Y.Cabaye : « La politique, c’est le dernier de mes soucis »
Trois semaines en Corse, une en Tunisie. A 22 ans, Yohan Cabaye a passé les vacances d'un mec de 22 ans. Crête sur la tête, tête sur les épaules, il a décidé de prolonger le vice lillois une année de plus. Sur le terrain, Cabaye, c'est un mec qui aime mettre proprement les mains dans le cambouis. A part ça, l'international espoirs sait se fixer des priorités : Salade, lasagnes, interview.
Ça sonne dans la poche gauche de mon jean bon marché…
Allo. Ouaiiis. Ça va ?
…Euh, t’as du temps là un peu vite fait ? Ouais ouais c’est bon, vas-y.
Tu t’es entraîné ce matin ? On est en stage au Touquet, donc entraînement ce matin, mais repos à l’hôtel cet aprèm’.
Y a qui dans ta chambre ? Stéphane Dumont.
T’as mangé quoi ce midi ? Salade en entrée, et lasagnes après.
Ok. Bon, on parle un peu de toi. Vas-y.
En fin de saison dernière, plusieurs clubs dont Tottenham et la Lazio s’étaient renseignés sur toi. Pourquoi es-tu resté à Lille ? J’avais envie de franchir de nouveaux paliers avec le club, j’me sens bien ici. C’est ma ville, je suis chez moi, et j’ai senti que je n’étais pas prêt pour partir, surtout à l’étranger. Et puis il n’y a pas vraiment eu de discussions concrètes. Moi, en plus, il me reste beaucoup d’années de contrat (ndlr : 2013), alors…
En deux saisons, le LOSC a perdu Keita, Bodmer, Makoun et Puel. Quand rejoindras-tu Lyon ? Sincèrement je n’sais pas. Ce sont des très bons joueurs et un très bon entraîneur, ils méritaient d’aller dans un grand club. Au moment de partir, ils avaient déjà beaucoup montré et étaient prêts à jouer de suite dans un club comme ça. Moi, si je pars, faut voir si je peux rivaliser avec les autres mecs qui seront là-bas. Ok, je connais le coach, c’est déjà un point positif, mais bon… Par rapport à Lille, c’est quand même un autre monde. C’est sûr que je partirai un jour, ça viendra, mais pour l’instant j’ai envie de rester à Lille.
L’an dernier, le triangle Makoun-Mavuba-Cabaye faisait un peu penser au modèle Xavi-Iniesta-Deco, toutes proportions gardées. Tu trouves pas ? Ouais, c’est vrai, toutes proportions gardées.
Toi, t’étais Deco. J’aurais préféré Iniesta. Enfin ouais voilà, l’arrivée de Rio (Mavuba) à l’intersaison nous a fait énormément de bien. En restant devant de la défense, il nous a permis à Jean et à moi de nous projeter plus vers l’attaque.
D’ailleurs, ça t’a permis de marquer quelques buts. J’en ai mis sept !
Au final, t’en as même mis plus que Kluivert et Frau réunis. Ça veut dire que t’es un très bon buteur ou bien… ? Nan, c’est juste que j’ai eu de la réussite. Ça n’enlève rien à leur qualités de buteurs, moi j’suis pas un buteur. Kluivert, franchement, il a eu une très bonne mentalité, même s’il ne jouait pas trop. Il était tout le temps présent, super professionnel, il nous parlait beaucoup. La classe !
Et Balmont à la place de Jean II, ça t’inspire quoi ? On s’est très vite compris. Quand on est à côté d’un joueur de sa qualité, d’façon, on ne peut que bien se sentir sur le terrain.
Avec Rudi Garcia, ça se passe bien ? Il vient d’arriver. Pour l’instant, ce que je peux dire, c’est que ses méthodes ont bien marché là où il est passé, alors on a tous confiance en lui.
Cherbourg, Reims, Calais, KSV Roulers, Mouscron. Ça rime à quoi ces matchs de préparation ? Ça permet de trouver du rythme. C’est clair que ce n’étaient pas des grosses oppositions, mais bon là on joue Nice (ndlr : deux jours plus tard, Lille – Nice : 3-3. Yohan marquera du visage et se blessera au genou).
Tu préfères Martine Aubry ou Jean-Marie Aubry ? Jean-Marie Aubry ! La politique, c’est le dernier de mes soucis. Ouais, et puis quand j’étais petit, j’allais voir les matchs et voilà, y avait Jean-Marie Aubry.
Dario Silva n’a plus qu’une jambe. L’année dernière, son frère Tony Sylva a perdu un bras. Comment expliques-tu cette malédiction ? Franchement je n’sais pas. On n’sait pas ce qu’il se passe dans toutes les têtes… Mais voilà, on ne peut rien enlever aux qualités de Tony. Depuis qu’il est arrivé au club, il a fait beaucoup de belles choses. On ne peut pas tout remettre en question sous prétexte qu’il a fait une saison un peu moyenne.
D’après toi, quel joueur de l’ombre va exploser cette année ? Il est un peu exposé en ce moment mais bon, j’vais quand même dire Sessègnon. J’le vois bien réussir à Paris. C’est vraiment un joueur que j’aime bien. A Lille sinon, il y a un jeune qui est super fort. Il s’appelle Eden Hazard. Il a 17 ans, c’est un milieu offensif. Faut espérer que ça suive dans la tête, mais sur le terrain, il a des qualités extraordinaires.
En musique t’écoutes quoi ? Moi, je suis rap français.
Ouais, mais quoi ? Rohff, Sefyu…
Et tes coéquipiers ? J’ai oublié de dire Booba pour moi aussi. Les autres, ça dépend. Il y a des étrangers, alors ils écoutent leur musique. Bastos écoute par exemple de la musique brésilienne. Les jeunes, c’est rap français. Et Rio, je n’sais pas.
Il a des étoiles dans les cheveux, ça t’aide pas ? Nan, je sais qu’il aime danser la tecktonik, mais je ne sais pas s’il en écoute beaucoup.
Est-ce que ton acteur préféré est Denzel Washington ? Ouais, lui et puis aussi Al Pacino.
T’as des nouvelles des frères Robail, avec qui tu constituais le trio « Aïe-aïe-aïe » dans les catégories jeunes du Losc ? Je n’ai plus trop de nouvelles d’eux. Je sais que Mathieu le gaucher jouait à Dijon ; et Samuel le droitier, je crois qu’il a signé à Gueugnon.
Il est sympa Michel Seydoux Keita ? Ouais, ça va. On ne le voit pas trop, mais quand il double les primes, il est super gentil.
Dommages collatéraux
Date de l’entretien : 31 juillet, à 13h40. Avant, il y a eu deux textos sympas : « Je t appel apres manger.. » à 12h57 et « Non, ce midi. » à 12h59, répondant à un pas très malin « ce soir ? » émanant de mon Samsung SGH E-900.
Durée : 29 secondes sur le mobile SFR de Yohan Cabaye, environ 18 minutes sur le fixe de mon employeur estival.
Lieu : Une pièce chaude, une fenêtre scellée, un Coca Zéro.
Tics de langage : Yohan est un mec de la génération 86, celle qui commence 66% de ses phrases par « Franchement » sans que ça ne choque vraiment au premier abord.
Bruits extérieurs : Une chambre d’hôtel du Touquet, Stéphane Dumont en colocataire, le désert.
Propos recueillis par Matthieu Pécot
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