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Bleus : ces problèmes d’Autriche

Par Maxime Brigand et Mathieu Rollinger, à Vienne
Bleus : ces problèmes d’Autriche

Bousculée pendant 45 minutes par une Autriche qui a d’abord su bavarder à plusieurs reprises derrière sa première ligne de pression, l’équipe de France a réussi à retourner le rapport de force en seconde période et a fini par marcher sur Vienne sans toutefois réussir à ne gratter plus qu’un point. Au bout de ce dernier voyage de la semaine, que retenir ? Réponse en quatre questions.

Tactiquement, que retenir de cet Autriche-France ?

Il était peu après 23h, vendredi soir, à Vienne, lorsque Didier Deschamps s’est pointé dans une pièce aussi froide qu’une cantine d’hôpital pour faire un premier bilan avant finitions de ce drôle de tableau de juin : trois matchs sans victoire, deux petits points grattés, une dernière place de groupe en Ligue des nations. Pas mécontent du scénario du soir, le sélectionneur s’est malgré tout gratté un instant la tête et a concédé : « Il y a beaucoup de changements d’un match à l’autre, ça ne va pas évidemment pas dans le sens de la cohérence… » Puis : « Malgré tout, de par ce qu’on a été capables de faire en seconde période, je suis satisfait. Après la pause, ça a été une attaque-défense. On a eu une maîtrise totale, on a fait de très bonnes choses, on a eu des occasions et on a manqué d’efficacité, ce qui est dommage par rapport à ce qu’on a su faire. Les joueurs auraient dû être récompensés par le résultat. » Vraiment ? Possible, mais il ne faut d’abord pas oublier la première période compliquée traversée par l’équipe de France qui, de nouveau déployée en 4-4-2, a été percée à plusieurs reprises derrière sa première ligne de pression – les Bleus ont souvent pressé assez haut – par l’animation pensée par Ralf Rangnick.

Après la pause, ça a été une attaque-défense. On a eu une maîtrise totale, on a fait de très bonnes choses, on a eu des occasions et on a manqué d’efficacité, ce qui est dommage par rapport à ce qu’on a su faire.

On a ainsi vu fréquemment l’Autriche profiter des espaces dans le dos du duo Benzema-Griezmann et sortir plutôt facilement le ballon en utilisant les poumons de Xaver Schlager et Nicolas Seiwald, puis la science de Konrad Laimer. Sans ballon, les Rot-Weiss-Roten, très intenses (56% de duels gagnés) et compacts durant 45 minutes, ont aussi longtemps posé des problèmes aux Bleus en créant des trappes à l’intérieur du jeu, ce que la perte de balle d’Antoine Griezmann sur l’ouverture du score de Weimann a parfaitement symbolisé, en cognant en nombre en transitions et en profitant du jeu au pied toujours aussi peu assuré d’Hugo Lloris. Au retour des vestiaires, un autre match s’est joué, où l’Autriche a reculé (75% de possession de balle pour l’équipe de France lors du deuxième acte) sans pour autant subir d’énormes situations puisque au-delà d’une énorme occasion de Coman qui a finalement manqué le cadre, seul Benjamin Pavard a trouvé le cadre avant qu’un type de 23 ans ne vienne montrer à ses potes comment appuyer sur l’interrupteur. S’il n’a pas tout réussi, Kylian Mbappé a néanmoins aidé à électriser un secteur offensif généreux, mais brouillon, à l’image de Kingsley Coman, et a montré sur deux mouvements à quel point il pourra parfaitement s’associer à l’avenir avec Christopher Nkunku. L’affaire a rendu furieux Ralf Rangnick, qui n’a notamment pas du tout digéré le fait d’encaisser un but douze secondes à peine après un coup franc joué par son clan dans le camp français.

Exemple des espaces parfois trouvés par l’Autriche dans le dos du duo Benzema-Griezmann.

