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Emilie Gassin, l’Australienne qui a joué pour le PSG

Propos recueillis par Giuliano Depasquale
9 minutes
Emilie Gassin, l’Australienne qui a joué pour le PSG

À seulement 28 ans, Emilie Gassin a déjà une vie bien remplie, faite de voyages et de réussite. Née en Australie, la chanteuse a longtemps eu le football comme passion et a même joué pour le PSG de 2004 à 2006. Rencontre avec une Australienne qui a quitté la terre des kangourous pour s’installer dans la ville lumière.

Aujourd’hui tu es chanteuse, mais tu as aussi un passé de footballeuse. Raconte-nous tout.Je suis Australienne, mais j’ai vécu en Angleterre quand j’avais 10 ans, pendant un an et demi. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir une passion pour le foot. J’ai donc commencé là-bas dans une équipe de garçons, car il n’y avait pas d’équipe de filles à cette époque-là. C’était l’équipe de l’école dans laquelle j’étais, à côté de Manchester. Et puis on est retourné en Australie. Là, j’ai joué avec mon tout premier club de filles, à Melbourne. On s’appelait les Redbacks, une espèce d’araignée en Australie. Il faut croire que c’était pour faire peur à l’adversaire (rires). J’y ai joué pendant 4 ans environ. Et puis j’ai rejoint après l’équipe de mon État. En Australie, il y a des États, comme aux États-Unis. Donc je jouais pour le mien, celui de Victoria, contre tous les autres pendant des tournois. À partir de ce moment-là, des personnes étaient choisies pour faire partie du programme de formation pour l’équipe nationale. Mais moi, je suis partie avant la fin.

Comment ton expérience française au PSG démarre alors ? Je suis arrivée à 16 ans à Paris avec mes parents, car mon père a été muté pour son travail. Là, on n’était pas loin du Camp des Loges, le centre d’entraînement du Paris Saint-Germain. Je cherchais une équipe, donc je suis allée toquer à la porte. Je suis allée passer des tests et ils m’ont mis avec les filles de mon âge, j’avais 16 ans à ce moment-là (en 2004, ndlr). Mais ils cherchaient des joueuses pour l’équipe première aussi, donc je jouais avec les deux groupes. Ensuite, j’ai seulement joué avec les grandes en première division. C’était top, une expérience incroyable.

Tu voyais plutôt le foot comme un amusement ou tu avais quelques ambitions quand même ?Non, c’est peut-être à partir de mes 14 ans que j’ai commencé à me dire que je pouvais devenir professionnelle. J’adorais vraiment ça et puis je jouais sérieusement, donc c’était une vraie option. Mais, en même temps, j’aimais d’autres choses comme les arts plastiques, chanter, jouer d’un instrument ou écrire des chansons. À un moment, il a bien fallu que je tranche et, du coup, j’ai pris la musique et pas le foot (rires).

Pourquoi ce choix ?Je pense que je voulais changer de vie, car ça faisait longtemps que je jouais sérieusement. C’est un rythme de vie bien particulier. En plus, quand on est jeune, on a envie de s’amuser, de sortir avec ses amis. J’avais envie de tout ça et ça m’a aidé à prendre ma décision.

Au PSG, je jouais devant, mais je ne marquais pas souvent, il faut avouer. Les équipes en face étaient vraiment très fortes. Et nous, à cette époque, on n’était pas une super équipe

Comment se passe la vie d’une fille dans une équipe de garçons ?Ça faisait bizarre à tout le monde. Je me souviens même que l’entraîneur ne comprenait pas vraiment. Ce sont mes parents qui ont dû venir pour lui demander que je fasse partie de l’équipe. Finalement, il a accepté. J’espère en tout cas que ça a inspiré d’autres filles à jouer. Mais, ce qui est drôle quand tu es la seule fille, c’est que tu as aussi quelque chose à prouver. J’étais presque plus agressive que les garçons. À part le premier jour, ils n’avaient rien à dire, parce que je jouais comme eux et j’avais la même envie. C’était aussi marrant quand on jouait contre une autre équipe, c’était toujours la même réaction : « Oh, il y a une fille, regardez ! » C’était drôle.

Tu jouais à quel poste ?Quand j’ai commencé, j’étais attaquante. Je faisais beaucoup d’athlétisme en même temps, donc je savais courir vite. Après, quand je suis revenue en Australie, je suis passée au milieu de terrain. Ensuite, en grandissant, j’ai préféré de plus en plus jouer milieu gauche. Je ne sais pas pourquoi le côté gauche, mais c’est un peu comme attaquant, ça te laisse beaucoup de place devant pour courir et puis pour faire des centres de malades (rires).

Tu étais attaquante ou milieu durant ta période PSG ?J’étais devant, mais je ne marquais pas souvent, j’avoue. Les équipes en face étaient vraiment très fortes. Mais je n’étais pas la buteuse du groupe, j’aimais créer les occasions pour mes équipières. J’avais un passé de milieu de terrain, donc peut-être que ça a joué.

Aujourd’hui l’équipe féminine du PSG est vice-championne de France et d’Europe. Qu’en était-il quand tu y jouais ?Je ne sais plus exactement, mais on n’était pas une super équipe. Depuis, ça a beaucoup changé, beaucoup d’argent a été investi dans le club. Ça n’a plus rien à voir aujourd’hui, mais c’est normal, c’était il y a dix ans quand même. Puis, je pense qu’on prend seulement conscience maintenant que les femmes jouent au foot. Donc, il faut y investir du temps et de l’argent aussi.

Jouer un match, c’est comme être sur scène pendant un concert. Ce sont les mêmes sensations, sauf que pendant le concert je suis seule.

