages introuvables en Hongrie… Furlan (Pailladin en 1986-1987, ndlr) me poussait à améliorer mon français. Il me disait : « Parle ! Parle ! On te corrigera ! » (Rires) Quand on ne jouait pas, j’adorais aller au marché où j’ai appris le mot « tranche » . Une fois, mon père est venu me voir et on voulait cuisiner un bouillon à la moelle de bœuf bien de chez nous. La vendeuse était hallucinée, elle trouvait ça dingue qu’on ne l’achète pas pour le chien ! Et alors le ris de veau, je te raconte pas… Un délice.

Justement, le gourmet Loulou Nicollin aime autant la bonne bouffe que toi. Il t’a déjà invité à dîner ?Tous les cinq ans, il réunit les anciens du club dans son domaine viticole (le mas Saint-Gabriel à Marsillargues, ndlr) et rince tout le monde sous une immense tente. Le plafond de sa maison est rempli de maillots de clubs et de sélections diverses, je suis stupéfait quand j’y vais. Nicollin est un patron paternaliste, très famille, un genre de Parrain dans le bon sens du terme. Pas comme Don Corleone, hein ! (Rires) D’ailleurs, Fehraoui bosse pour l’une de ses entreprises en Algérie. En 2010, j’ai revu Valderrama et Canto. La dernière fois en 2015, on était 860, imagine ! « Sanyi » (Zombori), Laurent et Roger étaient là. On parle du bon vieux temps, on est reçus comme des rois… J’ai hâte d’être en 2020.

Tu as longtemps coaché un club de filles de Budapest (le FC Femina de 2000 à 2011, ndlr), puis les A féminines. Expérience différente de celles que tu as eues avec des clubs masculins ? Ma première sur les bancs date de 1993 avec Lajosmizse en championnat régional amateur. Le communisme était tombé il y a peu et l’équipe avait énormément de difficultés financières à combler. J’ai ensuite supervisé les jeunes du Vasas avant de bifurquer vers le Rákospalota EAC (dans le 15e arrondissement de Budapest, ndlr) évoluant en D2. Le Femina (tout premier club féminin de Hongrie fondé en 1970, ndlr) s’entraînait là-bas. Ils m’ont demandé si j’étais partant et j’ai accepté le challenge. La première année, on gagne le doublé coupe/championnat puis cinq titres nationaux de 2001 à 2008. En 2006-2007, on a même atteint les huitièmes de finale de Ligue des champions, mais au niveau continental, on était largement inférieurs aux Scandinaves qui raflent tout. Surtout les Norvégiennes. S’il y avait une différence fondamentale entre les filles et les mecs, ce serait quoi selon toi ?Les filles veulent vraiment apprendre, alors que les mecs rechignent pour un rien. Certes, elles sont plus sensibles, il faut être à l’écoute, discuter, c’est psychologisant à la longue, mais indispensable. Bon après, elles se foutaient parfois sur la gueule comme les bonhommes et ça ressemblait à Dallas ou à un western sur le gazon. Quand j’avais vingt nanas à gérer, je ne faisais pas forcément le malin, crois-moi.

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