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Dembélé, la marche à l’ombre
Longtemps, Moussa Dembélé a alterné entre le très haut et le très bas. Le voilà revenu à la hauteur de ses promesses, enfin sur pied malgré une nouvelle blessure qui arrivera sûrement prochainement, et de retour en sélection après un Euro pourri par une cheville flinguée. À l'heure aussi où Roberto Martínez a lancé une guerre personnelle contre Nainggolan. Parfait, donc.
Cette fois encore, les projecteurs étaient braqués ailleurs. Cette fois encore, il n’y en avait que pour lui. Pour cet homme que l’on n’avait plus vu sur un terrain depuis près d’un mois et demi, qui revenait d’une sale blessure à la cheville et qui attire naturellement tous les regards lors d’une telle occasion. Un North London derby est toujours différent, l’histoire veut ça et les supporters veulent le voir comme ça. Depuis le premier jour. Alors pourquoi cela changerait après plus d’un siècle de haine ? C’est un jour pour les héros, et Harry Kane en est devenu un en partie grâce à ça. Dimanche n’a rien changé car, pour la quatrième fois de suite en Premier League, Kane a éteint les espoirs des Gunners. Sur penalty cette fois pour un nouveau nul logique entre Arsenal et Tottenham. Pourtant, l’attaquant international anglais des Spurs n’a pas forcément brillé, car il faut lui laisser le temps de se remettre complètement de ses plus de quarante jours de silence. La bascule qui a permis à Tottenham de revenir dans la rencontre après un excellent début de rencontre dans un système tactique bousculé par les circonstances par Mauricio Pochettino est venu d’ailleurs, comme souvent. Elle est belge, a vingt-neuf ans et n’a jamais été la plus médiatique. Elle est pourtant indispensable, comme pour gratter un penalty après la pause, et tout le monde a conscience de son manque de reconnaissance, une nouvelle fois. Il n’y a qu’à gratter pour comprendre pourquoi Pochettino parle de lui comme un « génie » , pourquoi ses partenaires n’hésitent jamais à le désigner comme le « meilleur joueur » des Spurs. Car c’est ce qu’est Moussa Dembélé : un homme différent, définitivement.
Putain de refrain
Cette saison encore est classique dans la carrière du génial milieu belge. Pourquoi ? Car, une nouvelle fois, Dembélé a plongé lorsqu’il semblait proche de s’épanouir. Prenons son Euro 2016 : au départ sur le banc lors de la défaite initiale des Diables rouges contre l’Italie (0-2), le poumon des Spurs avait gagné son poste de titulaire à la place de Radja Nainggolan pour la seconde sortie victorieuse contre l’Irlande (3-0) où il s’est logiquement blessé comme à son habitude. Résultat, son championnat d’Europe s’est bouclé plus rapidement que prévu à cause d’une cheville touchée. La suite ? Une reprise en douceur, mâchée par une suspension après avoir planté ses doigts dans les yeux de Diego Costa lors de la perte du titre face à Chelsea en mai dernier, et de nouveaux pépins physiques. Putain de refrain. L’histoire dure depuis toujours et d’autant plus depuis qu’il a débarqué à Tottenham en août 2012 après la confirmation à Fulham de ses compilations YouTube. C’est simple : en quatre saisons, Moussa Dembélé a cumulé dix-sept blessures et n’a jamais pu boucler un exercice complet. Reste que quand il est là, les Spurs respirent, car le Belge jongle avec le sablier, dessine ses propres angles et ouvre ses propres espaces. Et pour Tottenham, qui avait besoin de se rassurer dimanche à l’Emirates Stadium après sa défaite en C1 à Wembley face au Bayer Leverkusen (0-1), c’était même indispensable.
« La huitième merveille du monde »
Voilà que se pose aujourd’hui la question de son utilisation en sélection pour un homme qui est probablement l’un des meilleurs au monde à son poste, lorsqu’il est sur pied, dans un rôle de box to box. Wilmots est parti après l’Euro, Roberto Martínez est arrivé et cherche encore le bon système tactique pour faire évoluer sa Belgique après être reparti en 4-2-3-1. Jusqu’ici, seul Axel Witsel semble intouchable au milieu alors que Nainggolan n’a pas été convoqué par Martínez. Selon le sélectionneur espagnol, le joueur de la Roma a « besoin de revenir à 100%. Je veux lui donner du temps pour revenir à son niveau et on verra sa situation en mars. » C’est pour la version officielle, car, pour beaucoup, cette non-sélection trouve plutôt son explication dans le match amical disputé il y a un mois avec son club, alors qu’il avait déclaré forfait pour les deux matchs avec la Belgique contre la Bosnie et Gibraltar. Restent en balance avec Dembélé, Steven Defour, en lumière depuis son arrivée à Burnley, et Marouane Fellaini, dont la titularisation dépendra des choix tactiques de Roberto Martínez. Lors du dernier rassemblement, le milieu de Tottenham n’était pas là pour cause de blessure et il devrait naturellement retrouver une place de titulaire. C’est le moment où il doit s’imposer pour de bon, histoire de ne pas entendre encore le classique « Ah si Dembélé avait été » . Ce serait trop dur pour un homme dont on a parlé un jour comme de la « huitième merveille du monde » .
Par Maxime Brigand