Au-delà des scénarios, la seule vérité est qu’il est difficile pour Deschamps de réellement travailler à cette période sur le fond et que les onze de départ choisis depuis le début du rassemblement sont plus dictés par la forme des joueurs que par une recherche tactique quelconque. Lassé, le chef des Bleus avait même anticipé la chose dès jeudi, en conférence de presse : « La réalité de juin ne sera pas celle de septembre ou novembre. Finalement, comme je l’ai déjà dit, on juge le niveau d’une sélection sur les grands tournois. » En attendant, la caravane continue d’avancer, tant bien que mal, et on ne retiendra avant tout qu’une chose : après avoir paumé deux fois une avance d’un but, l’équipe de France, qui peine encore à tenir son fil 90 minutes, a cette fois refusé l’idée de tout perdre et a su retourner un scénario mal embarqué. C’est déjà ça de pris.


Les petits nouveaux ont-ils foutu le bordel ?

Avec ses musées à n’en plus finir et son air propret, Vienne n’est peut-être pas la destination la plus adéquate pour ce genre d’expérience, mais l’étape autrichienne a pris pour deux jeunes français des allures d’enterrement de vie de garçon. Deux gamins prêts à faire valdinguer ces foutus statuts, à bousculer les habitués Raphaël Varane, Lucas Hernández et N’Golo Kanté (tous les trois actuellement sur le flanc) et à s’affirmer dans la cour des grands. Les poils de barbe ne sont pas encore drus, pourtant Boubacar Kamara (22 ans) et Ibrahima Konaté (23 ans), à qui on peut ajouter William Saliba (21 ans), avaient à Vienne la responsabilité de tenir la baraque devant le vieux Lloris. Que ce soit en charnière ou au milieu, chacun a réussi à faire preuve de suffisamment de caractère et de sérieux pour montrer ce qu’il avait dans le ventre. Le soir de sa première, Konaté, placé sur son pied faible et souvent obligé de couvrir les espaces laissés par Theo Hernández, a été bluffant de sérénité, repoussant les assauts autrichiens avec autorité. S’il a commis quelques erreurs à la relance, c’est bien sur l’une d’elles que Kylian Mbappé a trouvé la faille. « Ça fait partie du football de prendre des risques. Si on n’en prend pas, qui va le faire à notre place ? Après, j’apprends à ne pas prendre de risques inutiles qui peuvent mettre l’équipe en danger », a débriefé après le repas le géant de la Roquette. Boubacar Kamara, lui, a honoré sa première titularisation après son entrée à Split. Le Marseillais a montré son nez par sa capacité à récupérer la balle très haut dans le camp adverse (6 ballons récupérés, 3 tacles réussis, 2 interceptions) et à se projeter par moment jusque dans la surface. Didier Deschamps a sorti les encouragements : « J’ai une équipe rajeunie par rapport à d’habitude, mais même sans expérience et sans automatisme, la qualité individuelle est là. On a finalement concédé peu de choses à l’Autriche. Bouba a été dans son registre avec le volume, la capacité à faire jouer les autres, et à récupérer les ballons. C’est plutôt positif, comme le premier match d’Ibou Konaté. C’est du solide. »

C’est peut-être finalement le plus « expérimenté » William Saliba, intéressant par ailleurs, qui a taché sa copie en laissant filer Andreas Weimann sur le but autrichien. « On était plusieurs nouveaux derrière, mais à chaque match, on essaye de mieux se connaître. On savait qu’on était jeune, qu’on devait beaucoup communiquer, a-t-il avoué, lucide. Je sais que c’est différent de l’OM, que c’est un niveau au-dessus. Ici, je ne suis pas un titulaire indiscutable et je dois trouver ma place. » Les précédents l’ont montré : le plus dur en équipe de France n’est pas d’être appelé ou d’avoir sa chance, mais bien de trouver son utilité dans le groupe. À ce titre, comme Aurélien Tchouaméni, qui a vécu une minute légendaire à quatre ballons perdus de suite juste avant l’heure de jeu, et Theo Hernández quelques mois avant eux, ces trois-là ont quelques arguments à faire valoir.


Quel tricycle pour les Bleus ?

