- Culture foot
- Littérature
Goncourt 2025 : quand Laurent Mauvignier racontait le Heysel et le coup de boule de Zidane
So Foot l’avait (presque) vu venir.
Dix-neuf ans après avoir été interviewé dans les pages du magazine So Foot, Laurent Mauvignier a enfin décroché ce mardi le très prestigieux prix Goncourt pour La Maison vide. À l’époque, le Tourangeau publiait Dans la foule, son roman sur le drame du Heysel, bagarre monstrueuse entre supporters ayant entraîné un mouvement de foule coûtant la vie à 39 personnes à Bruxelles.

« Je revois ma mère se redresser au moment où nous avons compris qu’il se passait quelque chose, racontait-il à propos de la tragédie du 29 mai 1985. Je me souviens que c’est sa stupéfaction à elle qui m’étonne d’abord, puis ensuite le son très fort, strident, qu’elle a monté. Mais je ne me souviens pas du match, qu’il ait été joué. C’est parcellaire, mais je me souviens d’être resté inerte devant le poste, les larmes aux yeux, l’impression d’être en face de quelque chose qui me dépassait. Une sidération, oui, mais aussi une évidence, le sentiment que quelque chose de l’horreur du XXe siècle nous rattrapait là, que ce n’en était pas fini avec les monstruosités. Une sorte d’archaïsme qui surgissait en pleine lumière face à une nouvelle Europe, civilisée, en construction, ultramoderne, si certaine d’avoir tourné le dos à ses démons. »
Coups de folie et coup de boule
L’occasion pour lui de livrer une analyse édifiante de ce sport, à travers un prisme sociétal. « Le football, c’est plus que du sport : une façon “saine” de se faire la guerre, de transformer positivement son besoin de domination, disséquait Mauvignier en septembre 2006. Le Heysel a tout à coup enlevé le filtre symbolique, la mort et la guerre ne se sont pas jouées dans une fiction acceptée par tous, mais dans les gradins, de manière brutale. »
Une brutalité qu’il n’associait pas de la même manière à un geste qui avait secoué le foot de l’époque : le coup de boule de Zidane, qu’il qualifie de « grand art ». Au sens où l’entend Marcel Duchamp, soit « celle qui, avec un minimum de moyens, est capable de produire un maximum de discours et de récits autour d’elle ».
Une résonance plutôt actuelle.
Comment la connexion Güler-Mbappé est devenue l’arme fatale du RealCM























