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Hrádecký, le bois de chauffe
Si l'Eintracht Francfort s'est sauvé de la relégation l'an passé et effectue actuellement une bonne saison en Bundesliga, c'est en grande partie dû à son gardien finlandais. À vingt-sept ans, Lukáš Hrádecký effectue une saison de haute facture en Allemagne, à tel point qu'il pourrait bientôt être convoité par de grands clubs un peu partout en Europe. En attendant, il continue à faire ce qu'il fait de mieux, le tout sans se prendre la tête.
Leipzig, le 21 janvier dernier. Alors quatrième au classement, l’Eintracht Francfort compte bien embêter le RB Leipzig et continuer à s’accrocher pour les places européennes. Malheureusement pour le SGE, la donne va changer très vite, dès le début de la rencontre, à vrai dire : lancé en profondeur, Bernardo se retrouve seul face à Lukáš Hrádecký. A priori, un ballon facile à négocier pour le portier de l’Eintracht. Seulement, ce dernier glisse et, dans un geste de désespoir, prend la balle avec la main. Le fameux Deniz Aytekin n’hésite pas, et dégaine le rouge. À peine sorti des vestiaires, Hrádecký y retourne, après seulement 131 secondes de jeu. À dix, le suspense décide de se barrer de la rencontre, et l’Eintracht s’incline finalement 3-0.
Déjà neuf matchs sans prendre de buts
Niko Kovač aurait de quoi être énervé après le blackout de son gardien. Seulement, l’entraîneur de Francfort – tout comme les joueurs, d’ailleurs – sait tout ce qu’il doit à Lukáš Hrádecký. Si l’Eintracht est parvenu à se sauver lors des barrages face au 1. FC Nuremberg (1-1, puis 0-1), c’est grâce à l’homme au numéro 1 dans le dos et à ses multiples parades. Des parades qu’il a renouvelées cette année. Comme Kevin Trapp en son temps, Hrádecký abat beaucoup de travail, la défense de Francfort étant un peu plus solide qu’il y a deux ans, néanmoins perfectible. Mais ce fils d’un volleyeur slovaque, qui a émigré en Finlande il y a vingt-sept ans, ne se laisse pas abattre et dégaine ses plus belles manchettes, journée après journée. Résultat : déjà neuf matchs « zu Null » (équivalent germain du « clean sheet » ) pour le portier du SGE, à égalité avec Oliver Baumann (Hoffenheim) et à quatre longueurs de l’intouchable Manuel Neuer.
La terreur des onze mètres
Si Hrádecký jouit d’une grosse cote aujourd’hui, c’est également parce qu’il est un véritable « Elfmeter-Killer » , un tueur de penaltys. Depuis qu’il est arrivé en Allemagne à l’été 2015 en provenance de Brøndby, ils sont nombreux à avoir tremblé devant le Finlandais en posant la balle sur le point indiquant les onze mètres : Pierre-Emerick Aubameyang, Javier « Chicharito » Hernandez, Sandro Wagner, ou encore Romain Brégerie, pour ne citer qu’eux. Et si l’Eintracht est aujourd’hui en demi-finales de DFB-Pokal, c’est notamment parce que Hrádecký a stoppé un péno de Salif Sané dans les arrêts de jeu, en huitièmes de finale. « C’est juste que je voulais rentrer à l’heure à la maison » , confiera le gardien après le match remporté face à Hanovre.
Un non à United
L’humour, la franchise, autant de qualités qui font que Hrádecký est aimé du côté de Francfort. Alors que sa valeur marchande ne cesse de grimper, celui dont le contrat se termine en 2018 ne sait toujours pas de quoi son avenir sera fait. « Je pense qu’on va partir sur une prolongation » , déclarait le joueur de vingt-sept ans il y a quelques semaines en conférence de presse. « Mais ça peut vite changer. Si un bon club se pointe, je dois réfléchir, c’est comme ça dans le football. Pour l’instant, il n’y a rien eu. Et puis, je n’ai pas le droit de discuter avec un autre club. » D’autres joueurs se seraient fait taper sur les doigts s’ils avaient tenu ce genre de propos devant une assemblée. Pas Hrádecký. Un joueur de caractère, qui sait à peu près ce qu’il veut. En 2010, il avait fait un essai du côté de Manchester United, mais avait finalement refusé de s’y engager, parce qu’il ne voulait pas être troisième ou quatrième gardien. Si, dans un futur proche, il continue à sortir de gros matchs, Lukáš Hrádecký finira par attiser les convoitises d’un top club, et ce, même s’il encaisse beaucoup de buts. Tant qu’il n’utilise pas ses mains en dehors de la surface…
Par Ali Farhat