C’est évidemment la grande affaire du moment : pour la première fois depuis huit ans qu’il est chez les Bleus, Antoine Griezmann vit une période interminable de doutes. Des doutes dans les chiffres, même si le cerveau du Mondial 2018 n’a jamais pu être uniquement résumé à des grilles de stats, et des doutes dans les faits, l’attaquant de l’Atlético ne réussissant actuellement plus à être le briquet indispensable aux circuits tricolores. Vendredi soir, après la rencontre, il a vu Karim Benzema voler à son secours dans un couloir du Ernst-Happel : « Ce qui compte, c’est simplement qu’Antoine continue à travailler. À un moment ou à un autre, il va marquer. J’espère pour lui, et pour nous, qu’il marquera dès le prochain match ou qu’il fera une passe décisive, même si, pour moi, ce n’est pas ce qu’il faut spécialement regarder dans son jeu. Il aide l’équipe, travaille énormément défensivement… Il ne lui manque que la réussite. Tous les grands joueurs ont connu ça : Zidane, Ronaldo, Cristiano Ronaldo. Tous. Cela va revenir, c’est sûr, et il faut qu’il continue à aider l’équipe comme il le fait. » Quelques minutes plus tôt, Benjamin Pavard a aussi glissé un « c’est rien, on a confiance en lui » que le groupe France répète à l’envi depuis le début du rassemblement.

Antoine aide l’équipe, il travaille énormément défensivement… Il ne lui manque que la réussite. Tous les grands joueurs ont connu ça : Zidane, Ronaldo, Cristiano Ronaldo. Tous. Cela va revenir, c’est sûr. Il faut qu’il continue à aider l’équipe comme il le fait.

En attendant qu’Antoine Griezmann, qui est loin d’avoir tout raté à Vienne, ne réussisse à remettre en ordre les pièces de son puzzle interne, Christopher Nkunku, lui, a marqué des points face au Danemark, en Croatie, et a signé une nouvelle bonne entrée à Vienne. Forcément, une idée a fait son chemin : et si le meilleur joueur de la dernière Bundesliga était associé prochainement à Karim Benzema et Kylian Mbappé ? Vendredi soir, les trois hommes, qui parlent une langue commune, ont dessiné ensemble une esquisse à la 87e, qui a débouché sur une frappe de Mbappé déviée sur la barre par l’élastique Patrick Pentz. Est-il possible de les voir associés lundi soir, face à la Croatie ? « On verra dans trois jours, a souri Deschamps après la rencontre. Je ne suis pas là pour tenter, c’est aussi une question d’équilibre. Antoine n’est pas au meilleur de sa forme, ça se ressent dans son jeu et dans son influence dans l’animation. Christopher, lui, a beaucoup beaucoup joué, il confirme tout ce qu’il a pu faire avec son club ou avec nous, tant mieux. Kylian, c’est Kylian, et Karim a de la fatigue accumulée. Il devait sortir avant la fin du match, mais comme on a dû courir après le score… Il faut voir. » Sur le papier et sur la forme du moment, il y a quand même de quoi baver.


Que faire de cette Ligue des nations ?

Les deux derniers déplacements à Split et à Vienne ont confirmé quelques éléments. D’abord, les Bleus, bien que malmenés, n’arrivent toujours pas à perdre à l’extérieur (14 matchs sans défaite, plus longue série depuis les 17 cumulés sur la période novembre 2001-septembre 2006). Ensuite, lors des voyages à l’extérieur, les ambiances de kermesse sont au rendez-vous. Que ce soit sur de la folk, du hard rock ou de la variet’ bien kitsch, Croates et Autrichiens se sont bien chauffé le gosier avant d’accueillir les champions du monde. Une ambiance bien différente de celle plus Pierre & Vacances entrevue contre le Danemark au Stade de France. L’occasion de se demander si nous, Français, on ne prendrait pas cette Ligue des nations par-dessus la jambe. La gagner, on sait déjà ce que ça fait. Ne pas la gagner ne déclencherait aucun cataclysme. Alors qu’en faire si ce n’est la considérer comme des matchs de prépa ++ au moment où tous les joueurs ont déjà la tête au premier cocktail qu’ils commanderont une fois arrivés à Ibiza. Si Karim Benzema assurait ne pas vouloir « chercher des excuses à chaque fois », il faut bien admettre ce désintérêt général. D’ailleurs, vendredi soir, Hugo Lloris a vite passé le constat des points à rattraper pour décrocher une qualif au Final Four (ou pour éviter une relégation en Ligue B) et a préféré se projeter sur le Mondial au Qatar à venir : « Même si on va essayer de rester en vie lundi face à la Croatie, en vue du Mondial, ce n’est surtout pas plus mal d’être confronté à ces difficultés en ce moment que plus tard. »

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