Un Bordeaux à la lyonnaise
Cinq matchs sans encaisser de but, 18 matches d’invincibilité en Ligue 1, bientôt deux ans sans perdre à domicile. Autant produit que générateur de cette confiance, cette énumération de stats en acier blindé donne une assurance à l’ensemble bordelais perceptible dès la première minute de jeu, et sur chaque prise de balle. Parfois mis en difficulté par les puissants attaquants rennais, Bordeaux n’a jamais paniqué. Lucides, létaux, les Girondins font planer la menace sur chaque coup de pied arrêté, à l’image de ces deux coups-francs longue distance de Wendel (65e) et Gourcuff (74e). Même Yoann Gouffran, perçu comme une arnaque du foot français il y a quelques mois, respire la foi en lui-même, et Mathieu Chalmé, prototype de l’arrière latéral laborieux, se met à dribbler… Cela rappelle qu’au cœur du règne lyonnais, Jérémy Berthod et Jérémy Bréchet avaient été perçus comme de futurs grands arrières latéraux, et Bryan Bergougnoux comme un milieu créateur insaisissable.
Le meilleur milieu du championnat
Raymond Domenech a sans doute regardé Bordeaux-Rennes, et a pu se rendre compte qu’un seul milieu défensif pouvait suffire à contenir l’adversaire, à condition qu’il soit bien secondé par ses partenaires. Outre l’énorme performance d’Alou Diarra, la machine à récupérer girondine s’appuie sur l’abattage de Gourcuff, la polyvalence de ses milieux excentrés (Wendel et Plasil hier), mais aussi sur la dévotion défensive de ses attaquants, toujours prêts à venir donner un coup de paluche pour colmater les rares brèches. Physiquement supérieur, incisif, Bordeaux a fini par étouffer Rennes, désorienté, à l’image de Fabien Lemoine, récupérateur hors-pair à l’accoutumée, mais dépassé dimanche soir. L’entrejeu bordelais semble toujours disposer de ce temps d’avance qui change tout, comme Lyon à ses plus belles heures.
A gauche toute
Dimanche, Bordeaux a fait la différence sur sa gauche. Un centre de Trémoulinas pour Wendel, et but (23e). Petit, très porté vers l’avant, sans négliger ses tâches défensives, le jeune arrière droit rappelle inévitablement Bixente Lizarazu. Dans une défense solide mais sans génie, il apporte la touche technique nécessaire à une équipe qui aspire à briller au niveau européen. Son entente avec le Brésilien, peut rappeler, si l’on exclut toute considération stylistique, celle d’Abidal avec Malouda. Et comme le grand Lyon, Bordeaux se passe d’un buteur d’exception (remember Elber, Carew, Nilmar, et un Fred trop turbulent). La performance de Chamakh, l’a encore illustré hier, le réalisme n’est pas son fort, le jeu en remise davantage. Quant à Cavenaghi, seul vrai goleador de l’effectif, il reste scotché sur le banc. Pas (plus ?) assez dense physiquement pour alimenter la machine à broyer bordelaise ? Le mot de la fin pour Jérôme Leroy, une nouvelle fois magnifique dimanche, et sorti sous les applaudissements de Chaban-Delmas : « Bordeaux est un bon exemple à suivre, il évoque le Lyon d’il y a quelques années, un jeu huilé, qui fait peur » . Tremble Maccabi Haïfa.
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