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  • Écosse – Lowland League – Selkirk FC

Gary O’Connor, suivez la ligne blanche

Par Régis Delanoë
5 minutes
Gary O’Connor, suivez la ligne blanche

C'est l'histoire d'un prodige du football écossais qui a connu le succès et la gloire trop vite. L'histoire d'un jeune joueur incapable de gérer la situation, claquant sa fortune dans la dope et les grosses voitures, perdant tout son talent et son crédit en cours de route. Cette histoire, c'est celle de Garry O'Connor, ex-international de 31 ans aujourd'hui en D5 écossaise. L'histoire d'un bon gros gâchis.

Garry O’Connor, 31 ans, vit aujourd’hui avec sa femme et ses enfants dans un HLM à 83 euros la semaine de location. Le week-end, il joue pour le club de Selkirk, une ville de 6000 habitants des Marches écossaises, non loin de la frontière avec l’Angleterre. Enfin, en ce moment, il ne joue pas. Il est blessé, et en son absence, son équipe a perdu 1-9 à domicile le samedi d’avant-Noël dans un match comptant pour la Lowland League, la D5 locale. Pour être clair, la vie de Garry O’Connor n’est pas très gaie. Il l’a assuré pourtant, lors d’une interview accordée il y a quelques semaines au Daily Record : cette vie lui convient. « Maintenant, disait-il, j’essaie d’aider mes coéquipiers et je ne me suis jamais autant occupé de ma famille qu’aujourd’hui. » Garry O’Connor est peut-être fauché, moqué parfois, mais enfin apaisé, après une prometteuse carrière qui est complètement partie en vrille.

Un salaire à 20 000 euros la semaine

L’histoire de Garry O’Connor débute dans sa ville natale d’Edimbourg. Famille modeste, quartier délabré, ambiance Trainspotting. Il s’avère qu’il est doué balle au pied, et Hibernian, l’un des deux clubs de la ville, repère le garçon et l’embauche. Alex McLeish le lance en premier chez les pros en 2001, choix confirmé par Franck Sauzée, son successeur, pour la seule expérience d’entraîneur de l’actuel consultant télé. Très vite, O’Connor devient la star montante d’une équipe jeune et enthousiasmante. Son entente avec l’autre attaquant formé au club Derek Riordan, génération 1983 lui aussi, fait merveille (au passage, Riordan a lui aussi bien flingué sa prometteuse carrière depuis…). Lors de la saison 2004-2005, Riordan score 20 fois, O’Connor 14 fois, et Hibernian termine sur le podium derrière les intouchables Rangers et Celtic. Le talent d’O’Connor finit par attirer la convoitise de clubs étrangers, et en mars 2006, il est transféré au Lokomotiv Moscou. Une offre impossible à refuser : plus de 2 millions d’euros pour la transaction et 20 000 euros de salaire par semaine pour le joueur. Le jeune attaquant de 22 ans part à Moscou, sûr de sa réussite.

À Moscou, Sky TV H24

Et de fait, les débuts en Russie sont plutôt encourageants. O’Connor marque quelques buts, dont certains importants, avec un nouveau partenaire d’attaque, un certain Dmitri Sychev. Les problèmes commencent néanmoins. D’abord, il fâche l’Écosse en manquant une convocation internationale à l’occasion d’un match qualificatif pour l’Euro face à l’Ukraine en octobre 2006. Puis il se brouille en Russie, la faute à son accent écossais que les traducteurs du club peinent à comprendre. Conséquences : quelques malentendus et paroles maladroites qu’il n’a en fait pas vraiment prononcées. Pas de bol, mais O’Connor ne fait rien non plus pour s’intégrer, passant ses journées enfermé dans son appartement avec Sky TV, sans jamais faire l’effort d’essayer d’apprendre quelques mots de russe.

Il décide donc de partir un peu plus d’un an seulement après son arrivée, direction le club de Bimingham City, alors entraîné par Alex McLeish, celui-là même qui l’a lancé chez les pros et qui connaît son potentiel. Mais le joueur arrive hors de forme et se blesse trop souvent. Lors de la saison 2008-2009, il réussit à retrouver un niveau de jeu honnête en D2 anglaise, mais sa situation empire ensuite. O’Connor est de moins en moins présent sur les feuilles de match. Il devient un boulet, d’abord prêté à Barnsley, puis transféré définitivement en janvier 2011, avant de rompre son contrat seulement quatre mois après.

Pathétique délit de fuite

En septembre 2011, c’est la consternation. Un documentaire TV révèle que le club de Birmingham a dissimulé deux ans plus tôt une suspension de deux mois du joueur suite à un contrôle positif. Deux mois pour soigner une prétendue blessure, alors qu’en fait O’Connor avait été interdit de jouer par la fédé anglaise pour cause de consommation de cocaïne. C’est aussi à ce moment-là qu’il cesse d’être appelé en sélection. L’international écossais est tombé bien bas, il va pourtant prendre une pelle et continuer de creuser encore plus bas. Si Hibernian réussit à le relancer le temps d’une saison (12 buts en 2011-2012), la rupture avec son club de cœur intervient le 1er juin 2012.

Une foutue journée, au cours de laquelle il apprend que son contrat ne sera pas renouvelé et qu’il a été déclaré coupable de possession de drogue et de violence sur agent de police. Une histoire assez pathétique en vérité : O’Connor s’était fait arrêter dans sa Land Rover totalement défoncé, avec de la cocaïne sur lui et un billet de 20 livres roulé en paille. Au moment où on lui demande son identité, il brode un « Johnstone » , qu’il épelle d’un J, d’un O, puis d’un… S. Le joueur est cuit, dans tous les sens du terme, il assène un coup de pied au flic et tente de s’enfuir. Échappant de peu à la prison ferme, il écope de travaux d’intérêts généraux… qu’il manque bien souvent.

Fauché mais heureux

Il tente une énième relance en Russie, du côté de l’obscur club de Tom Tomsk, en lointaine Sibérie. Un échec total et un retour en Écosse, où il est récupéré par Greenock Morton, une formation de D2 qui le vire, car O’Connor n’en branle plus une. Le joueur est ruiné. Il a bradé sa maison acheté 1,6 million d’euros quelques années auparavant et vendu ses Ferrari, quand il ne les a pas dégommées dans des accidents. À l’occasion de l’un d’eux, il est accusé de fraude à l’assurance. Criblé de dettes, la vénérable Bank of Scotland le poursuit.

En août dernier, les dirigeants de Selkirk l’enrôlent. À ce niveau, c’est presque du social. O’Connor vit donc aujourd’hui dans un HLM, mais a priori, ça lui va d’avoir lâché cette carrière pro qui ne ressemblait plus à rien. « J’ai toujours trouvé du monde pour m’offrir de la coke, c’était tellement facile » , témoignait-il en octobre au Daily Record, assurant qu’il ne s’était jamais drogué avant un match, seulement après et pendant le temps de ses blessures. « Aujourd’hui, je n’ai plus de grande maison, je ne suis plus sous le feu des projecteurs, mais je ne peux pas être plus heureux. » Reste à espérer qu’il dise vrai…

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Par Régis Delanoë

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