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Carlos Tevez sort du bunker
Héros devenu paria, Carlos Tevez profite du printemps pour se refaire une santé du côté de Manchester City. Dans une condition physique enfin décente, l’Apache a troqué les clubs et les petites balles blanches pour retrouver les greens anglais. Et à City, personne ne s’en plaindra.
Il est 14h20, heure locale, quand Carlos Tevez, opportuniste et puriste, score et swing sur le green de Carrow Road. Le sourire aux lèvres d’un visage aussi effrayant qu’attachant, l’Apache marque, d’un audacieux triplé, le 14 avril comme le jour de ses retrouvailles avec son club de Manchester City et ses supporters. Dans la tourmente depuis un soir de septembre et une rencontre face au Bayern Munich, l’attaquant de 28 ans sait qu’il a des choses à se faire pardonner. D’ailleurs, depuis son retour d’Argentine, lui, le bouillant Sud-Américain, se la joue profil bas. Ressourcé par son retour à la case maison et par ses innombrables allées et venues sur les greens verdoyants de Mar del Plata, Tevez a donné à ses détracteurs la meilleure réponse qui soit : celle du terrain. Auteur de quatre buts et deux passes décisives depuis son retour, l’attaquant des Citizens donne également quelques regrets à Roberto Mancini. Relégués à cinq points du rival Manchester United à quatre journées de la fin, les Skyblues ont tout intérêt à profiter du retour en forme de l’Argentin. En effet, bien revenu, Tevez pourrait vite repartir.
Le duo argentin
« Regarder ça, c’est juste du pur plaisir. Jouer derrière eux et les voir jouer ensemble, c’est totalement fou » . On pourra dire ce que l’on veut sur la conception du football de Nigel De Jong, le Batave est logiquement dithyrambique lorsqu’il évoque, dans les colonnes du Sun, la relation privilégiée entre Carlos Tevez et le Kun Agüero. En représentation sur la pelouse de Norwich City ce week-end, les deux Argentins ont fait plier à eux seuls l’une des bonnes surprises de la saison en Premier League. Au four et au moulin, au but et à la passe, Agüero et Tevez s’entendent si bien qu’il est difficile pour les supporters et les observateurs de ne pas se demander ce qu’aurait pu être la saison de Manchester City sans le Tevezgate. Absent pendant six longs mois, l’Apache a mis 78 minutes et quatre brèves apparitions à retrouver la forme, avant de mettre à profit ses deux titularisations, contre West Bromwich Albion, et donc Norwich City.
« Trash your Tevez shirt »
Quatre pions lors de ces deux matchs ont donc suffi à ce que l’Apache, héros devenu paria, fasse un petit retour dans le cœur de fans qui n’avaient pas hésité à tirer à boulets rouges sur celui qui, au début de l’hiver 2010, était devenu l’ennemi public numéro un de la ville de Manchester. Qui aujourd’hui a oublié l’opération « trash your Tevez shirt » , lors de laquelle une benne bicolore, mi-United, mi-City, traversait la ville et invitait les supporters déçus à jeter leur maillot de l’Argentin ? Personne. Alors le retour de Tevez se fait tout doucement et en toute discrétion. D’ailleurs, au moment de s’attarder sur son retour pour la chaîne télévisée de Manchester City, l’Argentin ne fait pas vraiment le fier : « Revenir à l’entraînement n’était pas facile. Je suis heureux de ma performance et je voudrais remercier mes coéquipiers pour tout le soutien qu’ils m’ont apporté depuis mon retour. J’ai reçu beaucoup d’aide. Le staff a été excellent avec moi, j’ai apprécié son aide » .
Le staff, c’est aussi Roberto Mancini. Un coach avec lequel il a entretenu des relations houleuses, mais qui semble aujourd’hui prêt à enterrer la hache de guerre. « Ce qu’il s’est passé appartient au passé. Il n’y a plus aucun problème, que ce soit à l’entraînement ou dans les vestiaires. Aujourd’hui, il a été fantastique » . confiait d’ailleurs le coach italien au Sun, après la victoire 6 à 1 de ce week-end. Il se murmure même que l’ancien joueur de la Lazio voudrait conserver son attaquant pour la saison prochaine. Mais Carlos Tevez est plutôt du genre à vivre au jour le jour. S’il part demain, beaucoup seront là pour lui cracher dessus et le traiter de « mercenaire » . Mais comme toujours, d’autres l’accueilleront à bras ouverts et se délecteront de ses buts. Et au pire, il lui restera toujours ce swing.
Par Swann Borsellino