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Un homme, un stade : Artemio Franchi

Par Adrien Candau
Un homme, un stade : Artemio Franchi

Souvent, derrière le nom d’un stade, se trouve celui d’un homme. Le stade Artemio-Franchi de Florence honore l’un des dirigeants les plus influents et emblématiques de l’histoire du football italien. Un homme qui semblait même promis à la présidence de la FIFA. Avant de trouver soudainement la mort en 1983, au détour d’un virage.

C’était un homme complexe, admiré et révéré pour ses succès, à la fois entrepreneur, féru de ballon et politicien aux ambitions dévorantes. Mais avant d’être un dirigeant qui a côtoyé les sommets du football transalpin puis européen, Artemio Franchi était un Toscan pur jus.

Mi-florentin, mi-siennois

Né en 1922 à Florence de parents originaires de Sienne, deux villes qui se disputent la paternité de son héritage, Artemio Franchi a aimé sincèrement et durablement les deux cités toscanes, intimement liées à son identité et à son épanouissement familial comme professionnel. C’est à Florence que Franchi effectue de brillantes études d’économie et rencontre son épouse, avec qui il aura deux enfants. C’est également dans la capitale toscane qu’il crée, avec ses associés, la société pétrolière Angelo Bruzzi, entreprise qui le met définitivement à l’abri du besoin et lui permet de se consacrer pleinement à sa passion : le football. Un amour du ballon qui le pousse même à suivre une formation d’arbitre malgré les réticences de son épouse et à s’user les crampons pour faire la loi sur les pelouses de matchs de troisième division italienne. Florence est aussi le théâtre de la première expérience de dirigeant d’Artemio dans l’univers du football, puisqu’il devient secrétaire général de la Fiorentina de 1949 à 1951. Mais Sienne est la ville de son père, qui lui a transmis sa passion dévorante du Palio, cette course de chevaux spectaculaire opposant divers quartiers historiques de la ville. Une discipline pour laquelle Artemio a endossé la fonction symbolique de capitaine du quartier de contrada della Torre. Le Palio est d’ailleurs intimement lié à sa disparition, puisque c’est alors qu’il se rendait en voiture pour observer un jockey qu’Artemio Franchi trouve la mort, victime d’un accident de la route.

Politicien habile et ambitieux réformateur

Si Artemio Franchi est devenu une figure aussi fondamentale du football transalpin, c’est bien grâce à son habileté politique hors du commun, qui lui a permis de se construire une carrière ascensionnelle, jusqu’aux plus hautes sphères du football mondial. Président de 1959 à 1967 de la Lega Pro, l’équivalent de la D3 italienne, dont il modernise et professionnalise le fonctionnement, Franchi milite en parallèle activement à la construction de Coverciano, le Clairefontaine à l’italienne, désormais sanctuaire de l’équipe nationale. Un succès qui lui permet de prendre la tête de la délégation de l’équipe nationale de football italienne lors des Coupes du monde de 1962 et 1966. L’échec de la Nazionale lors des deux tournois fragilise la direction en place, ce qui lui permet d’être élu à la tête de la Fédération italienne de football en 1967.

Il y démontre qu’il n’est pas seulement un dirigeant qui a une maîtrise remarquable des arcanes du pouvoir du football transalpin, mais aussi un réformateur aux idées tranchées. Il décide notamment de fermer les frontières de la Serie A aux joueurs étrangers, afin que les clubs italiens fassent prioritairement évoluer des talents issus du vivier national. Un pari gagnant sur toute la ligne : la Squadra Azzurra remporte non seulement l’Euro 1968, mais atteint également la finale de la Coupe du monde 1970, notamment après avoir remporté l’un des plus grands matchs de l’histoire face à la RFA de Beckenbauer. Fort de ces succès, Franchi est élu à la présidence de l’UEFA en 1973, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort et qu’il cumulera avec celui de président de la Fédération italienne jusqu’en 1980, exception faite d’un intermède de deux ans de 1976 à 1978.

Glorieux héritage

Il tisse ainsi sans surprise des liens avec le sulfureux président de la FIFA João Havelange, qui en fait son favori pour lui succéder à la tête de l’instance suprême. Et le décrit comme « un homme de sport et un politicien de premier plan qui connaissait tous les problèmes de chaque Fédération, et vers lequel tous se tournaient pour chercher encouragements et conseils » . Mais si la réputation d’Havelange restera à jamais entachée par le scandale des pots-de-vin qu’il est soupçonné d’avoir touchés dans le cadre de la vente des droits marketing des Mondiaux de football, celle de Franchi reste encore aujourd’hui relativement intacte.

Sa démission de la Fédération italienne de football en 1980, faisant suite au scandale du Totonero, portera atteinte à une image jusqu’alors préservée, mais son patronyme restera vierge de tout lien avec l’affaire. Dans une interview au quotidien argentin La Nación en 2016, Sepp Blatter accusait également Franchi d’avoir mis en place un système de trucage des tirages au sort lorsqu’il dirigeait l’UEFA, sans que rien ne soit jamais prouvé par la justice. En définitive, insuffisant pour réellement entacher l’image d’Artemio Franchi. Dont le nom est depuis 1993 celui du stade de la Fiorentina. Deux ans auparavant, un autre club avait aussi renommé son stade pour honorer l’ex-président de l’UEFA : l’AC Siena. Comme un symbole que l’héritage d’Artemio Franchi restera à jamais inscrit dans l’ADN des deux cités et de cette Toscane qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

Comment aurait pu s’appeler le stade Artemio-Franchi

Le stade Gabriel Batistuta : 207 buts en 333 matchs officiels avec la Viola, idole absolue des tifosi, élu joueur du siècle du club. À Florence, il y a Batigol et puis il y a les autres. Le stade Nicolas-Machiavel : on ne pas se mentir, le pragmatisme et le cynisme de Nicolas l’auraient sans doute amené à supporter la Juve ou un des deux clubs de Milan. Il n’en reste pas moins l’un des plus illustres Florentins, dont acte. Le stade aux bons projos : par solidarité avec Sébastien Frey, portier de la Viola pendant six ans, qui s’est vu pourrir sa carrière internationale à cause des projecteurs un peu trop éblouissants du stade de Kiev, lors d’une sale soirée de novembre 2007. À Florence, ils savent régler correctement la luminosité, bordel. Le stade Nazionale : Si l’équipe d’Italie n’a pas de stade emblématique à l’image du Stade de France, elle a su faire de l’Artemio-Franchi une forteresse imprenable. En vingt-cinq matchs disputés dans l’enceinte, la Squadra Azzurra totalise dix-neuf victoires pour six nuls et aucune défaite. Le stade Florence Foresti, le stade Florence Welsh, le stade Florence Kelley, le stade Florence Aubenas, le stade Florence Arthaud : parce que Florence, ce n’est pas seulement une ville, c’est aussi un chouette prénom. Des recherches astrologiques très sérieuses l’ont prouvé, les Florence « débordent d’énergie… sont charismatiques et impressionnent par leur volonté de détermination » . CQFD.
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Un homme, un stade : Francis Le Blé
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