Que ressens-tu aujourd’hui quand tu penses à cette brève carrière de footballeuse ?C’est vrai que ça me fait toujours bizarre de me dire que j’ai joué au foot. Ça me semble être une vie à part, aujourd’hui. Mais ce ne sont que de bons souvenirs. Ce qui est super dans ce sport, c’est que tu es dans une équipe. Et j’y ai fait de très belles rencontres avec des personnes qui sont aujourd’hui mes amies. C’était vraiment quelque chose de partir en tournoi ensemble, gagner, marquer des buts importants, tout ça. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas. Jouer un match, c’est comme être sur scène pendant un concert. Ce sont les mêmes sensations, sauf que pendant le concert je suis seule.

Tu as gardé contact avec certaines de tes équipières ?En Australie, il y en a bien encore trois ou quatre avec qui je garde contact, dont une qui est la gardienne de l’équipe nationale. En France, il y a Bérangère (Sapowicz, ndlr) qui était gardienne au PSG et aussi en équipe de France. Ça fait toujours plaisir de voir ses amies à la télé.

Ça se passait comment au niveau de la langue française ?C’était très difficile. Mis à part une Américaine et moi, les plus jeunes de l’équipe d’ailleurs, toutes les autres filles étaient françaises. C’était le tout début, mais, malgré tout, je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai appris assez rapidement. J’étais directement immergée dans le français. Bien sûr, les termes que j’ai appris le plus rapidement étaient en rapport avec le foot. Ce n’était pas évident au début, mais ensuite ça allait.

Quel mot disais-tu le plus au début ? « Désolée » (rires). Ou alors : « Ça a été ? » J’ai aussi appris ça rapidement, parce que tout le monde me posait cette question. Elles me demandaient toutes « ça a été ? » et moi je répondais sans savoir trop quoi dire « heu, oui oui » . « Salut » aussi, évidemment. Ou les prénoms, c’était déjà pas mal à prononcer.

Après deux années au PSG, de 2004 à 2006, tu retournes donc en Australie et tu reviens en France encore deux ans plus tard. Pourquoi ?J’avais terminé mes études d’arts plastiques et j’avais envie de repartir, de vivre une expérience seule, sans mes parents, mais en sachant que ma sœur était là, car elle était restée quand j’étais repartie en Australie. C’était aussi pour venir jouer, de la musique, ici à Paris. Je me suis dit que j’allais prendre ma guitare et revenir en tant que jeune adulte. C’était différent de la première fois, car j’habitais alors dans le centre de Paris. J’ai rencontré un tas de personnes et j’ai joué dans plein de bars. C’était le début de l’excitation autour de ma musique et ça m’a donné envie de rester. Et je suis toujours là (rires).

Après beaucoup de concerts autour de Paris, dans des bars et restos, j’ai fait mon premier gros concert à l’Olympia, en première partie de Youssou N’Dour.

Comment as-tu débuté dans la chanson ?J’ai toujours écrit. D’abord dans un petit carnet, dans lequel j’inscrivais tout. Puis, je joue de la guitare depuis que j’ai 14 ans. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé les chansons, car j’avais un moyen d’accompagner mes textes. J’ai continué à faire ça même quand je suis revenue en Australie à 18 ans, vu que j’étais dans une atmosphère créative avec mes études d’arts plastiques. C’était chouette, mais j’avais aussi envie de tester tout ça en France.

Tu te souviens de ta première représentation en public ?En dehors de ma famille, devant qui je jouais depuis longtemps, c’était à Melbourne, quand j’avais 18 ans. C’était un petit bar dans le quartier de Brunswick, pas loin du centre-ville. Il y avait plein d’artistes et j’avais un trac énorme. Mais au final ça s’est super bien passé. J’avais fait des CD’s moi-même et j’en avais vendus pas mal ce jour-là. Ça m’avait pas mal motivé pour continuer. C’était vraiment un super concert. Je pense vraiment que ça aurait pu être pire. C’était peut-être inconscient, mais je pense que c’est là que j’ai compris que c’est ce que je voulais vraiment faire.

Après ce concert, c’était parti ?Oui, après j’en faisais pratiquement toutes les semaines. Quand j’étais encore en Australie, j’avais un endroit où je faisais régulièrement des concerts, pas loin de chez moi. C’était devenu un genre de résidence. C’était chouette, parce que c’était devenu le rendez-vous de tous les dimanches. Au début, je n’avais pas vraiment d’attente, ni d’envie en particulier. C’était surtout pour vivre et voyager un peu. Travailler aussi et améliorer mon français. Et finalement, il y a une mécanique qui s’est rapidement mise en route autour de mes chansons et ça m’a permis de rencontrer des personnes qui étaient aussi dans la musique. Ça a vraiment décollé à partir de là.

Depuis, tu as sorti ton premier album, Curiosity.
Après beaucoup de concerts autour de Paris, dans des bars et restos, j’ai fait mon premier gros concert à l’Olympia, en première partie de Youssou N’Dour. À partir de ce moment-là, j’ai pu faire assez de premières parties et sortir mon premier album, qui a un an.

Maintenant que tu es lancée, on peut s’attendre à un deuxième album ?Je travaille dessus, mais ici j’ai fait des chansons pour un film qui sort au mois de mai. Ça s’appelle « Un homme à la hauteur » et c’est avec Jean Dujardin et Virginie Efira. Le teaser est sorti et il y a une de mes compositions dessus, « Break you as I go » . J’ai deux chansons originales et j’en ai réarrangé une pour un artiste, qui est encore une surprise pour l’instant.

Un jour, on aura droit à une chanson sur le foot ?Ah, peut-être. Pourquoi pas ? Rien n’est impossible (rires).

Dans cet article :
Lyon, au carrefour de ses ambitions
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Propos recueillis par Giuliano Depasquale

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